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27 octobre 2014 1 27 /10 /octobre /2014 17:32

La civilisation égyptienne fascine depuis l'expédition de Bonaparte en 1798. "Ce fut l'expédition de Bonaparte en Egypte qui donna son impulsion à l'étude scientifique du passé égyptien et au déchiffrement des hiéroglyphes. Avec Bonaparte commence l'égyptologie. Au point de vue politique l'expédition d'Egypte ne donna aucun résultat durable. Mais elle eut un profond retentissement scientifique. La flotte française n'amena pas que des militaires au pays du Nil, mais aussi toute une équipe de savants, chercheurs et d'artistes." (1)

. L'Egypte au 19ème siècle :

Cette expédition avait pour but principal de frapper l'Angleterre au Proche-Orient sur la route des Indes, car comme l'avait écrit Bonaparte au Directoire en août 1797, "les temps ne sont pas éloignés où nous sentirons que, pour détruire véritablement l'Angleterre, il faut nous emparer de l'Egypte. Le vaste empire ottoman, qui périt tous les jours, nous met dans l'obligation de penser de bonne heure à prendre des moyens pour conserver notre commerce du Levant". (2) En 1797, "l'Egypte est bien déchue de ses splendeurs d'antan. Au VIIème siècle, l'invasion arabe avait submergé la vieille terre des Pharaons et mis en servitude les coptes descendants des anciens égyptiens. (...) Cependant, depuis bientôt un demi-siècle, l'autorité de la Porte (autrement dit la Turquie, ndlr), tombée en quenouille, consistait simplement à voir son représentant accueilli en grande pompe au Caire et, pratiquement, les Mameluks - dix à douze mille hommes - se trouvaient les seuls maîtres du pays. Assurément, il y avait une carte à jouer en affirmant que l'on venait, non en conquérant, mais en qualité d'ami du Sultan, pour libérer la population indigène du joug des Mameluks". (3) "Comme l'a souligné André Raymond, "il n'y avait pas que de la propagande dans l'idée mise en avant par Bonaparte en 1798, qu'il n'arrivait pas en Egypte comme ennemi de l'Empire ottoman, mais d'un régime local de Mamelouks, (...) {d'un} ramassis d'esclaves achetés dans la Géorgie et le Caucase et {qui} tyrannisaient la plus belle partie du monde". La guerre franco-turque n'en fut pas moins déclarée en septembre 1798 et les armées des deux pays se rencontrèrent en Palestine, sans que le futur Napoléon pût s'emparer de Saint-Jean-D'acre. L'évacuation de la vallée du Nil par le général Menou, successeur de Kléber, mort assassiné, rétablit la paix (juin 1802)" (4)

Même si Talleyrand se réjouit au début de l'expédition "de la prise de Malte, d'Alexandrie et du Caire, la catastrophe d'Aboukir, puis, l'année suivante, l'échec de Bonaparte devant Saint-Jean-D'acre, lui démontrent l'ineptie de cette campagne égyptienne qu'il a encouragée." (2)

L'Egypte recouvre son indépendance et Méhémet-Ali et ses successeurs modernisent le pays. "L'indépendance coûte cher si l'on ne sait la gérer. L'Egypte, malgré la dynastie, ou à cause d'elle, courut à la ruine. Une grave crise financière permit aux Anglais de réaliser leur rêve. En 1882, ils occupaient le pays "pour une durée indéterminée". L'Egypte ne serait plus jamais turque." (4)

. Les savants de Bonaparte :

Bonaparte s'embarque le 19 mai 1798 avec cent cinquante-quatre civils de toutes disciplines : "Naturalistes, géologues, ingénieurs, dessinateurs, souvent très jeunes, parfois même encore étudiants, ceux qu'à leur retour on appellera "les Egyptiens", partiront pour une aventure qui allait transformer leur vie". (5)

"Pour étudier les sites de Guizeh, Memphis et Saqqara, un véritable chantier de fouilles - le premier du genre - est mis en place en février 1801, sous la direction de l'ingénieur Coutelle et de l'architecte Lepère. Il s'agit d'une étude pluridisciplinaire, conduite sous la protection d'une centaine de soldats et avec l'aide de quelque cent cinquante ouvriers égyptiens. Tandis que peintres et dessinateurs sont à l'œuvre, des chimistes analysent des échantillons de pierre. On déblaie la base de la grande pyramide et on dégage le puits. Coutelle explore l'intérieur du monument, pendu à un câble, une torche entre les dents, muni d'un thermomètre et d'une boussole. (...) Le puits n'ira pas jusqu'à la chambre souterraine, car de graves événements obligent à suspendre les travaux. Le 1er mars 1801, près de 200 bâtiments anglais, transportant douze mille hommes, approchent d'Aboukir." (6)

Mais une découverte importante rendra l'Egypte à nouveau lisible : celle de la Pierre de Rosette. "Découverte en 1799, c'est une stèle datant de 196 avant J.-C. sur laquelle le même texte est inscrit en hiéroglyphes, en démotique et en grec ancien, langue que l'on connaît. Le Suédois David Akerblad et le physicien anglais Thomas Young cherchent de premières correspondances." (7)

"Le premier savant qui s'attaqua à la pierre de Rosette dut s'avouer vaincu. C'était pourtant un des plus célèbres orientalistes français. L'orientaliste et diplomate suédois Johan David Akerblad eut plus de succès. Le premier, il atteignit un résultat vraiment positif et gagna ainsi le surnom de "premier égyptologue". Il examina tout d'abord le second texte de la pierre de Rosette et en tira successivement les noms de Ptolémée, Alexandre, Arsinoe, Bérénice et six autres. (... ) En 1802, Akerblad publia son livre sur la pierre de Rosette, qui a en grande partie préparé le déchiffrement des hiéroglyphes. Si Akerblad avait été moins modeste et surtout s'il avait joui de l'indépendance financière, il serait sans aucun doute parvenu à résoudre complètement l'énigme de la pierre de Rosette. Le médecin et naturaliste anglais Thomas Young poursuivit l'œuvre d'Akerblad ; s'aidant des résultats de son prédecesseur, il employa son extraordinaire perspicacité à interpréter certains hiéroglyphes bien particuliers, entourés d'une ligne ovale dans le texte. (... ) Young put déchiffrer deux lettres du nom "Ptolémée" et traduire trois autres hiéroglyphes. Mais à partir de ce point, il ne fit plus que tâtonner." (1)

C'est Jean-François Champollion qui réussira en 1821 à déchiffrer les hiéroglyphes de la Pierre de Rosette mais sa mort prématurée en 1832 l'empêchera de terminer la publication de sa Grammaire égyptienne et son Dictionnaire égyptien, publiés par son frère en 1836 et 1841...

(1) de l'aube des civilisations aux débuts de la Grèce antique par Carl Grimberg (P.A. Nordstedt & Söners, Stockholm, 1963).

(2) Talleyrand ou le cynisme par André Castelot (Librairie Académique Perrin, 1980).

(3) Bonaparte par André Castelot (Librairie Académique Perrin, 1967).

(4) Histoire des Turcs par Jean-Paul Roux (Librairie Arthème Fayard, 1984).

(5) Extrait de la plaquette de l'exposition "Les savants en Egypte" au Museum d'Histoire Naturelle (Paris) de mars à juillet 1998.

(6) Extrait de l'article de Robert Solé sur l'expédition d'Egypte paru dans le journal Le Monde daté du 25 juillet 1998.

(7) Extrait d'un entretien avec l'égyptologue Pascal Vernus paru dans le magazine l'Express du 13 juillet 2006.

Extrait d'un carnet ayant appartenu à Jean-François Champollion (1790-1832)

Extrait d'un carnet ayant appartenu à Jean-François Champollion (1790-1832)

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