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19 octobre 2024 6 19 /10 /octobre /2024 15:21

 

 

Durant la première décennie du 20ème siècle, les collectionneurs allemands se pressent dans les galeries parisiennes et chez les marchands d'art afin d'acquérir des oeuvres d'artistes français, ces derniers étant souvent invités en Allemagne pour y exposer, soit lors d'expositions personnelles, soit lors d'expositions collectives. De nombreux artistes allemands quant à eux séjournent souvent à Paris et y étudient dans les diverses académies. Parmi eux, on peut citer :

 

Lovis Corinth (1858-1925), membre fondateur de la Sécession de Munich en 1892, a régulièrement exposé à la Sécession de Berlin après avoir travaillé avec Bouguereau et Fleury à l'académie Julian - dans les années 1880 - à Paris.

 

Max Slevogt (1868-1932) a étudié à l'académie Julian en 1889.

 

Ludwig von Hofmann (1861-1941) a étudié à l'académie Julian (Paris) en 1889-90 et a été très influencé par la peinture de Puvis de Chavannes et celle de Albert Besnard. Rentré à Berlin en 1890, il crée le Gruppe XI deux ans plus tard avec Liebermann, Herrmann et Leistikow en protestation à la fermeture prématurée de l'exposition du peintre norvégien Edvard Munch qui avait fait scandale à Berlin.

 

Max Liebermann (1847-1935), après avoir voyagé en France et aux Pays-Bas, retourne dans sa ville natale, Berlin, et en 1892 fonde le Gruppe XI avec Leistikow, Herrmann et Hofmann. C'est l'époque où il s'intéresse de plus en plus aux peintres impressionnistes français. Il fut l'un des membres fondateurs de la Sécession de Berlin en 1898. 

 

Emile Nolde (1867-1956), cofondateur de la Nouvelle Sécession de Berlin en 1910, a étudié à l'académie Julian en 1889.

 

Curt Herrmann, membre fondateur de la Sécession de Berlin, y a exposé dès 1899. Lors d'un séjour à Paris en 1902, il rencontra Paul Signac.

 

Paula Modersohn-Becker (1876-1907) a séjourné pour la première fois à Paris en 1900 pour étudier à l'académie Colarossi et à l'Ecole des Beaux-arts. L'année suivante, elle épouse Otto Modersohn et rejoint une communauté d'artistes à Worpswede, à une vingtaine de kilomètres au nord de Brême (Allemagne), village isolé au milieu des tourbières (que le poète Rainer Maria Rilke a beaucoup fréquenté) sur lequel plusieurs artistes ont jeté leur dévolu en 1889 par rejet de l'industrialisation des villes et de l'enseignement dispensé dans les académies.  Paula Becker retournera vivre à Paris en 1903 et en 1905 où elle étudiera chez Cola Rossi et chez Julian. Elle séjournera une année entière à Paris (1906-1907) avec l'intention de quitter définitivement son mari et Worpswede où elle décédera cependant à l'âge de 31 ans. 

 

Pendant ce temps, les collectionneurs allemands se pressent pour acquérir des oeuvres d'artistes français. Parmi eux, on peut citer (noms déjà cités dans de précédents chapitres) :

 

Bernhard Koehler dont la nièce a épousé le peintre August Macke.

 

Otto Gerstenberg (1848-1935), directeur d'une compagnie d'assurances, a acquis pour sa maison de Berlin des tableaux de Delacroix, Corot, Daumier, Courbet, Manet, Degas, Monet, Renoir.

 

Otto Krebs (1873-1941), directeur d'une usine de chaudières à vapeur, a acquis pour sa maison située près de Weimar des oeuvres de Manet, Renoir, Cézanne, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Derain... 

 

A partir de 1910, les relations entre la France et l'Allemagne se tendent. Divers milieux nationalistes français reprochent à Matisse et à Maillol leur trop grande proximité avec l'Allemagne. En Allemagne, on reproche aux directeurs de musées d'avoir acheté trop d'oeuvres d'artistes français au détriment des artistes allemands. Le futur président du Conseil Edouard Herriot qui dans les années 1900-10 est maire de Lyon (1905), conseiller général du Rhône (1910), sénateur du Rhône (1912) a bien perçu que les liens entre les deux pays se distendaient au fil des ans. Dans une autobiographie (cf référence ci-dessous), il raconte qu'en prévision de la construction d'un nouvel hôpital à Lyon, une délégation française dont fait partie l'architecte Tony Garnier se rend en Allemagne (en 1909) afin de visiter les hôpitaux de Berlin, Francfort, Hambourg et Cologne dans le cadre d'un voyage d'études et scientifique. L'accueil est chaleureux. Deux ans plus tard, "un voyage en Allemagne va fortifier mes craintes", explique Edouard Herriot après que la Turquie se fut rapprochée de l'Allemagne aux dépends de la France. "On parlait beaucoup en France, vers ce temps, d'une guerre avec l'Allemagne", poursuit-il. Le voyage de Edouard Herriot durant l'été 1911 se déroule à Dresde où se tient une Exposition d'Hygiène, "magnifique hommage à la science et au progrès". (1) Le Maire de Lyon constate que du fait de la forte croissance de la population allemande (rapport à la faible natalité française), l'Allemagne voulant devenir une puissance mondiale, cherche de nouveaux débouchés quitte à faire craquer ses frontières. Le pire est à venir. Les tensions se multiplient. Souhaitant organiser une Exposition à Lyon, Herriot retourne en Allemagne pour y contacter des partenaires. Mais, "l'hostilité contre nous est générale, les portes refusent de s'ouvrir". (1) L'accueil qu'il reçoit à Berlin est "sec et froid" (1) Pour l'Exposition Internationale de Lyon qui s'ouvre en mai 1914, la participation allemande est infime. "Ne comptez plus sur nous", lui avait séchement déclaré un haut fonctionnaire allemand à Berlin. 

 

3 août 1914 : Déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. 

 

Ainsi s'achevaient les amitiés d'outre-Rhin.    

 

 

(1) Jadis. Avant la Première Guerre mondiale de Edouard Herriot de l'Académie française (Flammarion, 1948).          

 

          

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