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20 janvier 2025 1 20 /01 /janvier /2025 15:33

 

 

                                          1925

 

 

L'année 1925 est l'année de la modernité : l'art déco est à l'honneur. Paris voit surgir des bâtiments - hélas ! - éphémères aux noms enchanteurs (Pavillon de l'Elégance, Pavillon de l'Esprit nouveau, Pavillon Primavera...) qui attirent des millions de visiteurs. Quand aux températures de l'hiver 1924-25, elles sont douces pour la saison. Le Dauphiné et la Savoie connaissent une période de sécheresse. Ce qui n'empêche pas Maurice Chevalier de chanter les nuits glaciales vécues par des âmes esseulées qui, sous l'édredon, ne peuvent se réchauffer et qui les pieds gelés ne pensent pas à rigoler, dans une chanson écrite par Albert Willemetz pour les paroles et Raoul Moretti pour la musique et créée en avril 1924 au théâtre de l'Empire mais toujours en vogue en ce début 1925 : Ce n'est pas la même chose (Quand on est deux). Quant à la Tour Eiffel qui n'a pas froid aux pieds, elle se pare de mille ampoules pour vanter le nom d'un constructeur d'automobiles, ces bruyants et rapides objets du désir qui se démocratisent.

 

 

3 janvier - Promulgation de la loi d'amnistie pour tous les faits de désertion commis antérieurement au 11 novembre 1920. Il est interdit désormais de faire mention d'une condamnation pour désertion dans tous les actes officiels. 

 

11 janvier - André Warnod (1) publie dans Comoedia un article intitulé Les peintres du Pré-Saint-Gervais où il est question du peintre Maurice Loutreuil qui dans l'atelier qu'il a acheté quelques années plus tôt au 61 de la rue du Pré-Saint-Gervais (Paris 19ème) attire à lui un groupe d'artistes où chacune et chacun travaillent selon son tempérament avec comme règle d'or, vie en communauté et liens d'amitié dans le respect et l'amour de l'art.

15 janvier - Article signé René Crevel dans La Révolution surréaliste à propos du ballet La Jarre créé quelques semaines plus tôt au théâtre des Champs-Elysées. Première création scénographique de Giorgio de Chirico (costumes et décors), ce ballet, inspiré d'une nouvelle de Pirandello, a été conçu sur une musique de Alfredo Casella et chorégraphié par Jean Börlin pour les Ballets suédois. Créé par Rolf de Maré, aristocrate aisé, en collaboration avec le danseur Jean Börlin, les Ballets suédois ont donné des spectacles durant cinq saisons (entre 1920 et 1925) au théâtre des Champs-Elysées jusqu'à ce que de Maré reprenne la direction dudit théâtre et le transforme en music-hall avec Joséphine Baker en octobre 1925.

Mi-janvier - Le peintre Joan Miró, après avoir séjourné à Montroig et à Barcelone est de retour à Paris où il a son atelier rue Blomet dans lequel il reçoit la visite de Louis Aragon, Paul Eluard, Pierre Naville puis plus tard celle d'André Breton (en septembre). "La rue Blomet, (...) c'est un moment décisif pour moi. (...) Au 45, une fois passé un couloir et la loge de la concierge, on débouchait dans une cour où se dressaient un lilas et quelques ateliers modestes. (...) La rue Blomet, c'était avant tout l'amitié, l'échange et la découverte exaltée à travers un groupe d'amis merveilleux." (2)         

 

16 janvier - Décret instituant le Conseil national économique, organisme ayant pour mission "d'étudier les problèmes intéressant la vie économique du pays, d'en rechercher les solutions et de proposer l'adoption de ces solutions aux pouvoirs publics". Composé de 47 membres, il est présidé par le président du Conseil. Il est tenu d'avoir quatre sessions chaque année. Il est l'ancêtre du CESE, Conseil économique, social et environnemental.

  

21 janvier - Décès du peintre Maurice Loutreuil. Fils de clerc de notaire et orphelin de mère, il avait quitté le département de la Sarthe où il était né pour Paris en 1909. Après des débuts difficiles comme dessinateur dans des revues satiriques, il avait obtenu, en 1914, une bourse pour aller étudier l'art de la fresque en Toscane (Italie). Après la guerre, il avait séjourné à Céret (Pyrénées-Orientales) de mars à mai 1919 en compagnie d'André Masson où il peignit des vues du chef-lieu du Vallespir depuis la propriété du peintre Pierre Brune avant d'acquérir, à Paris, une maison de deux pièces avec atelier et jardin (qu'il cultivait) et d'exposer dans différents lieux de la capitale dont le salon d'Automne et le Café du Parnasse (103 boulevard Montparnasse) avec d'autres artistes comme Pinkus Krémègne, Mela Muter, Othon Friesz, Pierre Brune, Chaïm Soutine. Malade, hospitalisé à Broussais, il mourut à l'âge de 40 ans. 

Des oeuvres de Maurice Loutreuil sont exposées en permanence au musée d'Art moderne de Céret (voir photo ci-dessous). Parmi les expositions récentes qui lui ont rendu hommage, on peut citer la grande rétrospective organisée à l'initiative du cinéaste, acteur et écrivain Jean Rollin, au Musée de Saint-Denis en 1985, l'exposition Maurice Loutreuil (Peintures à l'huile) au musée Bourdelle (Paris) au printemps 1994 et l'exposition Maurice Loutreuil, l'insoumis d'abord présentée au musée de Tessé et à l'abbaye de l'Epau (Le Mans) entre juillet et octobre 2006 puis au musée d'Art moderne de Céret entre octobre 2006 et février 2007, cette dernière ayant été organisée avec le concours de Jean Levantal, historien d'art, auteur du catalogue raisonné de l'oeuvre de Maurice Loutreuil. 

23 janvier - André Warnod signe dans Comoedia un article intitulé Le peintre Loutreuil est mort.

Janvier - Sortie du numéro 2 de La Révolution surréaliste qui s'oppose, dans des textes qui attaquent l'armée, la papauté, la civilisation occidentale, à toute forme d'oppression. On peut y lire : "Ouvrez les prisons - licenciez l'armée."  

5 février - Le journal Le Petit Parisien dans un article intitulé "Melle Suzanne" dite "La Garçonne" revit en Paul Grappe déserteur... amnistié relate l'histoire de Paul Grappe, caporal qui a déserté en 1915 et qui s'est ensuite travesti en femme pour éviter le conseil de guerre voire la peine de mort.

  

9 février - Le ministre allemand des Affaires étrangères, Gustav Stresemann, souhaitant recouvrer une pleine souveraineté sur tout le territoire allemand et espérant un rapide redressement économique pour son pays, propose au Gouvernement français (avec l'appui de l'Angleterre) un règlement global de la question du Rhin.

  

11 février - Décès du poète et chansonnier Aristide Bruant. Né à Courtenay (Loiret) dans une famille bourgeoise ruinée, il "monta" à Paris, se lança dans une carrière de chanteur de café-concert puis connut la gloire dans le cabaret Le Chat Noir créé en 1881 par Rodolphe Salis, peintre et décorateur, au 84 du boulevard Rochechouart. Lorsque ledit cabaret déménagea en 1885 pour s'installer rue de Montmorency-Laval (devenue rue Victor Massé deux ans après), Aristide Bruant reprit le local et le baptisa Le Mirliton, ouvert tous les soirs et où le bock coûtait 13 sous. Là, durant une dizaine d'années, il connut le succès grâce à sa truculence, à ses chansons et surtout à sa tenue vestimentaire immortalisée par Toulouse-Lautrec, bottes, culotte de velours, chemise, feutre à larges bords et foulard rouge, dans laquelle il accueillait les clients avec "la voix la plus mordante, la plus coupante, la plus métallique que j'aie jamais entendue, une voix d'émeute et de barricade, à dominer le mugissement des rues un jour de révolution, une voix superbe qui vous entre dans l'âme comme un coup de surin dans la paillasse d'un pante" a écrit l'historien et académicien Jules Lemaître. (3) Aristide Bruant mourut à 73 ans dans l'immeuble sis au 17 de la rue Christiani entre le boulevard Barbès et la rue de Clignancourt.

14 février - Décès de Jacques Rivière. Licencié ès lettres, il avait été professeur au collège Stanislas avant de devenir secrétaire de rédaction à la Nouvelle Revue Française (NRF). Ami de André Gide et de Paul Claudel, il avait épousé, en 1909, la soeur de l'écrivain Alain-Fournier. 

En février 1925 est jouée au théâtre des Nouveautés l'opérette Pas sur la bouche avec Pauline Carton.   

 

 

(1) André Warnod, écrivain et critique d'art, fut l'ami de Pierre Mac Orlan, de Guillaume Apollinaire, de Marie Laurencin. C'est en découvrant le cabaret Le Lapin Agile en 1903 que débuta sa vie montmartroise. Entre 1921 et 1960, il a habité au 60 de la rue Caulaincourt où il mourut.

(2) Citation extraite du catalogue de l'exposition Joan Miró 1917-1934 qui a eu lieu au Centre Pompidou (Paris) du 3 mars au 28 juin 2004.

(3) Cité dans Paris en cartes postales anciennes - Butte-Montmartre par Georges Renoy (Bibliothèque Européenne - Zaltbommel/Pays-Bas, 1973).

 

      

               

Deux tableaux de M. Loutreuil exposés dans les collections permanentes du musée d'Art moderne de Céret (Pyrénées-Orientales)

Deux tableaux de M. Loutreuil exposés dans les collections permanentes du musée d'Art moderne de Céret (Pyrénées-Orientales)

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