Les funiculaires grimpent toujours plus haut (1/2)

Aller visiter un dimanche le monastère de Montserrat en Catalogne demande courage et patience. Des centaines d'autos, des dizaines d'autocars, quelques motos attendent pendant de très longues minutes de trouver une place sur le parking tout en longueur qui monte vers le monastère et la basilique où se pressent pèlerins, randonneurs et touristes du monde entier. L'attente en vaut la peine. Le paysage qui, en contrebas du belvédère, s'étend jusqu'à la colline du Tibidabo (Barcelone) est magnifique. De même, les rochers qui dominent les places bordées des bâtiments conventuels, véritables pains de sucre posés çà et là, sont impressionnants. Commençons la visite du lieu. 

 En face du parking des autocars, à côté d'un bassin où flottent des nénuphars, se dresse la statue assise de Jacint Verdaguer (1845-1902), prêtre et poète catalan le plus célèbre de la seconde moitié du 19ème siècle. Parmi les nombreux poèmes qu'il nous a laissés, il y a le Virolai à la Mère de Dieu de Montserrat, chant de louange dédié à Notre-Dame de Montserrat mis en musique par le compositeur Josep Rodoreda pour commémorer le millénaire de Montserrat. Dès le 9ème siècle en effet, mention était faite de la découverte de l'image de la Vierge dans une grotte incrustée dans la montagne environnante. En 1025, Oliba, abbé de Ripoll, évêque de Vic, qui décédera à l'abbaye de Saint-Michel-de-Cuxa près de Prades (en 1046), fonde le monastère de Montserrat. On construit une église romane puis un cloître gothique (fin 15ème siècle) avant d'entreprendre la construction de l'église actuelle de style gothique et Renaissance consacrée en 1592. 

Avant d'accéder à l'esplanade où se dresse la façade de la basilique, il faut, une fois passé le bâtiment moderne abritant la cafétéria et le restaurant, marcher sur un trottoir couvert - bien utile en cas de pluie - le long d'une chaussée où la circulation est presque inexistante. Cette rue sans issue, peu motorisée, où l'on n'entend que les mots et les cris des passants, fait penser à une voie d'une quelconque principauté (d'opérette ou pas) où seuls les véhicules munis d'immatriculations du cru sont autorisés à l'emprunter. A main gauche, on découvre un paysage magnifique, remarquable, fantastique, à couper le souffle comme on dit communément et pour faire court. La Sierra de Montserrat sur les comarques (pluriel de comarca, région / canton en catalan) de Bages et du Vallès occidental déploie ici tous ses beaux atours avec ses pentes abruptes couvertes de forêts, montant toujours plus haut, jusqu'à des cimes fières de leurs situations altières, jalousant celles qui les toisent comme le Sant Jeroni, point culminant du massif (1 238 mètres). En contrebas, la rivière Llobregat et ses eaux boueuses gonflées par des plusieurs torrents qui dévalent de la montagne, après avoir traversé la petite ville de Monistrol de Montserrat, file vers la capitale distante d'une quarantaine de kilomètres environ. A main droite, des stands proposant des produits locaux, miel d'eucalyptus ou d'orange, fromage de chèvre ou de brebis, mató et pâtisseries, attirent les touristes qui veulent emporter un souvenir comestible ou prendre un en-cas sur place à moindre frais. Plus loin un escalier monte en direction de l'esplanade vers laquelle convergent celles et ceux qui veulent visiter la basilique, assister à une messe, entendre les petits chanteurs de l'Escolania (chorale liturgique), voir la Vierge noire dite Moreneta, sainte patronne de la Catalogne depuis 140 ans.

A suivre...         

Basilique de Montserrat (Catalogne)