Les gaz d'échappement, pierre d'achoppement de notre bonne santé

Nous avons parlé dans ce blog des chansons du début des années 70 qui imaginaient des villes sans voitures pour réduire la pollution. Dans la décennie 60, le nombre des immatriculations n'avait cessé d'augmenter. En 1951, 154 956 voitures de tourisme avaient été immatriculées à Paris ; on avait compté 454 896 immatriculations en 1960. Le souhait de voir moins de véhicules circuler dans nos villes était déjà dans les esprits il y a 40 ans. Même si les véhicules sont maintenant plus propres et moins voraces en carburant, reprenons, comme une suite, mais pas une conclusion, à notre article du 19 février dernier, l'article de Marc Heimer paru dans le numéro de Paris Match daté du 21 mars 1964 sur les dangers de la pollution dans les villes, notamment à cause des gaz d'échappement (mais pas seulement) et intitulé L'air de nos villes est un poison. Nous ne reprendrons ici que les extraits qui parlent de la pollution automobile. De nombreuses municipalités européennes, dans ces années 2000, ont réduit, voire supprimé, la circulation des voitures dans les centres des villes par des diminutions du nombre de places de stationnement et par la volonté de développer les transports en commun et les modes de transport propres et silencieux, véhicules électriques et vélos en libre service par exemple. Précisons que nous écrivons cet article à un moment où le super sans plomb atteint un prix record (environ 1,60 € et un peu plus d'1,41 € pour le gasoil), les taxes représentant 80 % du prix du litre à la pompe.

"...Il convient malheureusement de constater que c'est d'ailleurs au niveau de l'automobile que se situe le plus grave danger d'empoisonnement de l'air. Tout au moins sur le plan de la nocivité brutale. Chaque moteur à explosion dégage de l'oxyde de carbone, des hydrocarbures imbrûlés, de l'hydrogène, des suies diverses et des composés à base de plomb. Une 4 CV expédie dans l'air ambiant un peu plus de 6 m3 d'oxyde de carbone à l'heure, une 11 CV 9 m3... Le laboratoire municipal de la préfecture de Police a réuni, à ce sujet, des statistiques qui ont un singulier don d'évocation. En trois ans, le taux d'oxyde de carbone dégagé par les véhicules à moteur a augmenté de 50 %. (...) Cela est grave, d'autant plus que - la chose est inexorable - l'augmentation du nombre de voitures fait se réduire du même coup la vitesse de leur écoulement dans les rues. Fait terrible, c'est justement lorsqu'elles roulent au ralenti que les automobiles répandent la plus grande quantité d'oxyde de carbone jusqu'à 12 % du total des gaz d'échappement dans certains cas.

(...) Et après ? N'y a-t-il vraiment rien d'autre de fait contre le magma monstrueux qqui recouvre les capitales du monde ? Pas de laboratoires dispendieux étudiant des procédés nouveaux de lutte contre le benzopyrène, mettant au point ce moteur électrique idéal qui supprimerait à la fois le bruit et l'odeur des automobiles ? Non ! Rien. Ah si ! peut-être, une loi californienne toute neuve qui demande, aux proporiétaires de voitures, d'adapter à leur véhicule un appareil de réglage des gaz d'échappement. Il coûte six dollars et réduit paraît-il d'un quart les émanations dangereuses du moteur.

Décidément, il ne este plus qu'à se tourner si l'on veut survivre, vers la solution verte : celle des arbres. Un hectare de forêt ou de parc peut filtrer chaque année deux millions de mètres cubes d'air et retenir prisonniers 4 800 kilos d'oxyde de carbone. Or Paris, si elle n'a pas déjà beaucoup d'arbres, tend à en avoir de moins en moins. L'essence les empêche de fleurir avant de les tuer précocement, de plus on déracine les survivants avec une régularité effrénée pour laisser un peu plus de place aux voitures particulières - c'est-à-dire à la mort sur quatre roues."

Ces lignes sont, répétons-le, extraites d'un article de Paris Match daté du 21 mars 1964. Pour des locations de véhicules électriques dont on voulait voir le développement dans les années 60, n'hésitez à cliquer sur le lien "location de voitures" disponible sur ce blog. Nous pensons que vous ne manquerez pas de réagir à cet article ;  vos commentaires seront les bienvenus.