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24 septembre 2024 2 24 /09 /septembre /2024 16:22

 

 

 

L'été 2024 s'est éteint sur ordre du calendrier. Il a fini seul sa course vers une nouvelle saison. On a allumé des torches pour sa venue mais il est parti sans cérémonie, sans protocole, en silence et dans l'indifférence. Puis l'automne est arrivé, il y a deux jours, dimanche 22 septembre à 12 heures 43 précisément, sous le régime d'un gouvernement démissionnaire, le gouvernement chargé effectivement de gouverner, jetant ainsi les affaires courantes aux orties, ayant été nommé quelques heures après, peu avant 20 heures (et son sempiternel journal), c'est-à-dire à l'automne naissant, saison où les feuilles fiscales se ramassent à la pelle. 

 

A l'instar de Georges Perec et son célèbre Je me souviens qui lui avait été inspiré par le livre I remember de l'auteur américain Joe Brainard, la chronique Je ne sais plus pourquoi reprendra des souvenirs nombreux et quelconques, ceux qui font et qui sont toute une vie. Je me souviens comme la devise de la province du Québec (Canada) que l'on peut lire sur les plaques d'immatriculation des chars de nos lointains cousins francophones. Je ne sais plus pourquoi un peu comme I don't know why, titre d'une chanson de Stevie Wonder de la fin des années 1960, 1968 précisément. Je ne sais plus pourquoi je dis tout ça. 

 

 

Je ne sais plus pourquoi à l'annonce des noms des "nouveaux" ministres égrenés par un type portant cravate, debout derrière un pupitre, ce dimanche 22 septembre 2024 peu avant 20 heures (donc peu avant le journal télévisé), m'est revenu en mémoire un air entendu dans l'opérette ou opéra-comique de Charles Lecocq, La Fille de madame Angot (1872) dont les paroles sont :

C'n'était pas la peine

Non pas la peine, assurément

De changer de gouvernement !

Je ne sais plus pourquoi, pendant longtemps, j'ai pensé qu'aller voter allait changer les choses, allait, comme on dit à présent, faire bouger les lignes. S'il FAUT aller aux urnes, il faut bien admettre que là-haut l'entêtement est de mise ; tout est rectiligne, on reste droit dans ses bottes. 

 

Je ne sais plus pourquoi j'ai lu récemment Crénom, Baudelaire ! de Jean Teulé. Peut-être avais-je vu ou cru voir un albatros voler au-dessus de la plage de mon été ? Mais ce ne devait être qu'une mouette ou un goéland.  

 

Je ne sais plus pourquoi, il y a deux jours, quelques heures donc avant l'égrenage du nom des "nouveaux" ministres, je me suis plongé dans la lecture du livre Le Tour de la France par deux enfants d'aujourd'hui. (1) J'avais lu, long ago, le livre presque éponyme de Augustine Fouillée alias G. Bruno que les gamins, filles et garçons de la génération Jules Ferry ont dévoré à l'école et au goûter. J'avais vu au cimetière du Trabuquet de Menton (Alpes-Maritimes) la tombe de l'auteure où est simplement écrit : Madame Alfred Fouillée (1833-1923) auteur de Francinet et du Tour de la France par deux enfants. Je ne sais plus pourquoi, enfant, je passais mes vacances de printemps et d'été à Menton et pourquoi j'aimais flâner dans la vieille ville et son cimetière garni de tombes d'aristocrates russes reconnaissables à leurs croix et celle de la famille de Franklin D. Roosevelt. Depuis ce promontoire, je regardais vers l'Italie en espérant un jour aller au-delà de XXmiglia et son grand marché du vendredi. Je me disais, à moi Firenze, à moi Pisa, à moi Roma ! Il me faudra pour cela attendre bien des années. Je ne sais plus pourquoi. 

 

Je ne sais plus pourquoi je garde précieusement dans mon porte-monnaie une pièce de 1 franc belge datée de dix-neuf cent septante-cinq. A cette époque, j'allais faire le change dans un bureau sombre dont le comptoir était en bois et avec les billets de 20 et 50 francs (le couple royal y figurait de profil ainsi que la signature du Directeur Général de la Trésorerie), j'allais acheter des chocolats chez Léonidas et des disques de Will Tura (Je zien huilen kan ik niet/traduction : Je ne peux pas te voir pleurer), de Willy Sommers (Laat me vanavond niet alleen/traduction : Ne me laisse pas seul ce soir) et de la chanteuse néerlandaise dont je n'ai pas oublié le nom même si elle n'en avait pas : De zangeres zonder naam.

 

Je ne sais plus pourquoi, à 15 ans, je rêvais d'aller à Amsterdam et je ne sais pourquoi des esprits mal intentionnés me prêtaient des envies mal intentionnées, inappropriées comme on dirait aujourd'hui. Je rêvais Rijksmuseum, Rembrandt, Vermeer, Peter de Hooch, Van Gogh, tandis que d'autres, plus "adultes" pensaient rues étroites, vitrines, lumière rouge. Je ne sais plus pourquoi il me fallut attendre cinq longues années pour voir ses canaux et sa Ronde de nuit. Je ne sais plus pourquoi je vis pour la première fois une peinture de Peter de Hooch non à Amsterdam mais à Londres au Wellington museum, quelques mois plus tard.

 

Je ne sais plus pourquoi j'avais été impressionné par le squelette de Marengo, cheval favori de Napoléon Ier au National Army Museum de Londres lorsque je le visitai en 1977. Lors d'un séjour dans la capitale britannique en 2014, je me précipitai vers le dit musée pour revoir Marengo entouré de trophées pris par les Anglais à Waterloo. Je ne sais plus pourquoi j'aime flâner dans la rue Wellington (carrer de Wellington) à Barcelone qui longe le parc zoologique où je n'ai jamais déambulé, le prix d'entrée étant (trop) élevé.    

  

Je ne sais plus pourquoi j'ai décidé un beau et bon matin d'aller photographier le lever du soleil sur la Méditerranée, de me lever potron-minet, d'enfiler un sweat, de prendre mon appareil photo et de marcher vite vers la plage pour ne rien manquer du spectacle, tandis qu'un pêcheur lançait sa ligne espérant attraper un bar ou du menu fretin. Après quelques minutes d'attente, je ne sais plus pourquoi le soleil a bondi des flots, au large, sur la ligne d'horizon. 

 

 

(1) Le Tour de la France par deux enfants d'aujourd'hui par Pierre Adrian & Philibert Humm (Editions des Equateurs, 2018)

 

     

Je ne sais plus pourquoi le soleil s'est levé ce jour-là.

Je ne sais plus pourquoi le soleil s'est levé ce jour-là.

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