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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 08:52

 

Nijinski est décédé en 1950. Sa tombe se trouve dans la 22ème division du cimetière Montmartre à Paris (France).

"Nijinski étincelait, se tordait et bondissait comme une flamme folle au seul souffle de la musique magique. En 1910, il révélait Igor Stravinski, avec l'Oiseau de feu : c'était déjà une rencontre d'un autre univers que l'attelage de ce sorcier de la danse, né tout dessiné des murs mêmes des palais en délire de Saint-Pétersbourg et de ce bonhomme myope aux cheveux collés et aux dents âgées, assez candide pour penser lancer la mode et l'élégance avec un pantalon moutarde, un veston crème, une chemise bleue et des bottines citron." (1)

En 1909, Serge Diaghilev engageait Nijinski (né en 1890 à Kiev), qui après avoir débuté au Théâtre Marie de Saint-Pétersbourg, allait affirmer, pendant quelques années au sein de la troupe des Ballets russes, des qualités exceptionnelles.

"Nijinski était d'une taille au-dessous de la moyenne. D'âme et de corps il n'était que déformation professionnelle.

Sa figure, du type mongol, était reliée au corps par un cou très haut et très large. Les muscles de ses cuisses et ceux de ses mollets tendaient l'étoffe du pantalon et lui donnaient l'air d'avoir des jambes arquées en arrière. Ses doigts étaient courts et comme tranchés aux phalanges. Bref on n'aurait jamais pu croire que ce petit singe aux cheveux rares, vêtu d'un pardessus à jupe, coiffé d'un chapeau en équilibre au sommet du crâne, c'était l'idole du public." (2)

Ses interprétations ont fait date dans l'histoire de la danse dans Le Spectre à la Rose et aussi dans l'Après-midi d'un faune - chorégraphié par Nijinski sur une musique composée par Claude Debussy en 1893 -, où l'ampleur de ses bonds firent l'admiration du public. Il voulait, par sa perfection de la technique, la beauté de l'expression et par son pouvoir de séduction, donner au danseur masculin un rôle équivalent à celui que la première ballerine avait dans les ballets classiques.

"Avant la première du Faune, à souper chez Larue, il nous étonna, plusieurs jours, par les mouvements de tête d'un torticolis. Diaghilev et Bakst s'inquiétaient, l'interrogeaient, n'en tiraient aucune réponse. Nous apprîmes ensuite qu'il s'entraînait au poids des cornes. Je citerais mille exemples de cette perpétuelle étude qui le rendait maussade et boudeur." (2)

"Ayant trop connu le triomphe de la grâce, il la repousse. Il cherche systématiquement à rebours de ce qui lui vaut sa gloire ; pour fuir de vieilles formules, il s'enferme dans des formules nouvelles. Mais Nijinski est un moujik, un Raspoutine ; il porte en lui le fluide qui soulève les foules et il méprise le public (auquel il ne renonce pas à plaire)." (3)

Après avoir triomphé dans plusieurs théâtres parisiens, la troupe des Ballets russes s'embarque pour l'Amérique du Sud en 1913. Diaghilev, qui déteste les voyages en mer, reste en Europe. C'est au cous de cette tournée que Nijinski épouse à Buenos Aires une danseuse de la troupe Romala de Pulszky. A l'annonce de cette nouvelle, Diaghilev furieux et jaloux rompt l'engagement  qui le liait à la troupe. Malgré une timide réconciliation avec le directeur des Ballets russes, la santé déjà altérée du danseur périclita ; il dut faire des séjours dans de nombreux établissements de repos. Il mourut à Londres en 1950. Sa soeur Bronislava (née en 1891) dansait aussi dans la troupe des Ballets russes. Pour elle, elle composa de nombreux ballets puis, après la mort de Diaghilev survenue à Venise en août 1929, s'exila aux Etats-Unis où elle créa une école de danse.    

    

 

(1) Arthur Conte dans Le Premier janvier 1920 (Plon) 

(2) Jean Cocteau dans De Diaghilev et de Nijinski (La Difficulté d'être)

(3) Jean Cocteau dans Le Coq et l'Arlequin 

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