Se présenter à une élection pour garder le cap : la candidature de Captain Cap

Les élections législatives approchent : elles auront lieu les 10 et 17 juin 2012. Dans les articles d'aujourd'hui, samedi 12 mai, et d'hier du blog de Michel Cristofol (Voir le lien ci-contre), la candidature d'un personnage farfelu, qui ne veut recueillir les suffrages des électeurs que pour rire et se moquer de la politique, est détaillée, programme et soutiens à l'appui. Le 19ème siècle - le 20ème aussi -, a vu fleurir les candidatures loufoques de nombreux personnages dont certains briguaient les suffrages des électeurs sous de faux noms ou des sobriquets.

C'est le cas d'Albert Caperon, mieux connu sous le nom de Captain Cap. En 1893, ce joyeux luron, soutenu par Georges Courteline, Emile Goudeau et Alphonse Allais, décide de se présenter à la députation dans la 2ème circonscription du 9ème arrondissement de Paris. Contre le député sortant Georges Berger, républicain modéré et son concurrent de gauche Paul Strauss, radical, ancien socialiste, il espère bien l'emporter avec un programme anti-bureaucrate et anti-européen.

La profession de foi du Captain Cap commence par ces mots : "Saint-Just a dit : "Vous avez renversé l'aristocratie mais vous avez créé la bureaucratie." Il y a cent ans de cela et aujourd'hui la bureaucratie est plus que jamais toute puissante. Elle a tout englobé, tout absorbé, tout envahi. C'est elle qui étouffe les génies et tue les grandes idées. Elle est la plaie européenne et l'entrave à tout progrès."

Le programme tenait en plusieurs thèmes dont les principaux étaient les suivants :

- Etablissement d'un fort sur la Butte Montmartre ;

- Etablissement d'un observatoire sur la même Butte ;

- La place Pigalle, port de mer ;

- Suppression de l'impôt sur les bicyclettes ;

- Rétablissement de la licence dans les rues au point de vue de la repopulation ;

- Continuation de l'avenue Trudaine jusqu'aux Grands Boulevards ;

- Suppression de la bureaucratie ;

- Etablissement sur la Butte d'une plaza de toros et d'une piste nautique ;

- Suppression de l'Ecole des Beaux-Arts, etc.

Alphonse Allais ne disait-il pas : "Le rire est à l'homme ce que la bière est à la pression."

Cependant le programme du Captain Cap a été loin de faire le plein des voix ; Berger est réélu dès le premier tour avec 4 400 voix sur 8 298 votants (chiffres donnés par le site internet de l'Assemblée Nationale).  Seulement 176 électeurs ont adhéré aux idées du candidat anti-bureaucrate (2,22 % des suffrages exprimés). Sans lien de cause à effet, Albert Caperon est décédé prématurément en 1898 à l'âge de 33 ans. Alphonse Allais dira : "Partir, c'est mourir un peu ; mourir, c'est partir tout à fait."