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7 avril 2021 3 07 /04 /avril /2021 10:36

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

1846 : L'année même où Gustave Flaubert voit mourir son père (janvier) puis sa soeur (mars) et qu'il rencontre chez James Pradier, Louise Colet avec qui il aura une relation tumultueuse, la France est gouvernée par Louis-Philippe. C'est la monarchie de Juillet, juillet comme les jours (27, 28 et 29) du mois de juillet 1830 qui mirent fin au règne de Charles X sous la pression populaire et qui virent l'installation au palais des Tuileries de Louis-Philippe d'Orléans, roi des Français. Son règne sera loin d'être un long fleuve tranquille. Celui que le caricaturiste Honoré Daumier représente en forme de poire, n'échappera ni aux insurrections, ni aux attentats contre sa personne, ni aux malheurs familiaux.

 

Tout avait pourtant bien commencé avec la loi d'avril 1831 qui abaissait le cens électoral et le cens d'éligibilité. Désormais, pour être électeur, il suffit d'avoir 25 ans et de payer 200 francs d'impôt ; pour être élu, il suffit d'avoir 30 ans et de payer 500 francs d'impôt. Pourtant lors des élections législatives du 1er août 1846 (les dernières de la monarchie de Juillet), le nombre d'électeurs n'atteindra que 240 000, chiffre infime au regard de la population française. Ceux qui espéraient que la démocratie succéderait au régime autoritaire de Charles X sont déçus. En ce qui concerne le pouvoir législatif, la monarchie de Juillet renforça la pratique du parlementarisme - la responsabilité des ministres devant le Parlement n'étant plus contestée -, les Chambres partageaient désormais l'initiative des lois avec le roi et la pratique de l'interpellation (question d'un député donnant lieu à un débat après la réponse d'un ministre) se développa. Mais dans la rue, la révolte gronde. A Lyon, les canuts se révoltent (novembre 1831) suivis par des ouvriers (avril 1834) mécontents de la dissolution d'une société de secours mutuel en vertu de la loi interdisant les associations. A Paris, le 13 avril 1834, une émeute dans la rue Transnonain dans le 10ème* arrondissement (actuelle rue Beaubourg, Paris 3ème) et dans les rues adjacentes fait de nombreuses victimes après l'envoi sur place de plusieurs milliers d'hommes de troupe pour mater les insurgés. Les soldats enfonceront les portes du 12 de la rue Transnonain et y massacreront tous les habitants.

 

Le roi sera visé par des attentats en 1835 et en 1840 et Louis-Napoléon Bonaparte tentera plusieurs fois de prendre le pouvoir par la force avant d'être emprisonné au château de Ham (Somme) d'où il s'évadera en mai 1846 sous les traits d'un maçon nommé Badinguet. En plus de ces péripéties, le roi a la douleur de perdre sa fille Marie d'Orléans à l'âge de 25 ans en 1839 (peintre douée, elle avait été l'élève de Ary Scheffer) puis, en 1842, son fils aîné, sautant d'une calèche tirée par des chevaux en furie, se tue en se brisant le crâne ; il avait 32 ans. Un événement heureux aura cependant lieu un an plus tard lorsque François-Ferdinand d'Orléans, troisième fils de Louis-Philippe, épousera à Rio de Janeiro Dona Francisca de Bragança, fille de Pedro Ier Empereur du Brésil. Ary Scheffer fera le portrait de la Princesse de Joinville en 1844, tableau acquis par la Ville de Paris pour le musée de la Vie romantique de la rue Chaptal (9ème arrdt). Le progrès industriel, le bon bilan économique des années 1840-1846 n'empêcheront pas de faire naître une grande injustice sociale. Les mauvaises récoltes de 1845 et de 1846 ne provoquent que cherté du pain, spéculation et disette. Une affaire de corruption éclaboussant le Gouvernement Guizot portera le coup fatal qui mettra fin à la monarchie de Juillet en 1848. 

 

Pendant le règne de Louis-Philippe, Paris se transformera sous l'impulsion du préfet de la Seine Claude Barthelot, comte de Rambuteau entre 1833 et 1848. Avec peu de moyens (contrairement à son successeur Haussmann), il aménagera cependant avenues et places.

On lui doit d'avoir achevé la construction de l'Arc de Triomphe (inauguré en juillet 1836) avec la pose des hauts-reliefs et des sculptures dues notamment à Etex, Cortot, Rude (la Marseillaise ou Le Départ de 1792), Pradier (les Renommées placées sur les tympans des grands arcs) et celle de l'église de la Madeleine en 1842.

L'érection de l'obélisque de Louksor en 1836 et l'installation des statues symbolisant des villes de France (dont Lille et Strasbourg par Pradier) changèrent l'aspect de la place de la Concorde.

L'inauguration de la première ligne de chemin de fer (ligne Paris-Le Pecq en 1837) engendra la construction de la gare Saint-Lazare (1843).

Pour la construction de nouvelles églises comme la basilique Sainte-Clotilde (7ème arrdt) dont les travaux commencèrent en 1846, Rambuteau imposera le retour au gothique, style délaissé à Paris depuis la Renaissance.

Sur l'île de la Cité, Rambuteau fait percer la rue d'Arcole entre la cathédrale Notre-Dame et le pont éponyme jeté entre l'île et la place de l'Hôtel de Ville ce qui engendra la disparition de trois rues médiévales aux immeubles insalubres ainsi que celle de l'église St-Pierre-aux-Boeufs (XIIème siècle) dont le portail démonté pierre par pierre orne depuis 1837 l'entrée de l'église St-Séverin. Haussmann, mécontent du tracé de la rue et afin de lui permettre de construire le nouvel Hôtel-Dieu en changera le tracé. Rambuteau fera aussi percer la rue de Constantine dans le 9ème* arrondissement (aujourd'hui rue de Lutèce, 4ème arrdt) entre la rue d'Arcole et le Palais de justice, rue que son successeur transformera complètement en faisant raser les immeubles construits vingt ans plus tôt.

Sur la rive droite, il fera aménager en 1838 la rue qui porte son nom. Sur l'emplacement de l'Opéra démoli à la suite de l'assassinat en 1820 du duc de Berry, un square (Louvois) est aménagé en 1839 et orné en 1844 d'une fontaine par Visconti. Un nouvel Opéra construit en 1821 dans la rue Le Peletier donnera, sous le règne de Louis-Philippe, opéras et ballets. La salle Favart (Opéra-Comique) qui accueillit les troupes de l'Opéra entre 1820 et 1821, et détruite par un incendie en 1838 rouvrira en 1840 (place Boieldieu). Sur le boulevard du Temple, des théâtres proposent des spectacles dont le théâtre des Funambules où Deburau et Frédérick Lemaître firent leurs débuts.

Sous la monarchie de Juillet, les établissements à la mode sont sur le boulevard des Italiens, le café Anglais (n°13), le café Hardy (où l'on pouvait déguster les meilleures côtelettes de Paris) auquel succéda en 1840 la Maison Dorée (n°20), le café Tortoni (n°22). La vogue de la Maison Dorée surpassait, dans les années 1840, celle des autres cafés. L'établissement comportait deux parties, l'une sur le boulevard pour les clients de passage, l'autre plus intime constituée de "cabinets" pour les habitués et les personnalités. Frédéric Chopin donne rendez-vous à son ami Albert Grzymala en ces termes "demain jeudi à 5h. 3/4 ou à 6 heures au Café doré en cabinet particulier". L'immeuble est désormais le siège d'une banque.    

 

C'est ce Paris en pleine transformation que Gustave Flaubert et Maxime Du Camp quittent le 1er mai 1847 pour trois mois à la découverte de l'Anjou, de la Touraine et de la Bretagne.

 

 

Sources :

 

Dictionnaire historique des rues de Paris par Jacques Hillairet (Les Editions de Minuit, 1964)

La Révolution 1770-1880 par François Furet (Hachette, 1988)

Plan itinéraire de Paris par arrondissements en 1850 (Archives & Culture, 2007)

Histoire de Paris par Pierre Lavedan (Presses Universitaires de France, 1977)

 

 

                     

                     

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