Quand face trahit pile : un voyage en Méditerranée mais pas à l'endroit que vous croyiez

Je ne suis jamais allé à Kos. Où pouvait bien avoir été prise cette vue insérée dans mon album sur mes photos de Grèce ?  Je connais peu d'îles en Grèce : la Crète, Egine, Corfou, des endroits où je suis resté pendant une semaine, parfois pour seulement un petit jour. Le 24 janvier, quand je me suis réveillé à 5 heures 30 avec la ferme intention de m'évader pour quelques heures, d'aller loin de chez moi tout en étant près, il faisait 8° et encore nuit. La route du Perthus était tranquille, il n'y avait pas de circulation, pas encore de gens qui attendent dans la ville-frontière l'ouverture des magasins de tabac et qui redescendent vers Perpignan après leurs emplettes effectuées pour être à l'heure au travail. J'arrivai à l'Escala avant le lever du soleil. Une cobla m'attendait dans le bruit des vagues qui se jetaient contre les rochers, mais aucun son ne sortait des instruments ; il était trop peut-être pour danser la sardane. Une personne bien attentionnée avait mis un gant dans la main d'un des musiciens. Le vent vif obligeait les mouettes à déployer leurs ailes dans un effort sur-aviaire pour leur permettre de voler. Les quelques personnes que je croisais me lancaient un "hola" rapide mais cordial. J'avais toute la journée pour moi et la baie de Rosas m'encerclait dans des couleurs qui changeaient à chaque minute et qui allaient du bleu marine au gris, du blanc cassé au jaune quand le soleil apparut soudain derrière les collines. Un petit port, où quelques barques attendaient des pêcheurs que je vis pas, faisait face à ce site archéologique que les Grecs baptisèrent du nom d'Emporion, le commerce. Venus de Phocée, dans l'actuelle Turquie, ils laissèrent là des vestiges que je visitai après une promenade dans ce charmant village de Sant Marti d'Empuries, autrefois îlot qui aurait pu prendre le nom de Rhodes Island, cette île du Dodécanèse ayant inspiré bien des découvreurs. La ville de Roses ne trouve-t-elle pas son éthymologie dans ce même nom ? Mais le site archéologique d'Empuries nous donne bien d'autres surprises : Un site romain avec forum, amphithéâtre et thermes qui noius donne l'impression de faire deux voyages en un seul : un côté pile, comme une croisière entre mer Egée et Latium ; un côté face, une promenade loin de chez soi quand on est tout près avec vue sur le Canigou enneigé. Face a-t-il trahi pile, ou face n'est-il que le prolongement de voyages que j'ai fait il y a bien des années et que je m'amuse à refaire sans marcher sur mes pas d'autrefois ? 

Photo, le site archéologique d'Empuries (Catalogne Sud) avec vue sur la baie de Roses, le 24 janvier 2012 .