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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 11:44

 

 

Edouard Glissant, écrivain, poète, critique littéraire, né à la Martinique en 1928 est décédé hier, le 3 février 2011 à l'âge de 82 ans.

 

Après avoir été élève au lycée Schoelcher de Fort-de-France, il poursuit des études en philosophie et en ethnologie à la Sorbonne. C'est la première fois qu'il quitte son île natale et le contact avec Paris est rude, cette capitale tant de fois rêvée dont il a lu les descriptions idylliques dans des livres mais dont il découvre la réalité, isolement et difficultés matérielles qui sont le lot des étudiants antillais. Il remporte le prix Renaudot en 1958 pour son premier roman, "La Lézarde". Jusqu'en 1959, il publie dans "Les Lettres nouvelles" des articles d'analyse et de critique littéraire, notamment à propos des enjeux de la littérature et de la poésie moderne, mais aussi de critique esthétique à propos de certains artistes. En 1956, il rejoint Roland Barthes au comité directeur de cette revue. De 1982 à 1988, il est directeur du Courrier de l'UNESCO. En 1989, il quitte l'UNESCO pour accepter la proposition qui lui est faite aux Etats-Unis où il est nommé "Distinguished University Professor" de l'Université d'Etat de Louisiane (LSU) à Baton Rouge où il dirige le Centre d'études françaises et francophones. Depuis longtemps, il est passionné par ces villes qu'il nomme "créoles" et par cette part créole justement de la Louisiane, qui occupe au Sud des Etats-Unis une position unique. Ce qui reste de la langue créole parlée par les Cajuns le frappe beaucoup, ainsi que les traits culturels originaux de la région et il organise des colloques pour dresser une sorte de trait d'union entre la Louisiane et les Antilles, où des conteurs créoles des deux communautés se rencontrent. Dans cette Louisiane où il reste jusqu'en 1995, il relit Faulkner et réexamine son cheminement littéraire ; malaise du Sud des Etats-Unis et névroses identitaires donnent un essai sur Faulkner en 1996. Son séjour à Baton Rouge est aussi le fruit d'un ouvrage d'entretiens avec Alexandre Leupin intitulé "Les entretiens de Baton Rouge". A propos de ces entretiens, Edouard Glissant a dit : "Je dois rendre grâce à Alexandre Leupin de m'avoir entraîné dans ces entretiens, où j'avais d'abord hésité à m'engager. Le sujet proposé, "L'approche du Moyen Age européen" me décida." Puis il est nommé "Distinguished Professor of french" à la City University of New York (CUNY).

Outre des ouvrages comme "Faulkner, Mississippi" en 1996, "Mémoires des esclavages" en 2007, il co-écrit des essais avec Patrick Chamoiseau, écrivain né à Fort-de-France et lauréat du prix Goncourt en 1992 pour son roman "Texaco". Parmi ses ouvrages, on peut citer "Quand les murs tombent. L'identité nationale hors-la-loi ? " en 2007 et "L'intraitable beauté du monde. Adresse à Barack Obama" en 2009.

Il est fait docteur Honoris Causa de la York University de Toronto en 1989 et de la West Indies University de Trinidad en 1993.

 

Dans l'annexe historique de la bibliothèque du Palais du Luxembourg, Jean-Pierre Elkabbach reçoit chaque semaine, pendant une heure, des auteurs, des experts, des scientifiques, des politiciens pour traiter des questions de notre temps autour de livres qui viennent de paraître. Le 8 mai 2009, il invitait Edouard Glisssant pour une émission intitulée "Esclavage et mémoire ; comment définir l'esclavage et comment le commémorer ?" à l'occasion de la journée de commémoration de l'esclavage chaque 10 mai. Pour Edouard Glissant, "l'exigence de la repentance est une preuve d'infériorité (..) Ce qui est intéressant est de conjoindre les mémoires; le grand travail est devant nous !" 

"Je sais, moi qui vous parle, ô astre, que ceux-là furent sanglants et nus ! (...) Un qu'on déporte d'Est en Ouest, pour quelles Indes, saviez-vous ? Sanglant et nu, de sang brûlé, nudité folle ; tandis que la mer se tait."

Le 4 décembre dernier, Laure Adler recevait Edouard Glissant dans son émission "Hors-Champs" sur France Culture.

 

En 2005, le réalisateur Guy Deslauriers a tourné à la Martinique un film intitulé "Biguine", une fabuleuse histoire d'une ville, Saint-Pierre, et de sa musique. A propos des musiques entendues dans ce film, Edouard Glissant a dit : "Ces musiques nées du silence, negro-spirituals et blues, biguines et calypsos, éclatées dans les barrios et les favelas, salsa et reggae, rassemblent en une parole diversifiée cela qui était crûment direct, douloureusement ravalé, patiemment différé. Elles sont le cri de la plantation, transfiguré en parole du monde."   

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