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29 septembre 2011 4 29 /09 /septembre /2011 10:52

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Le 7 novembre 1659, après bien des péripéties et des rebondissements, était signé sur l'île des Faisans sur la Bidassoa, un traité qui partageait la Catalogne en deux parties inégales dont la chaîne des Pyrénées constituait la délimitation entre la France et l'Espagne. Ce traité ne portait pas que sur ce partage, mais comprenait bien d'autres clauses concernant l'Artois, les Flandres, le Hainaut et le Luxembourg. C'est la fin (enfin presque !) d'une lutte où le Roussillon est tour à tour possession française et espagnole. La France, en lutte contre les Habsbourg, est en guerre contre l'Espagne dirigée par cette dynastie. En 1637, les troupes françaises s'emparent du château de Leucate, dernier bastion avant la frontière espagnole qui passe par Salses. Mais cette guerre est aussi l'occasion pour les Catalans de s'allier à la France afin de se détacher de Madrid, de renforcer son autonomie, voire d'accéder à l'indépendance. En juin 1640, la ville de Perpignan ('Clef, mur et porte inexpugnable de l'Espagne' selon les Rois Catholiques) est bombardée. En septembre, a lieu à Céret une rencontre entre Ramon de Guimera et des maréchaux français sur les modalités d'une aide militaire française aux Catalans. Cette aide est confirmée par la conférence de Barcelone en octobre 1640. Le 23 janvier 1641, le roi Louis XIII est proclamé comte de Barcelone. Trois jours plus tard, les Espagnols sont défaits à Monjuïc par des troupes franco-catalanes. En septembre 1642, le Roussilon (Perpignan) est occupé par les Français. Mais l'année 1644 voit pour les Catalans le début de la défaite : Lerida, Tarragona et Balaguer sont reprises par les armées de Philippe IV. En 1646, la France propose de rendre la Catalogne, Roussillon compris, à l'Espagne en échange des Pays-Bas espagnols et une trêve dans les Provinces-Unies et au Portugal : refus de Madrid. La Paix de Westphalie du 24 octobre 1648 accorde les Trois-Evêchés (Metz, Toul et Verdun) à la France ainsi que l'Alsace et des têtes de pont comme Brisach. La guerre franco-espagnole n'en est pas finie pour autant. En 1652, Barcelone tombe et l'armée espagnole entre triomphalement dans la ville. En 1659, est signé le traité des Pyrénées contesté par la Generalitat de Catalogne ; l'année suivante, des conférences à Céret délimité le tracé de la nbouvelle frontière. Mais cette frontière ne sera jalonnée qu'en 1866/1868, lors des traités de Bayonne entre l'Empire et le royaume d'Espagne. Entre temps, la frontière, mal définie, son tracé vers Coustouges (Pyrénées-Orientales) abandonnant la ligne de crête pour suivre le cours supérieur d'une rivière, la Muga - ce qui constitue une entorse au principe fondateur frontalier -, fait naître un 'no man's land' qui sera propice à la contrebande et aux trafics divers dont les crimes des trabucaires (première moitié du 19ème siècle) seront un exemple majeur.

Le Roussillon devenu français est peuplé de gens qui ne s'expriment qu'en catalan. Le roi de France, Louis XIV, va instaurer des mesures en faveur de l'enseignement du français et va interdire dès 1661, à toute personne d'aller suivre ses études dans le Principat (Catalogne-Sud). Mais la pénétration de la langue française est lente, les notaires, les universitaires, les savants continuant de rédiger leurs écrits en catalan et en latin. Mais énervé par le fait que quarante après la signature du traité, la langue catalane soit encore le pricipal idiome véhiculé en Roussillon, Louis XIV édite une interdiction officielle de la langue catalane, en avril 1700 :

"Mais outre que cet usage répugne et est en quelque façon contraire à notre autorité, à l'honneur de la nation française et même à l'inclination des habitants des dits Pays (*), lesquels en toute occasion ne témoignent pas moins de zèle et d'affection pour notre service que nos anciens sujets : Ils en reçoivent d'aileurs beaucoup de préjudice, en ce que pour faire instruire leurs enfants dans la dite langue catalane, et les rendre par là capables d'exercer les charges juridiques et de la magistrature ; ils se trouvent obligés de les envoyer étudier dans les villes de la domination d'Espagne, ce qui leur cause de grands frais. Nous avons jugé que pour remédier à ces inconvénients, il était à propos d'ordonner qu'à l'avenir toutes les procédures et les actes publics qui se feront dans les dits Pays, seront couchés en langue française."

Le traité et les mauvais traitements n'enlevèrent cependant pas à Perpignan son caractère particulier au point que Charles Didier, auteur de "Une année en Espagne", écrira en 1837 : "Il y a une architecture catalane dont on saisit les caractères avant même d'avoir franchi les Pyrénées, en mettant le pied dans le Roussillon ; Perpignan est déjà presque une ville espagnole." 

 

(*) Roussillon, Conflent, Cerdagne.     

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