Journal de confinement

RESTEZ A LA MAISON - QUEDATE EN CASA

J'envoie un bonjour chaleureux à toutes les confinées et à tous les confinés. Voici le journal d'un confiné parmi des millions de blogs ou journaux intimes de confiné.e.s. Un (confiné) de plus non parmi ou avec les autres (confiné.e.s) car tout rassemblement est interdit mais un (confiné) de plus de tout coeur pour les autres (confiné.e.s). Que faites-vous depuis quatre jours ? Je suis confiné.e me répondrez-vous. Que fais-je depuis quatre jours ? Je suis confiné répondrai-je.

Confinement : Action de se tenir ou d'être tenu enfermé (mon appartement) dans un espace étroit (deux pièces, sdb, wc).

Hello, le soleil brille et Météo France nous annonce de belles journées en perspective avec des températures agréables "au-dessus des normales de saison", selon l'expression consacrée et éculée. On annonce chaque soir - et ce depuis quatre jours - avant et après les journaux télévisés, les températures qu'il a fait dans la journée, qu'il fait en soirée et qu'il fera le lendemain et nous nous disons que nous aurions pu profiter des quais de Seine ou de la plage et que demain nous aurions pu aller à la rencontre de brocanteurs ou prendre une consommation en terrasse, etc. Je me demande ce que nous allons bien pouvoir faire de ces journées ensoleillées et douces et de ces températures "au-dessus des normales de saison". A quoi sert le printemps si il est confiné ? "Cette crapule qui nous tombe sur les bras", comme dans une chanson d'Edith Piaf (*) est enfin arrivé et nous ne pouvons ni en apprécier les bienfaits, ni profiter des jours qui s'allongent - quand le soleil paresse derrière les Albères et tarde à vouloir nous souhaiter une bonne nuit - encore moins le louer. Cette crapule nous joue des tours en ces moment difficiles, nous fait de bien étranges niches, nous obligeant à nous nicher, nous cacher, nous isoler, nous confiner. Pourtant nous pouvons entendre les oiseaux gazouiller, signe que le printemps est bien là mais cette crapule ne fait que nous narguer, 

- Bonjour. Quoi de nouveau ce matin ?, me dit-on par "skype".

- Depuis le confinement, j'ai l'impression d'être en convalescence. Je n'ai pourtant été récemment ni malade, ni hospitalisé, ni opéré, ni accidenté, ni trépané...

- Quoi d'autre ?

- J'étais invité chez des gens que je ne connaissais pas pour un apéritif gourmand dans une grande maison où je n'étais jamais allé. La cuisine était immense et il y avait, accroché au mur, un écran de télé par lequel on voyait un film de souvenirs de famille. "C'est dans notre maison de Rio de Janeiro le mois dernier", me dit la fille de la maison. J'entrai alors dans le salon et vis le maire de dos bien droit dans son costume raide et bleu, cravate rouge, se tourner vers moi. Me connaissait-il comme je le connais ? Il était entouré de quelques personnes que je ne connaissais pas qui mangeaient cacahuètes et petits fours.

- Que bûtes-vous ? 

- Je ne sais pas. Le réveil me fit perdre le déroulement de cette réunion entre amis. 

- Entre amis ? Mais vous ne connaissiez personne hormis le maire !

- Et personne qui me connaissait... 

(*) Enfin le printemps (chanson de Marguerite Monnot et René Rouzaud)

A quoi sert le printemps si il est confiné?