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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 09:54

 

 

 

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Au coeur de Madrid, le parc du Buen Retiro, poumon vert de 130 hectares, constitue, à deux pas du musée du Prado, un lieu de promenade et de divertissement avec son lac, bordé d'un monument à Alphonse XII, où l'on peut louer des barques, son palais de Cristal, inspiré du Crystal Palace de Londres, qui sert de cadre à des expositions, ses massifs d'arbres, sa roseraie et son allée bordée de statues des souverains espagnols. Josep Sebastià Pons, après avoir effectué un séjour linguistique à Madrid en 1906 (voir notre article du 10 février 2012), a écrit dans une autobiographie intitulée L'oiseau tranquille : "Je n'oserai décrire ce parc justement célèbre, ses palais, ses colonnades, ses pièces d'eau... Il reste pour moi le domaine de G. A. Becquer." En 2011, l'eau pétillante "Vichy catalan" rendait hommage, sur l'étiquette de ces bouteilles, à cet écrivain espagnol méconnu en France et dont c'était le 175ème anniversaire de la naissance : G. A. Becquer (1836-2011), Rimas y Leyendas, pouvait-on lire sur les dites étiquettes. Pons n'a eu la chance de croiser Becquer, mort en 1870 sans avoir pu procéder à l'édition de ses poèmes qu'il fut obligé de reconstituer de mémoire après avoir perdu le manuscrit original au cours de la Révolution de 1868. Mais Pons précise que "encore adolescent, l'automne de 1854, Becquer était venu de Séville pour occuper un lit de sangle dans une pension de la rue Hortaleza. Il faut lire les pages qu'il consacrait aux jardins de Madrid et au Buen Retiro en particulier. Il observait que le décor végétal et l'aspect des personnes changeait selon les allées. Il y avait rencontré le clochard qui dort au pied d'un arbre, du bon sommeil de ses espérances incertaines. Il y avait vu gesticuler le philosophe hirsute et le mélancolique errer à l'ombre des pins et des cyprès."

Le parc du Buen Retiro, ouvert au public en 1869 par la reine Isabelle II, a été déclaré Jardin artistique historique par décret du 8 février 1935. C'est dans ce même parc que des années plus tard, alors que Becquer reposait en paix et que Pons était devenu professeur d'espagnol, que le jeune Jorge Semprun, né en décembre 1923, "joue naturellement avec d'autres fils de la haute bourgeoisie. Parfois, leur petit groupe est provoqué par d'autres bandes d'enfants venues de Vallecas ou de Cuatro Caminos qui veulent 'en découdre ave les fils de la bourgeoisie'. En général, les choses se passent plutôt bien. Il n'y a guère de batailles rangées, cela s'arrête aux investives." (1) Le parc du Buen Retiro s'étend à deux pas de l'immeuble du 12 de la calle Alfonso XI où vivent Jorge Semprun et sa famille, ce parc où, comme dans tous les jardins madrilènes, on peut observer d'autres espèces d'oiseaux que les habituels pigeons et moineaux. Certains vivent dans le parc toute l'année, comme l'étourneau, et font leur nid dans les arbres ou arbustes. D'autres comme le rouge-gorge, n'y viennent qu'en hiver à la recherche de nourriture et d'un refuge contre le froid. Des panneaux à l'adresse des promeneurs apprennent à différencier et à faire connaître les différents oiseaux et leurs habitudes pour mieux faire compendre la nécessité de les protéger et de respecter leur milieu ambiant. "Un jour d'avril 1931, les enfants quittent le parc en courant, car on les attend, ils ne doivent pas être en retard, et trouvent l'allée des Statues dans un drôle d'état : les rois de pierre sont, pour certains, décapités, d'autres ont les membres épars. Sancho IV el Bravo, Alonso Primero, Carlos I, Gundemaro, Don Fernando et les neuf autres rois fondateurs ont mordu la poussière... La foule en liesse a fêté à sa façon le 14 avril. Elle préfigure d'autres foules, d'autres drapeaux, d'autres troupeaux, d'autres gens fracassés. Le destin, non satisfait de ce premier indice, en la^che un second... Nous sommes le 3 juin 1936, des groupes d'ouvriers venus des quartiers périphériques manifestent dans les allées du Retiro, parcourent et reparcourent, en criant, en hurlant, en vociférant, les allées de ce qui sera la future mémoire enfantine, sa demeure. C'est le dernier mois de juin d'avant la guerre civile." (1)

   

 

(1) Le Madrid de Jorge Semprun par Gérard de Cortanze (Editions du Chêne, 1997)   

 

Photo, l'immeuble où Jorge Semprun a passé son enfance à deux pas du parc du Buen Retiro (Madrid). 

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