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Faire connaître la Louisiane et les Catalognes : Lieux, histoire et événements.

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Le petit monde de Bernard Dimey : aujourd'hui avec "Boudu sauvé des eaux"... Michel Simon

 

 

"Bernard Dimey n'est pas mort le dix mai,

On aurait cru qu'il l'avait fait exprès :

L'est mort le premier juillet au matin

Et rud'ment bien." Jacques Debronckart

 

Le 1er juillet 1981, Montmartre perdait un de ses derniers poètes, un homme qui avait le coeur aussi grand..., qui a écrit "Moi qui n'ai rien écrit" et "Je ne dirai pas tout" ; or, tout nous reste à dire sur celui qui a hanté les nuits de la Butte et des Halles et qui regagnait au petit matin son logement de la rue Germain Pilon.

 

"Michel Simon chante Bernard Dimey" est un disque sorti chez Philips, où on entend les titres suivants : "Si je tombais dans la misère", "la Valise à Pierrot", "Pour apprendre l'air" et bien sûr "Mémère". Michel Simon, personnage principal de "Boudu sauvé des eaux" (1932) où il campe un clochard hirsute pour Jean Renoir et "le Vieil homme et l'enfant" (1967) de Claude Berri, a rencontré Bernard Dimey à Montmartre à la fin des années 50. "Toutes les vedettes en quête de chansons nouvelles se retrouvent Place du Tertre et Bernard Dimey les reçoit verre en main, jovial, truculent. Ainsi naissent quelques centaines de chansons qui seront interprétées par les plus grands : Charles Aznavour, Jean-Claude Pascal, Mouloudji, Juliette Gréco, Michel Simon. La liste constitue la plus fabuleuse affiche qu'un entrepreneur de spectacles puisse rêver." (1) La Taverne d'Attilio, le Pichet du Tertre, sont des antres que Dimey hante chaque soir en faisant tinter les vers qu'il écrit sur son quartier d'adoption, les clochards, les ivrognes, les prostituées... ou qu'il n'écrit pas car il pouvait parler en alexandrins et improviser selon l'humour, l'amour, le lieu et avec qui il se trouvait.

"...Mais qui veut la connaître, cette Butte, dans ses aspects les plus divers, se fera d'abord conduire place du Tertre et y prendre l'apéritif sur le zinc de Spielman. Là, tout lui donnera l'impression qu'il a quitté Paris pour un lointain village. Sur la place, des enfants s'amusent ; un vieux monsieur devant un chevalet, ou un tout jeune artiste, brosse sur la toile une vue du Sacré-Coeur ; des chiens errent ; des moineaux familiers vous entourent." (2)

C'est Edith Piaf qui a fait se rencontrer Bernard Dimey et Michel Simon. Bernard Dimey dira de lui : "Michel Simon c'était un personnage hors du commun, un homme du Moyen Age". Dimey venait d'écrire "Mémère". Selon Piaf, seul Michel Simon était capable de chanter de tels mots.

Quand Michel Simon décède en 1975, Dimey lui dédie un de ses plus beaux poèmes ; poème ? Dimey n'aimait pas ce mot qui pour lui avait une connotation élististe. A poème, il préfère le mot texte.

 

"A Michel Simon

 

 

Mon vieux Michel, c'est vrai qu'à présent tu nous manques.

Hier, j'ai cru te voir à Strasbourg Saint-Denis,

Mais le petit bordel céleste où tu te planques

Ne s'ouvre pas souvent, même pour les amis.

Le jour où t'es parti, on a fait la Mad'leine

Et la rue de la Lune et la rue Beauregard.

Toutes les fill's de joie avaient beaucoup de peine,

On l'sentait dans la voix, ça s'lisait dans l'regard.

 

Il paraît qu'on t'a vu sur le vieux quai des brumes

Traîner dans le brouillard, un carton à la main,

Seul entre chiens et loups quand les lumières s'allument,

Un singe sur le dos, un mainate à la main,

Zigzaguant dans la nuit comme un Jean de la Lune.

Michel, si t'es trop seul, tu peux venir chez moi

Et si tu cherches encore des plaisirs de fortune

Nous irons arpenter les avenues du Bois.

 

Michel, la fin du jour est-elle aussi tragique

Quand on a soixante ans de génie derrière soi ?

J'aimerais le savoir... La grande voix publique

Sur les petits écrans parle toujours de toi

Mais ta maison perdue dans ce jardin sauvage

Est-elle encore debout ? Le monde n'en sait rien.

Moi quand je te revois bouger sur des images

Je viens pousser ta porte en songe et j'y reviens.

 

Michel, je sais qu'un jour on chantera Mémère

Avec la voix d'Edith improvisant les choeurs

Sur une île perdue à des années-lumière

Et je te soufflerai, si tu sais plus par coeur..." (3) 

 

 

(1) "Bernard Dimey" par Philippe Savouret.

(2) Phrases de Francis Carco (1922) retranscrites dans "Paris en cartes postales anciennes - Butte-Montmartre" de Georges Renoy (1973).

(3) "A Michel Simon", Bernard Dimey.  

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