La carrer (rue) Petritxol est une rue étroite (trois mètres de largeur environ) qui va de Portaferrissa où se trouvait la célèbre galerie Dalmau qui a exposé dans les années 1910 les oeuvres des plus grands peintres avant-gardistes à la plaça del Pi dominée par la façade de la basilique Santa Maria del Pi du 14ème siècle et de bâtiments ornés de sgraffites, mot d'origine italienne (sgraffio signifiant égratignure) qui désigne un procédé de peinture murale (visages, fleurs, etc) par grattage. Mais revenons à la rue Petritxol où en général la foule se presse pour aller déguster un chocolate a la taza, chocolat chaud épais que l'on accompagne de churros. Certains guides touristiques la nomme d'ailleurs "rue du chocolat". C'est dans cette rue que le dramaturge Angel Guimerà est décédé en 1924 ; une plaque rappelle l'événement sur une des façades de la rue. C'est aussi dans cette rue que fut ouverte une galerie d'art qui, jusqu'au 1er février prochain, présente une exposition d'oeuvres de l'artiste uruguayen Joaquín Torres-García (1874-1949).
La Sala Parés (galerie d'art depuis 1877) sise au 5 de la carrer (rue) Petritxol et fondée par un certain Joan Parés, propose donc jusqu'au 1er février 2025 une exposition d'oeuvres de Joaquín Torres-García intitulée Entre el Noucentisme y las vanguardias (1891-1934).
Dans le cadre des commémorations du 150ème anniversaire de la naissance de Joaquín Torres-García, la Sala Parés en collaboration avec le Museo Torres García de Montevideo*, sa ville natale, et la Generalitat de Catalunya a organisé cette exposition qui réunit quelques cent vingt oeuvres - huiles, oeuvre sur papier et jouets - réalisées depuis l'arrivée de l'artiste en Catalogne en 1891 jusqu'au début des années 1930. Afin de mieux comprendre l'évolution du travail de l'artiste au cours de ces quatre décennies, l'exposition présente son oeuvre éclectique des premières années où se mêlent académisme et modernisme comme en témoigne son immense production noucentiste atteignant son paroxysme avec la décoration du Salon de Sant Jordi dont les esquisses ont été aimablement prêtées pour cette exposition par la Generalitat de Catalunya. Torres-García était un artiste qui explorait, démontrait, étudiait. Dès 1917, il abandonna l'esthétique classique liée au Noucentisme pour aller vers l'avant-garde. Fasciné par le modernisme des villes, il s'installa à New York en 1920, y poursuivant la fabrication de jouets en bois (commencée en 1917) et commercialisés là par Aladdin Toys, tout en réalisant aussi des aquarelles, des dessins à l'encre et des affiches publicitaires. A son retour en Europe en 1922, il s'installa à Fiesole près de Florence (Italie) puis à Villefranche-sur-Mer avant Paris où il resta de 1926 à 1932. Ami de Miró et de Pere Daura**, il donna en 1930 à Paris une conférence tentant d'établir un parallèle entre cubisme, surréalisme et néoplasticisme. Il exposa chez Jeanne Bucher en janvier de l'année suivante. Puis il retourna vivre dans son pays natal où il mourut en 1949.
Après la visite de ces trois expositions, il est temps de nous diriger vers la gare routière pour prendre le bus en direction du Nord, Perpignan, Montpellier, Lyon, Paris, de quitter la carrer Petritxol en direction de la plaça de Catalunya puis de l'Arc de Triomf.
* La capitale de l'Uruguay a vu aussi naître trois écrivains français : Jules Laforgue (décédé en 1887), Jules Supervielle (décédé en 1960) et Lautréamont, décédé à l'âge de 24 ans en 1870 et auteur préféré des Surréalistes dans les années 1920.
** Une toile de Joaquín Torres-Garcia est exposée en permanence au musée d'Art Hyacinthe Rigaud de Perpignan parmi des oeuvres de Pere Daura, peintre né à Minorque et décédé aux Etats-Unis en 1976.
/image%2F0551643%2F201304%2FphplRhcmB)