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Faire connaître la Louisiane et les Catalognes : Lieux, histoire et événements.

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Impressions guerre d'Espagne (III)

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Humour d'exil : "Au cours d'un examen d'histoire, le professeur demande à l'élève :

- Qu'est-il arrivé à la bataille de Waterloo ?

- Il a fait jour, le soleil s'est levé, ils ont combattu, puis se sont retirés.

- A la bataille de la Marne ?

- Il a fait jour, le soleil s'est levé, ils ont combattu, puis se sont retirés.

- Et à Teruel ?

- Il a fait jour...

-Oui, le soleil s'est levé...

-Non, monsieur, ce jour-là, il y avait des nuages."

 

 

Le 17 juillet 1936, des militaires se soulèvent au Maroc espagnol contre le gouvernement de la République instaurée cinq ans plus tôt. Le général Franco les rejoint depuis les Canaries. 

"Le 18 juillet 1936, racontait Domingo Dominguin, les paysans d'une propriété de la province de Tolède, en apprenant la nouvelle du coup d'Etat militaire, avaient assassiné un de leurs patrons. Le plus jeune des trois frères. Par ailleurs, le seul libéral de la famille, d'après ce qui se disait au village. (...) Cette mort, néanmoins, bien qu'elle fût cause de tout, n'était pas la chose la plus importante. Il y en eut tellement au cours de ces jours-là. Le plus intéressant, c'était ce qui arriva par la suite. Tous les ans, en effet, depuis la fin de la guerre civile, la famille - la veuve et les frères du défunt - organisait une commémoration le 18 juillet. Pas seulement une messe ou quelque chose de ce genre, mais vraiment une authentique cérémonie expiatoire et théâtrale. Les paysans de la propriété devaient reproduire le fameux assassinat : faire semblant de le reproduire, bien entendu. Ils arrivaient une nouvelle fois en bande, armés de fusils de chasse, pour tuer, rituellement et symboliquement, le patron de la propriété. Quelqu'un qui jouait son rôle, évidemment. La cérémonie se présentait ni plus ni moins comme une espèce d'auto sacramental, ces pièces en un acte jouées pour la fête du Saint-Sacrement, en Espagne au XVII° siècle." (1)

Dès le 19 juillet 1936, les casernes se transforment en lieux de recrutement des milices ouvrières et populaires, et ce qui a commencé comme un coup d'Etat raté suivi de scènes de guérilla urbaine, devient vite une guerre civile. La moitié Ouest du pays est rapidement occupée par les troupes franquistes. Ces troupes franquistes ou 'nationalistes' son arrêtées aux portes de Madrid. Elles prennent le Pays basque, région industrielle et riche de l'Espagne, aux républicains ; la ville de Guernica est bombardée le 26 avril 1937. A 16 heures 40 en ce jour de marché, l'aviation allemande bombarde une ville dont il ne restera que des ruines trois heures plus tard.

 

"J'élèverai mes yeux des mains

qui m'attirent.

Elles ont remué les cendres brûlantes d'un village en ruine

pour en retirer

le hurlement ébloui d'entrailles

répandues dans l'obscurité.

Témoin de la nuit

et des cendres.

Je ne peux plus parler de dramatiques et bleus intimismes,

de graphismes, de profils brisés.

Je m'arrête en voyant ces mains

crier après la vie, la cendre et la mort.

Et j'ai honte

de mes mains si vides,

sans cris de vie et de paix." (2)

 

"En ce début d'année 1938, la situation en Catalogne est très difficile. Militairement, les républicains sont en difficulté, et les populations civiles connaissaient la faim et la misère, notamment dans la grande agglomération industrielle de Barcelone, soumise à des bombardements meurtriers sans objectif militaire." (3)

Du 16 au 18 mars 1938, les bombardements de Barcelone par l'aviation italienne basée à Majorque provoquent la mort d'environ 1 300 personnes et font 2 000 blessés.

"La bataille de Teruel, déclenchée par les républicains le 15 décembre 1937 a été cruelle. Elle a duré plus de deux mois dans la neige et la boue. La défaite des républicains ouvre la voie de l'Aragon et de la Catalogne, et menace les communications entre Valence et Barcelone." (3)

La bataille de Teruel, la plus sanglante de la guerre civile, se déroule jusq'au 8 janvier 1938.

Le 23 décembre 1938, Franco déclenche une offensive pour envahir la Catalogne et remonter jusqu'à la frontière.

"La bataille de Catalogne qui avait commencé le 23 décembre 1938 pour s'achever à la mi-février 1939 devait connaître son paroxysme dans la deuxième quinzaine de janvier. Dès le 14, le bas-Sègre enlevé, les nationalistes maîtres des pays de l'Ebre investissaient le région de Tarragone qui tombait le 16 tandis que s'accentuait le pilonnage de Barcelone par les trimoteurs Savoia. La fameuse 'ligne de fer', qui aurait dû garantir la capitale catalane, écrasée, Barcelone était occupée le 26. Le 31 les franquistes étaient à Vic. (...) Officiellement, au moins jusqu'au 24 janvier, la France se refusait à imaginer le moindre exode espagnol sur son territoire. (...) En fait aux postes-frontière jusqu'au 25 janvier les policiers et les douaniers espagnols se refusèrent formellement à laisser partir vers la France leurs compatriotes bien que les partants fussent en possession de passeports parfaitement en règle." (4)

La ville de Figueres est bombardée le 27 janvier 1939. Les armées franquistes poussent devant elles un demi-million de réfugiés et toutes les autorités républicaines. Le 10 février, les troupes franquistes atteignent la frontière. Le 1er avril, Franco lance l'invasion finale sur Madrid et les derniers territoires républicains tombent.

"(...) nous pouvons ajouter que c'est par la frontière sauvage que devaient passer quelques jours plus tard, pour des raisons de discrétion et de sécurité sur les sentiers reliant La Bajol à Las Illas, les membres les plus éminents des instances républicaines : le président de la République espagnole Azana, le président de la Généralité de Catalogne Lluis Companys, le président du gouvernement d'Euzkadi Manuel Aguirre passèrent le 5 février. Le 6, ce fut au tour du président du conseil des ministres J. Negrin. Le même jour commençaient à rentrer en France mais par le Perthus les premières troupes régulières républicaines qui furent désarmées et dirigées sur le camp d'Arglès et bientôt ceux de Saint-Cyprien et du Barcarès construits dans la plus grande hâte à cet effet." (4) 

 

"Mon cher Ambassadeur,

 

Je vous envoie ci-joint un reportage photographique publié par le journal 'La Voz de Espana' et composé de photographies tendant à montrer le camp d'Argelès sous des aspects déplaisants.

Vous connaissez l'effort considérable qu'ont accompli les autorités françaises pour accueillir les réfugiés espagnols et vous savez que le plus vif désir du Gouvernement français est de voir mettre fin à la grave situation qu'entrai^ne à tous points de vue le séjour de ces 400 000 ressortissants étrangers sur notre territoire.

Vous penserez comme moi, je suis certain, qu'il serait souhaitable, en vue d'une heureuse compréhension entre nos deux pays, que l'on évitât d'induire ainsi en erreur l'opinion publique.

Veuillez agréer, mon cher Ambassadeur, etc." (5)

 

"En sortant du lycée, j'avais acheté 'Ce Soir' au premier kiosque venu, celui qui se trouvait au croisement de la rue Soufflot et du boulevard, devant chez Capoulade. (...) En mars, à la fin du mois de mars, j'étais seul et Madrid était tombée. Je lisais le titre de 'Ce Soir' et des larmes me montaient aux yeux. Une colère sombre, aussi, au coeur, impuissante mais rageuse. Madrid était tombée et j'étais seul, foudroyé, le journal déployé devant mes yeux aveuglés par des larmes montées du tréfonds de l'enfance. Madrid était tombée et c'était comme si on m'avait privé brutalement, d'un tranchant de hache, d'une partie de mon corps." (6)

 

 

Les textes 'humour d'exil' des articles Impressions guerre d'Espagne I et II sont extraits du journal 'Altavoz' édité en 1939 dans les camps de réfugiés.

(1) Jorge Semprun, "Vingt ans et un jour".

(2) Poésie intitulée "Guernica" de Zoraida Burgos.

(3) Extraits de l'intervention de Pierre Grau sur "L'aide des félibres aux intellectuels catalans" - colloque sur la guerre d'Espagne à Perpignan en septembre 1989.

(4) Extraits de l'intervention de Jacques Saquer sur "Janvier 1939 sur la frontière sauvage des Pyrénées-Orientales" - même colloque que ci-dessus.

(5) Lettre du 28 avril 1939 de Geoges Bonnet,  ministre français des Affaires étrangères, à l'ambassadeur d'Espagne en France, citée dans le livre "Plages d'exil - les camps de réfugiés espagnols en France, 1939"

(6) Jorge Semprun, "Adieu vive clarté...".  

 

Photo, Malaga tombe aux mains des troupes franquistes en février 1937.    

  

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