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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 21:17

 

006-copie-4.JPGCe soir, à la bibliothèque du Centre culturel de Cabestany, a eu lieu une rencontre-débat avec Nicole Yrle autour de son dernier ouvrage, véritable épopée humaine, paru en novembre dernier sur le thème de l'usine de dynamite de Paulilles et intitulé "Les Dames de Paulilles".

 

Nicole Yrle, qui vit à Perpignan depuis dix-sept ans, a été enseignante au lycée Arago, et cultive désormais son jardin, au propre comme au figuré, et consacre une grande partie de son temps à l'écriture de romans. Car ce livre est bien un roman, ces personnages sont de fiction, même si le décor a bien existé. Car, au grand étonnement des dizaines de personnes qui se promènent sur le site magnifique réaménagé en 2008, il y a bien eu une usine de fabrication de dynamite à Paulilles. Ce site de trente-deux hectares, racheté par le Conservatoire du littoral avec l'aide du Conseil général des Pyrénées-Orientales, comptait quatre-vingts bâtiments (usines de fabrication, maison du directeur, village). Le site, une anse, avait été choisi car naturellement protégé avec un débouché sur la mer pour le débarquement des matériaux pour la fabrication de la dynamite et l'embarquement de la marchandise vers d'autres horizons, L'usine a commencé de fonctionner en 1870 même si la date officielle des débuts de son activité est 1875. Seulement neuf bâtiments ont été gardés, le village avec ses logements et son école a disparu. Quatre cents personnes y travaillaient pour fabriquer la dynamite (1) qui servait à creuser des tunnels pour des routes, des voies ferrées, mais aussi pour des besoins militaires, toujours dans la solidarité ouvrière, souvent au péril de leur vie : accidents, maladies professionnelles (saturnisme lié au plomb, maladies cardiaques dues à la respiration de vapeurs nocives). Les ouvriers ne parlent pas de la dynamite mais de la matière, par délicatesse, parce qu'ils aiment leur métier même si la vie à Paulilles est difficile malgré ses bons moments. L'auteure a rappelé que de nombreux Annamites ou Indochinois (ils ont été jusqu'à mille au cours de l'histoire de l'usine) ont travaillé ici.

Nicole Yrle a parfaitement su restituer l'atmosphère de la vie quotidienne à Paulilles devant un public conquis et pressé de se (re)plonger dans son livre.

 

"La détresse du jeune Catalan était si poignante que les trois amis se sentirent envahis par la honte. Honte que l'on commît des actes aussi inhumains presque sous leurs yeux, honte de ne rien faire eux-mêmes pour que cessât pareille indignité. Honte de rire, de s'amuser en ce jour de fête. On entendait les musiciens du Réveil banyulenc accorder leurs instruments car, sur la place du village, le bal alalit commencer. Une odeur chaude de bunyetes (2) flottait dans l'air et l'on voyait partout des pyramides dorées, saupoudrées de sucre. La veille, la balade des jeunes, promenant de mas en mas leurs cistelles (3) en chantant des goigs (4) avait rapporté une imposante quantité d'oeufs et de victuailles diverses. Depuis le matin, des femmes s'activaient pour confectionner les gourmandises. Les omelettes avaient disparu et l'on se régalait désormais du délicieux beignet."

 

Le roman de Nicole Yrle est édité aux éditions du Cap Béar.

 

(1) En 1880, on fabriquait à Paulilles 500 tonnes de dynamite ; dans les années 1960, c'était 4 000 tonnes.

(2) Galettes que l'on consomme à Pâques.

(3) Paniers d'osier à anse.

(4) Chants populaires chantés la veille du dimanche de Pâques.

 

 

 

  

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