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Faire connaître la Louisiane et les Catalognes : Lieux, histoire et événements.

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1914 - 1918 : de l'artillerie à l'armistice (I) - Les Etats-Unis dans la guerre

Le 11 novembre 1918 à l'aube, Erzberger signait dans une voiture du train militaire du maréchal Foch, stationné près de Rethondes en forêt de Compiègne, la capitulation de l'Allemagne. Le Cessez le feu prenait fin le même jour à onze heures. "Quand le 11 novembre 1918 le clairon de l'Armistice sonna le Cessez le feu un immense espoir traversa les cœurs de ceux qui, depuis quatre ans, luttaient, souffraient, mouraient dans les tranchées. Ils avaient souffert et combattu, et les morts étaient morts, parce qu'on leur avait dit qu'on combattait, souffrait et mourait pour la dernière des guerres. Et voici que le message du président Wilson, traversant l'Atlantique, faisait entrevoir une Société des Nations, où tous les membres libres et égaux entre eux prendraient l'engagement de se dresser tous contre l'agresseur coupable de troubler la paix." (1)

Un an auparavant, les Etats-Unis s'étaient engagés dans le premier conflit mondial. Dans un message lu devant le Congrès le 2 avril 1917, le président Woodrow Wilson (élu en 1912, réélu en 1916) avait rappelé les efforts de l'Amérique en faveur de la paix et fait l'historique des combats depuis 1914, en insistant sur l'attitude inadmissible de l'Allemagne qui coulait des navires civils, comme le Lusitania (le 7 mai 1915), paquebot britannique de la Compagnie Cunard coulé au large des côtes irlandaises, et le paquebot américain Housatonic coulé au large de la Sicile le 3 février 1917, et promettait au Mexique, si ce dernier intervenait dans le conflit contre les Etats-Unis de lui restituer ses territoires perdus en 1848, c'est-à-dire le Texas, l'Arkansas et le Nouveau-Mexique. "Très applaudi, sauf par quelques opposants irréductibles, le président laissa les élus méditer son message et, le 4 avril, quatre-vingt-deux sénateurs contre six votèrent la déclaration de guerre à l'Allemagne imités quarante-huit heures plus tard par trois cent soixante-treize représentants contre cinquante. Les Etats-Unis sortant de leur superbe isolement se préparaient à marcher au combat. (2)

Le président Wilson avait pourtant, dès le 4 août 1914, "réaffirmé la neutralité des Etats-Unis dans le conflit. Se référant à la déclaration de Londres de 1901, il a rappelé que les mers sont des zones neutres et que son pays, en tant que nation maritime, maintiendrait sa position et n'entrerait dans le jeu d'aucun des belligérants." (3) Deux ans plus tard, il était réélu à la Maison Blanche avec le slogan : "Il nous a évité la guerre".

Il faut savoir que, dès le début du conflit en août 1914, de jeunes Américains s'étaient engagés pour combattre sur le sol français. " - Deux aviateurs, Curtis et Norman Prince, ont offert leurs services à l'aviation française "pour rendre la politesse qu'ont faite autrefois à notre pays Rochambeau, de Grasse et La Fayette", et ils ont été acceptés. Des étudiants de Harvard et d'autres universités ont décidé de se joindre à eux. Ma candidature a été retenue, je pars. Nous serons les dix premiers aviateurs américains en France.

- C'est bien, je ne puis que te souhaiter bonne chance, Bob.

(...) Dans sa première lettre envoyée de Paris, Bob Meyer expliqua qu'il avait été affecté avec ses camarades américains à la défense aérienne de la capitale, que menaçaient périodiquement les dirigeables et les avions allemands.

(...) La guerre pourrait durer jusqu'à l'été, écrivait Bob, car au printemps (1915, ndlr) les offensives reprendront, et l'on chassera l'envahisseur que tout le monde ici appelle "boche". " (2)

Mais les premiers soldats américains, les "sammies", ne fouleront officiellement le sol français qu'à partir de l'été 1917. En France, "Le lundi 2 juillet 1917, les manchettes des journaux portent des titres éloquents : "L'avant-garde américaine a débarqué", "Les premiers Américains foulent le sol français". Le lendemain, le deuxième bataillon du 16ème d'infanterie arrive à son tour en vue du défilé organisé à l'occasion de l'Independance Day. "Le Journal" ne tarit pas d'éloge : "Jeune, vigoureux, le visage ouvert et le pas brutal, le fantassin américain frappe par son air d'énergique simplicité." C'est le ministre de la Guerre, Paul Painlevé, futur président du Conseil, qui a été chargé d'accueillir les "sammies" à la tête desquels se trouve le major général John Pershing. La moustache en bataille, le maréchal Joffre l'accompagnera désormais." (4)

Pourtant, "L'Amérique n'était pas prête à affronter la puissance militaire allemande : dépourvue de traditions militaires en dépit de la guerre du Mexique, de la guerre de Sécession et de la guerre contre l'Espagne, elle n'avait pratiquement pas d'armée permanente et ignorait la conscription (votée par le Congrès le 18 mai 1917, ndlr). Mais son esprit d'entreprise et son génie organisateur appliqués à la conduite de la guerre vont faire des prodiges. Ses immenses ressources sont mobilisées, le gouvernement est armé de pouvoirs exceptionnels, la guerre accentuant encore le transfert de puissance des Etats à l'Etat fédéral et du Congrès à l'exécutif. Des millions d'hommes sont enrégimentés, des centaines de mille envoyés en France. En un an, 19 divisions sont prêtes à entrer en ligne. Dans l'été 1918, sous le général Pershing, les troupes américaines reçoivent le baptème du feu et engagent leurs premières offensives à Saint-Mihiel et en Argonne. La guerre finit trop tôt pour qu'elles aient pu y prendre une part décisive. Mais le gouvernement des Etats-Unis, en la personne de leur président, prit une part déterminante aux négociations de paix." (6)

Le château de Blérancourt dans le département de l'Aisne, devenu en 1931, musée national de la coopération franco-américaine, témoigne des actions entreprises par les Américains durant le premier conflit mondial. Remis en 1917 à Anne Morgan, fille du banquier John Pierpont Morgan, ce château a servi de quartier général pour l'organisation de secours aux civils des régions dévastées dont elle assura la direction, d'abord aux Etats-Unis puis à Blérancourt de 1917 à 1924. Les pièces exposées dans les différentes salles du château rendent hommage aux 90 000 fantassins américains tués sur le front et aux nombreux pilotes américains "descendus" dans le ciel de France. Un ambulance Ford, modèle T, n° 270, appartenant à la 31ème section de Soissons est aussi exposée. Elle rappelle les 800 ou 900 ambulances de 1917 qui sillonnaient le front depuis les Vosges jusqu'à la mer du Nord et dont le nombre atteindra plus tard 1076. Elle nous aide à nous souvenir des 130 conducteurs qui trouvèrent la mort jusqu'à la fin de la guerre.

Dès l'entrée des Etats-Unis dans la guerre, la France, qui comptait déjà ses morts par centaines de milliers, fit auprès du gouvernement américain d'énormes demandes de trésorerie. "A la fin d'avril, une délégation présidée par Viviani s'efforça d'obtenir pour l'immédiat des Etats-Unis un prêt de 200 millions de dollars puis, à partir de juillet, de 160 millions de dollars par mois." (5)

"Car l'Amérique commençait à tirer quelques bénéfices du conflit qui ensanglantait l'Europe. La maison Morgan, chargée des achats de matériels de guerre et de denrées aux Etats-Unis pour le compte des Alliés, faisait de bonnes affaires. Ainsi, la France, qui en 1913 importait pour 900 millions de dollars de marchandises américaines, avait importé au cours de l'année qui s'achevait pour 3 milliards de dollars. La Grande-Bretagne faisait de même, et à La Nouvelle-Orléans on constatait que le volume des exportations à destination de l'Europe était en train de doubler, ce qui avait pour conséquence de faire monter les prix du coton et ceux du sucre. Le riz, jusque-là peu cultivé dans l'Etat des Bayous, faisait maintenant l'objet d'un ensemencement accéléré, les profits qu'il promettait stimulant les producteurs." (2)

En décembre 1918, le président américain s'embarquera pour l'Europe où il assistera à la conférence de la paix et présentera son projet de Société des Nations qui sera condamné en mars 1919 par trente-neuf sénateurs républicains, puis rejeté en novembre 1919 par le Sénat. Le traité de Versailles ne sera pas ratifié par le Congrès et le candidat démocrate à la Maison Blanche sera battu en novembre 1920 par le républicain Harding faisant place au retour au conservatisme.

(1) Préface de Paul-Boncour dans Vingt ans de suspense diplomatique par Geneviève Tabouis (Editions Albin Michel, 1958)

(2) Bagatelle par Maurice Denuzière (Editions Jean-Claude Lattès, 1981)

(3) Chronique de l'Amérique, ouvrage conçu et réalisé sous la direction de Jacques Legrand (Larousse)

(4) Paris en cartes postales anciennes (Palais-Bourbon - Elysée) par Georges Renoy (Bibliothèque Européenne, 1973)

(5) La fin d'un monde (1914-1929) par Philippe Bernard (Editions du Seuil, 1975)

(6) Histoire des Etats-Unis par René Rémond (P.U.F., 1959)

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Monument à la mémoire de la guerre de 1914-1918, Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales)

Monument à la mémoire de la guerre de 1914-1918, Vernet-les-Bains (Pyrénées-Orientales)

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