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15 février 2019 5 15 /02 /février /2019 14:03

Mesdames et messieurs, voici que commence la visite du centre historique de Perpignan. Alphonse Daudet aurait pu dire : "Qui n'a pas vu Perpignan du temps de la Belle Epoque, n'a rien vu." Comme l'a écrit Albert Bausil en 1926 dans Le Coq Catalan : " Quels jolis contes de notre moulin vous auriez écrit, dans ce Roussillon où les agents de ville (...) n'ayant que des fleurs à garder, n'ont à dresser des procès-verbaux que contre les cueilleuses de mimosas !" Suivons si vous le voulez bien le guide qui nous a donné rendez-vous devant le Castillet côté place de Verdun. Le thème de cette série d'articles n'étant pas Perpignan au Moyen-Age ou sous la Renaissance, je ne m'étendrai pas sur l'historique de ce bâtiment emblématique - comme on dit souvent aujourd'hui - de Perpignan. Disons simplement que, comme le souligne le Guide Vert Michelin, "ses deux tours sont couronnées de créneaux et de mâchicoulis exceptionnellement hauts ; remarquer leurs fenêtres à grilles de fer forgé". (1) Disons aussi que pendant quelques années après la découverte du squelette d'un enfant dans un réduit dont la fenêtre était murée - cela devait être en 1948 ou 1949 -, on a cru que le fils du roi Louis XVI était mort là et non à la prison du Temple à Paris. Le guide nous fait maintenant passer sous la porte Notre-Dame (à droite de la photo ci-dessous) et nous emmène vers le boulevard Wilson en laissant sur notre gauche le pont à dos-d'âne qui datant du 16ème siècle en fait le plus vieux pont de Perpignan sur la Basse.

 

Baptisé du nom du 28ème président des Etats-Unis d'Amérique - Thomas Woodrow Wilson - après la Première guerre mondiale, ce boulevard s'appelait, en 1914, boulevard de la Méditerranée. Conçu comme une prestigieuse sortie vers la mer, il a été aménagé ainsi que les immeubles qui le bordent sur les terrains laissés vacants par la démolition des remparts au début du 20ème siècle. En juillet 1901, la Chambre des députés votait le déclassement des fortifications à l'exception de celle de la Citadelle (Palais des rois de Majorque). Quelques années plus tôt, on avait jugé qu'en raison du perfectionnement de l'armement, les remparts de Perpignan ne présentaient plus d'intérêt pour la défense de la ville. Il devenait alors possible de démolir le mur d'enceinte. Comme la municipalité ne possédait pas les sous pour financer cette démolition, elle fit appel à des promoteurs dont le plus célèbre se nomme Edmond Bartissol. Créateur de l'apéritif éponyme - si cette boisson était encore en vogue dans les années 1980, je me souviens que Pierre Bellemare en faisait la publicité sur Europe 1 dans une émission qu'il animait, il y a cependant bien longtemps que je n'ai vu de bouteilles de Bartissol chez les cavistes -, donc disais-je, Edmond Bartissol, créateur d'une boisson alcoolisée (aujourd'hui on doit ajouter qu'il faut la consommer avec modération !), mais aussi ingénieur des travaux publics qui participa notamment au percement du canal de Suez, à la construction de lignes ferroviaires en Espagne et au Portugal, il fut député des Pyrénées-Orientales de 1889 à 1893 puis de 1902 à 1910, et pour finir cette courte biographie, maire de Fleury-Mérogis dans le département de la Seine-et-Oise. Edmond Bartissol (décédé le 16 août 1916 à Paris) a largement contribué à l'aménagement du boulevard de la Méditerranée dont une rue perpendiculaire porte le nom. Au cours de la législature 1902-1906, il s'est surtout occupé des problèmes viticoles, a déposé une proposition de loi sur la répression des fraudes et une autre pour la construction d'un canal de dérivation de la Seine à Paris.

 

Parmi les immeubles construits dès que les remparts furent démolis, on peut citer la maison de l'Américaine (1909) sur les plans de l'architecte Claudius Trenet qui n'était autre que le grand-père de Charles, le "fou chantant", édifiée pour la riche veuve d'un sud-américain, le Cinéma-Castillet imaginé par Joan Font, de l'architecte Edmond Montès (1911) avec en façade des sculptures de Alexandre Guénot et un immeuble au n° 7 par Henry Sicart qui date de 1912. A côté du cinéma, Font fit ouvrir un café et un salon de patinage dont le souvenir ("Skating") est encore visible sur le globe au sommet du bâtiment. D'autres constructions suivront et le boulevard ne sera achevé - malgré quelques modifications à la fin du 20ème siècle - que dans l'entre-deux-guerres.

    

En face du boulevard de la Méditerranée, s'étend la promenade des Platanes aménagée hors les murs en 1808 et prolongée par un jardin public dans les années 1870, qui devint vite le lieu de déambulation favori des Perpignanais : Expositions, fête foraine de la Saint-Martin, carnaval, concerts, spectacles circassiens y avaient lieu. Au bout de la promenade, se dressait le monument aux morts de la guerre de 1870, monument qui sera expédié cinq cents mètres plus loin lors de la construction du palais des congrès dans les années 1970.

"Aux Monument des Morts qu'on appelait Mobiles

Assassinés pour rien sous Napoléon III,

On déchiffrait des noms mais c'était difficile

Et, debout sur le mur, on dominait les bois." (2)

Le Café du Square, joli petit édicule édifié en 1911 - qui se trouvait au coin de la rue Delcros et du boulevard Wilson - où venaient se désaltérer de nombreux promeneurs du dimanche, sera démoli en 1919.

 

Le guide nous emmène maintenant vers le boulevard Clemenceau via le pont à dos-d'âne. Nous le suivons pas à pas...

            

(1) Le Guide Vert, Languedoc Roussillon Gorges du Tarn Cévennes (Michelin Editions des Voyages, 2001)

(2) Extrait du poème L'Enfance de Bernard Dimey (Christian Pirot, 1991)

Le Castillet (14ème siècle), côté place de Verdun, Perpignan

Le Castillet (14ème siècle), côté place de Verdun, Perpignan

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