Faire connaître la Louisiane et les Catalognes : Lieux, histoire et événements.
Depuis 1900, l'agglomération composée de Lake Charles, chef-lieu de la paroisse Calcasieu et de sa voisine, l'industrielle Sulphur, séparées par un impressionnant pont métallique dont le savant entrecroisement des poutrelles évoque quelque 'grand huit' de fête foraine, est passée de 3 000 habitants à 170 000...
Le Quartier Charpentier intéressera les amateurs d'architecture victorienne avec ses maisons aux façades ornées de colonnes. Le bord du lac tout proche, qui a donné son nom à la ville, est un quartier reposant et aéré avec ses maisons récentes en bois et ses petites marinas avec pontons (Shell Beach drive et Lakeshore Drive). On y aperçoit le grand pont métallique. Passé ce pont, on se retrouve vite en pleine campagne solitaire et rase animée d'ibis, d'aigrettes blanches ou bleutées, au centre d'un réseau dense de mystérieux chemins de plein vent qui donnent envie 'd'aller voir'. Ils débouchent invariablement sur des pâtures à la lumière drue ou des chênaies assez basses, où babillent les oiseaux. Après le pont qui enjambe le canal Intracoastal, apparaît l'étendue presque maritime du lac Calcasieu à l'eau mi-salée, mi-douce, où plusieurs grossistes en fruits de mer amarrent à des pontons de bois leur flotte de crevettiers. Les filets déployés en ailes de papillon, ceux-ci ratissent les lagunes intérieures de mai à décembre, ne pêchant en mer que de janvier à fin avril.
Puis on arrive à Hackberry, le seul petit centre de toute la région, près du lac Calcasieu, où tout le monde se connaît et tout le monde, ou presque est chasseur ou pêcheur.
Plus au sud, le Sabine Wildlife Refuge, réserve naturelle de Sabine, essentiellement composée de lacs et de marécages où pousse le roseau, est, avec ses 57 000 hectares, la plus vaste de toutes celles qui jalonnent la côte du golfe du Mexique. Dans la réserve, comme sur d'autres sites, barrages et écluses contrôlent l'intrusion de l'eau salée sans gêner la faune marine présente dans l'estuaire. Les écluses permettent l'aménagement d'habitats pour la volaille d'eau et les échassiers (wading birds). Le piétinement du bétail qui favorise les jeunes pousses tendres dont se délectent les oies et autres gibiers d'eau contribue, lui aussi, à la fréquentation du marais. Située sur une des deux grandes routes des oiseaux migrateurs, la réserve, riche en hérons qui y séjournent souvent plusieurs années, attire de novembre à février des colonies d'oies. Et particulièrement des oies bleues dont presque toute la population mondiale se retrouve dans les champs de riz fauchés de la Louisiane du Sud et les marais des paroisses côtières ; la paille sèche y est brûlée en hiver pour les nourrir.
A quelques miles plus au sud, le Marsh Trail est un sentier aménagé qui longe le canal avant de se transformer en une longue passerelle zigzaguant au-dessus du marais pour aboutir à une tour d'observation où ricanent des oiseaux moqueurs (mocking birds). Ce parcours est passionnant parce qu'il présente en raccourci un tableau complet de la vie grouillante de ces marais étendus à l'infini : innombrables petits canards de différentes espèces ; racoons et nutrias, ces ratons laveurs introduits en Louisiane en 1930 et qui constituent aujourd'hui le plus important peuplement d'animaux à fourrure des marais côtiers ; serpents d'eau ; grosses tortues à tête argentée, nichées dans les roseaux. Occason unique d'observer de près, en liberté, le vol si souple de l'aigrette et de l'ibis noir, tirant sur le roux, les ailes irisées de vert, ou la pose un peu nunuche de danseuse en bas rouge du stilt à l'oeil blanc. Les bébés alligators, longs comme la main, sont veillés par leur mère cachée sous l'eau, immobile comme un fût de bronze, mais prête à bondir avec une rapidité stupéfiante à la moindre alerte. Ce sentier qui, sur la terre ferme, pullule de lapins des marais très familiers, m"rite largement deux bonnes heures de grand vent...
Sur le bord du golfe du Mexique, la station balnéaire de Holly Beach paraît un bout du monde d'une solitude poignante et très ventée au bord d'un océan marron charriant un sable grisâtre. Pas un arbre, mais des rangées de cabanes délabrées en bois haut perchées sur pilotis.
La route en bord de mer vers Cameron, chef-lieu de la paroisse éponyme, longe côté terre des pâturages à l'horizon nu, où paissent des vaches, dont beaucoup, d'origine indienne, spécialement résistantes aux moustiques, sont dotées d'extraordinaires cornes en forme de lyre. Côté mer, dans les vagues mourant près du rivage, des colonies de pélicans (oiseau qui figure sur le drapeau de la Louisiane).
On pourra rentrer à Lake Charles en passant par le Cameron Prairie National Wildlife Refuge, réserve pratiquement accesssible qu'en bateau, et dîner au Boudin Factory, que tient un fabricant de boudin cajun.
Les alligators, que les Cajuns appellent des cocodries, vivent dans les eaux douces des bayous et des marécages. La chasse aux alligators est très réglementée. Elle dure un mois, souvent entre octobre et novembre, à l'époque où ils vont hiberner, vivant sur leurs réserves de graisse, après s'être nourris depuis avril. Sur le million d'alligators sauvages que compte la Louisiane 25 000 à 28 000 prises à partir de 1,20 m de long sont autorisées chaque année. On les ferre avec une ligne ééquipée d'un très gros hameçon dissimulé sous un morceau de poule ; quelques heures plus tard ou le lendemain, le chasseur tue l'animal fatigué au fusil. La viande, assez dure, se vend sur place, la peau valant en moyenne 20 piastres le pied. Beaucoup sont tannées à Lafayette.
Les jeunes alligators se nourissent d'abord d'araignées, d'insectes, d'écrevisses, de crevettes et, plus tard, de poissons de taille moyenne, de petites tortues, de grenouilles, serpents et
petits oiseaux. Parvenus à la taille adulte, ils font des festins de grandes tortues, hérons, ragondins et même de chevreuils, ou se mangent entre eux. Un spécimen de 4,30 mètres et
pesant 360 kilos est considéré comme énorme, le record de la plus grosse prise (5,90 mètres pour
455 kilos) faite en Louisiane en 1890 n'ayant encore jamais été battu.
Les fermes d'élevage se sont multipliées depuis la sévère réglementation de la chasse. Aujourd'hui, 500 000 alligators sont en captivité, permettant une régulation du marché de la peau dont la demande reste importante.
Dossier établi grâce aux Guides Bleux Hachette, édition de 2001 sur la Louisiane.