Au sommet de son art (1/3)

Peu de musées des beaux-arts en Europe peuvent s'enorgueillir de présenter leurs collections à 705 mètres d'altitude. Le Musée de Montserrat en Catalogne s'est hissé à cette hauteur pour proposer au public des oeuvres aussi diverses que variées (peintures, icônes, sculptures, affiches, estampes, broderies, orfèvrerie religieuse, etc) allant de l'Antiquité au XXIème siècle. 

Le Musée de Montserrat a ouvert ses portes en 1963 en proposant d'abord des objets provenant de fouilles archéologiques effectuées au Moyen-Orient ainsi que des peintures de la Renaissance et du siècle baroque trouvées à l'intérieur du monastère. En 1982, le musée s'est agrandi et s'est enrichi d'une importante collection de peintures des 19ème et 20ème siècles grâce à plusieurs donations. Il y a vingt ans, le musée s'est offert une nouvelle entrée agréable et lumineuse décorée récemment d'une fresque qui représente quelques oeuvres qui y sont exposées dont le Saint Jérôme pénitent peint par Le Caravage vers 1605. On peut aussi voir dans la salle consacrée à la peinture ancienne, une Sainte Madeleine pénitente du Gréco. Grâce à un don de peintures acquises en Italie dans les années 1910-1920, le musée possède une oeuvre intitulée Dormition de la Vierge de Pedro de Berruguete, peintre décédé en 1504, c'est-à-dire au moment où Jules II montait sur le trône de saint Pierre. Car, on dit çà et là, que Giuliano della Rovere, futur Jules II, fut abbé de Montserrat et que grâce à lui le monastère s'est enrichi de nombreuses oeuvres d'art. Issu d'une famille originaire de Savona, Jules II - dont le pontificat ne dura que dix ans (1503-1513) - fin politique et mécène exceptionnel, appela Raphaël pour la décoration de ses appartements romains (Stanze di Raffaello) et Michel-Ange pour son mausolée (en l'église San Pietro in Vincoli). "Jules II (...) était un homme d'une vaste ambition, d'un caractère de fer, hautain, inflexible, impérieux, avide de dominer, impétueux dans sa colère, emporté dans ses ordres, ne souffrant pas de réplique, et brisant sous ses pieds tout ce qui osait lui faire obstacle." (1) Grâce à ce caractère impossible et à sa détermination, "avec Jules II (...) la Rome du XVIè siècle (Cinquecento) prend la tête du mouvement littéraire et artistique : elle atteint, après les essais du siècle précédent, la plénitude ; les caractères du style nouveau sont la grandeur, la robustesse, la majesté". (2)

Mais revenons à Montserrat. Dans la salle où Saint Jérôme pénitent fait la fierté du musée, arrêtons-nous un instant devant un portrait de Jean de la Fontaine par Hyacinthe Rigaud (dénommé sur le cartel Jacint Rigau) peintre né à Perpignan en 1659. 

Rien en sert de courir, il faut partir à point. Suite de la visite dans un prochain chapitre...

(1) Michel-Ange, extrait de Trois Maîtres, par Alexandre Dumas (Calmann Lévy, Editeur, nouvelle édition, 1884).          

(2) Rome par H. Chéramy (B. Arthaud, s.d.) 

Fresque à l'entrée du musée de Montserrat (détail)