1925 (suite)
1er juillet - Décès du compositeur Erik Satie. Né à Honfleur (1) en 1866, Erik Satie s'installe à Montmartre au 6 de le rue Cortot. Sur la façade de cet immeuble, une inscription rappelle que "Erik Satie compositeur de musique a vécu dans cette maison de 1890 à 1898". C'est à cette époque qu'il rencontre Suzanne Valadon, Utrillo et Léon Bloy. Pour gagner sa vie, il accepte un poste de pianiste d'abord au cabaret Le Chat noir (créé par Rodolphe Salis au 85 boulevard Rochechouart et transféré au 12 rue Victor Massé en 1885), dont le décor "gothique" lui convient parfaitement puis à l'Auberge du Clou où il fait la connaissance de Claude Debussy. La fin brutale de sa relation avec Suzanne Valadon lui inspire Vexations. Mais ce sont ses Gymnopédies (1888) dont l'une fut reprise en 1975 pour le générique de l'émission télévisée créée et présentée par Jacques Martin Le Petit rapporteur qui le rendent célèbre. Satie passa pendant longtemps pour le précurseur de Debussy et de Ravel qu'il n'aimait pas beaucoup. En 1911, il écrit à son frère Conrad : "Ravel - qui ne cache pas l'influence que j'eus sur lui" et Debussy "je ne lui en veux pas : il est victime de son arrivisme". (2) En 1917, il écrit la musique de Parade, ballet créé au théâtre du Châtelet (Paris) par les Ballets russes sur un argument de Jean Cocteau et des décors et costumes de Pablo Picasso. Le ballet provoque un beau scandale. Mais la critique s'en prend plus à la musique de Satie qu'aux décors et à la chorégraphie. Satie supporte mal ces attaques en général et la diatribe du compositeur Jean Poueigh en particulier à laquelle Satie répond par un "Monsieur et cher ami, vous n'êtes qu'un cul, mais un cul sans musique" sur une carte postale non mise sous enveloppe, pouvant ainsi être lue par n'importe qui. Poueigh assigne Satie en justice pour injures et diffamation. Satie est condamné à huit jours de prison et à mille francs d'amende. Après avoir interjeté appel, il obtient le sursis. Au début des années 1920, Satie d'abord adulé par le groupe des Six créé par Jean Cocteau est cruellement rejeté par celui-ci. Il fonde alors un quatuor dit "Ecole d'Arcueil" (ville où il vit depuis de nombreuses années) composé de garçons ayant trente ans de moins que lui : Roger Désormière, Maxime Jacob, Henri Cliquet-Pleyel et Henri Sauguet, ce dernier étant resté dans les annales pour ses musiques pour le théâtre et ses ballets. En 1924, Erik Satie fait jouer la musique qu'il vient de composer pour le ballet intitulé Relâche joué au théâtre des Champs-Elysées par les Ballets suédois.
2 juillet - Banquet donné en l'honneur de Saint-Pol-Roux (dernier poète symboliste) à la Closerie des Lilas (Paris). La lettre écrite par les Surréalistes en réponse à l'interview donné par Paul Claudel et reproduite dans le numéro de Comoedia daté du 24 juin y est distribuée à tous les convives dont beaucoup sont scandalisés. De violents incidents ayant éclatés, la police est appelée pour rétablir le calme.
12 juillet - Lors d'un débat à la Chambre des députés, le Cartel des gauches se divise au sujet de la politique financière du ministre des Finances Joseph Caillaux. Lors de ce débat, les députés sous la pression des socialistes, radicaux socialistes et républicains socialistes, demandent l'exonération pour les petits commerçants de la taxe sur le chiffre d'affaires et l'adoption d'une taxe sur les compagnies d'assurances. A la suite de ce débat, le Gouvernement Painlevé n'obtient la confiance que par 295 voix contre 228. Les 103 socialistes, 77 radicaux socialistes et 16 républicains socialistes qui ont refusé de soutenir le gouvernement se retrouvent dans l'opposition. Le groupe socialiste n'est plus dans la majorité ; la majeure partie des radicaux socialistes non plus. Le centre et la droite par conséquent s'y trouvent au grand complet.
15 juillet - Parution du N°4 de la Révolution Surréaliste avec des reproductions d'oeuvres de Miró, un article de Max Morise sur de Chirico et un texte de André Breton intitulé Surréalisme et Peinture.
Eté 1925 - André et Simone Breton passent l'été à Nice (avec Max Morise et Janine Kahn, soeur de Simone) puis à Thorenc près de Grasse. Louis Aragon est dans le Béarn et à Saint-Jean-de-Luz. Pablo Picasso est à Monaco pendant la saison des Ballets russes puis à Juan-les-Pins. Jean Cocteau est à Villefranche-sur-Mer pour se reposer après une cure de désintoxication de six semaines. Il rencontre Stravinski à Nice en septembre pour lui donner lecture de la pièce qu'il vient d'écrire, L'Orphée. André Gide est en Afrique (Congo et Tchad) jusqu'en juin 1926.
(1) Honfleur est aussi la ville natale de Eugène Boudin, Henri de Régnier de l'Académie française et Alphonse Allais.
(2) Lettres à mon frère, textes réunis par A. Colombier Hochberg (Mango Littérature, 2007).