Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 14:09

numerisation0001-copie-4.jpg 

 

"A Mardi Gras, à La Nouvelle-Orléans, le carton-pâte gouaille aux balcons ornés de fer forgé. Rires gaulois sous les mantilles sévillanes. Traditions de la vieille Europe respectées depuis deux siècles dans ce pays qui aime la joie de vivre."

 

"Throw me something, Mister" New York a son "Wall Street", Los Angeles son "Hollywood", Detroit ses "chars", et La Nouvelle-Orléans son "Mardi Gras". Dès la fin du 17ème siècle, les Français avaient déjà dénommé "bayou Mardi Gras" un endroit du Mississippi. Le Mardi Gras a survécu et sa devise demeure :"Dum vivimus vivamos". Pour une semaine de parades, bals et débauches gastronomiques, les Néo-Orléanais travaillent pendant de logs mois car, si l'élite sociale se doit de préserver les traditions ethniques, politiques et commerciales, le reste de la population s'acharne à les briser. La "High Society" sélectionne minutieusement les rois, reines et leur cour ; ses femmes rêvent d'éclipser celles d'antan, tandis que ses hommes frénétiquement prient Mercure. Pour les Noirs, le phénomène a tout autant d'importance car, si le roi Zulu est une parodie de Rex, autant d'émotion y est accordée. Cette foule ajoute un million de profanes au million d'initiés ; elle envahit les ho^tels, motels, aéroports, gares, parcs, familles, amis, les moindres connaissances.

Des centaines d'orchestres mugissent entre de mignonnes majorettes. Des milliers de faveurs pleuvent sur cette foule bienveillante et, bien que d'aucune valeur marchande, elles deviennent, sous forme de colliers de plastique et de doublons dorés ou argentés, le symbole d'idoles paiennes oubliées.

Ghislaine Pleasonton citée dans le livre de Michel Tauriac "La Louisiane aujourd'hui"

 

"Et voilà que soudain je me rappelle de quel ton de chaleur il y a quelques jours la belle Mme A... me disait les yeux aux anges : -"Ah ! le carnaval de Perpignan ! c'est le seul où l'on sente l'ivresse unanime d'une cité ; entre la musique et la ville comme une sorte d'accouplement."

Le trombone gonfle ses joues de vent. La flûte baise le vent. Oui, tout cela, tout ce tapage divin, toute cette harmonie, c'est du vent, du bon vent qui allège l'homme, qui joue aux ballons dans le ciel. Quel symbole que la résolution d'un peu d event en rythme, en danse ! Des ailes des oiseaux à l'orbe des astres, tout est à base de vent. Qu'est-ce que la lumière sinon du vent en fleurs ? Vent, souffle, âme : juste synonymie ! O merveille, les mêmes principes ont formé la musique des sphères et l'âme de Platon !

(...) Cette semaine du Carnaval à Perpignan est la Semaine Sainte des sens, du corps. Pas une parcelle du monde ne reste oisive, pas une goutte de sang qui ne reste en souffrance. Tout bouge, chante, danse. Il y a une ordonnance dans cette joie, une cohésion, une largesse tout à fait admirables. Le grain de sénevé même a sa part. Du fond des orteils au plus haut poil, chaque atome joue son rôle, chaque veine tient sa partie dans le mûr orchestre des sens. La nature accompagne en sourdine, chaque unité est à son poste. Voici la grande alliance de l'être dans le sein du vol et du bond, la Nuit-du-4-août des trois ordres : animal, végétal, minéral. Voici, Dieu me pardonne ! le Carnaval même de la création." Joseph Delteil, "Perpignan"

 

"La fête l'envahissait quasiment du début à la fin de l'année. La fête par excellence, c'était le Carnaval. (... ) Tous les gens sont masqués, du Doge à la servante et au Nonce lui-même. C'est masqué que l'on expédie ses affaires, qu'on plaide ses procès, qu'on achète son poisson, qu'on écrit ses lettres, qu'on rend ses visites. Masqué, on peut tout oser, tout dire : autorisé par la République, le masque est protégé par elle. Masqué, on peut entrer partout, dans les salons, dans les offices, dans les couvents, au bal, au Palais, au Ridotto où sont les tripots de jeu. Le masque n'est pas seulement un jeu ou simple changement de décor, mais un changement, un bouleversement social. Plus de règles. Plus de hiérarchies. Plus de nobles à lourdes perruques et à robe rouge - ou ce costume risque d'être un déguisement. Il n'y a plus qu'un personnage à Venise : Sior Maschera. Une égalité trompeuse, mais libératrice tombe sur la ville. Tout est permis, comme si à chacun - aux femmes comme aux hommes - étaient rendues l'innocence et la liberté de confiance. Dans une sorte d'anonymat, chacun flotte sur sa vie. Plus de contrainte ; plus d'heure pour les repas ; plus de distance sociale : le masque est à lui seul une révolution d'autant plus efficace qu'on la sait temporaire, fugitive, donc innocente, sans conséquences." Fernand Braudel de l'Académie française, "Venise"

 

"Tristeza nao tem fim, felicidade sim" Vinicius de Moraes

 

La tristesse est sans fin, le bonheur en a une,

Nous ne ressentons pas aujourd'hui de rancune,

Et c'est de bon coeur que nous partons ce matin,

Reprendre le labeur, ouvrir les magasins.

 

Les derniers tambourins se sont tus dans les cris,

le fleuve de la vie a regagné son lit,

Et Rio a été transformé par l'aurore,

Le Carnaval n'aura été qu'un météore.

 

Arrêtez de fumer car l'avion atterrit,

Et nous voici déjà arrivés à Orly,

Samba pour un été, je prends congé de toi,

Peut-être à l'an prochain et prends bien soin de moi.

 

Je vous ai raconté d'une façon succincte,

Le rêve que j'ai fait, rêve couleur d'absinthe,

Rêve couleur folie, émotion, sensation,

Rêve couleur magie et imagination.

Partager cet article
Repost0
8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 08:48

 

Le traité de Tordesillas (1494) suscita de nombreuses réactions en Europe. François Ier, roi de France, déclara :"Que l'on me montre le testament de Dieu conférant aux rois de Castela et du Portugal le droit de se partager la Terre entre eux." De l'autre côté de l'Atlantique, les Espagnols se servaient des tribus locales pour exploiter les mines d'or d'Haïti et du Mexique. 087.JPGVoyant que l'Espagne s'enrichissait avec cet or, François Ier décida de réparer l'injustice provoquée par le traité de Tordesillas, en chargeant les corsaires - de l'espagnol corsear, le corsaire part toujours en course contre les ennemis de son pays - d'intercepter les navires espagnols pour les piller. C'est ainsi que le dieppois Jean Ango, s'empara en 1522 du trésor de Guatimozin, dernier empereur aztèque, au large des Açores, le tonnage des navires des corsaires ne permettant pas de traverser l'océan.

Deux ans plus tard, commença la traite des esclaves noirs d'Afrique vers les Caraibes, à cause de la disparition des tribus indiennes qui n'avaient pas l'habitude de travailler aussi durement dans les plantations et les mines.

Rapidement, les Français construisirent des navires capables de traverser l'Atlantique, et se livrèrent à un commece avec les tribus indiennes vivant sur le littoral brésilien. Des pelles, des bêches, des faux, des marteaux, et autres instruments divers, étaient échangés contre du coton, du poivre, et surtout des bois précieux, comme le chêne, le cèdre et le pau-brasil, bois très solide servant à la construction des navires et dont le nom fut gardé pour désigner le nouveau pays qu'est devenu le Brésil. En 1555, Nicolas Durand de Villegaignon débarqua à Rio de Janeiro, encore sans garnison portugaise accompagné d'une centaine de calvinistes qui fuyaient les persécutions religieuses et l'intolérance des catholiques. Avec l'appui de l'amiral de Coligny, il fonde la France Antarctique. Mais les Français furent attaqués cinq ans plus tard par Mem de Sa, et les combats durèrent jusqu'en 1565, année où le gouverneur portugais fonda la ville de Rio de Janeiro. Les Français essayèrent de s'installer plus au Nord (Etat actuel de Pernambuco, région de Récife) mais en furent bientôt chassés. En 1583, ils tentèrent de s'installer au Paraiba, au Nord du Pernambuco en attaquant Cabedelo avec treize navires. En 1612, Daniel de la Touche de la Ravardière, sous la régence de Marie de Médicis, fonda la France Equinoxiale, au Maranhao (Nord du Brésil actuel), ayant pour capitale Saint-Louis (la ville s'appelle encore aujourd'hui Sao Luis), nom donné en l'honneur du roi de France Louis IX. Tout alla bien pendant deux ans, jusqu'au moment où les Espagnols (le Portugal et ses colonies étaient occupés par les Espagnols depuis 1580) réagirent contre l'occupation française. La guerre ne se termina que le 3 novembre 1615 avec l'abdication des Français.

A la même époque, plus au Nord, les Français colonisèrent l'île Saint-Christophe (aujourd'hui St Kitts) sous une forme presque officielle, puisque cette colonisation était commanditée par Richelieu. Le cardinal était petit-fils, neveu et frère de marins, et avait lui-même l'esprit tourné vers la mer. Il se fit même nommer "Grand Maître, Chef et Surintendant général de la navigation et commerce de France". Pour Richelieu, s'installer à Saint-Christophe signifiait tenir l'entrée du Pérou. Cette occupation étrangère d'une île jusqu'ici espagnole, marqua le début du partage des Antilles entre Français, Angalis, Hollandais et Scandinaves.

En 1620, les Anglais occupèrent Tortola, Virgin Gorda, Anegada et Jost Van Dyke (Iles Vierges Britanniques) et, en 1625, ils occupèrent la Barbade. En 1630, les Anglais s'allièrent aux Espagnols pour chasser les Français de Saint-Christophe. Les Français se réfugièrent sur l'île voisine d' Antigua et à l'Ouest de l'île d'Haïti (Hispaniola), encore inhabitée par les Européens. Mais les Français durent quitter Antigua dès 1632 pour laisser la place aux Anglais. En 1635, les Français s'installèrent à la Guadeloupe et à la Martinique.L'année suivante, les Hollandais s'installèrent à Curaçao, Bonaire et Aruba, au large du Venezuela. En 1638, l'île de Saint-Martin devint un quartier général de pirates français. Mais cette île fut de nouveau occupée par les Espagnols (1640), avant d'être divisée en deux parties en 1648 : le Nord de l'île devint français et le Sud hollandais (cette île est encore aujourd'hui divisée de cette manière). La même année, les Français s'installèrent à Saint-Barthélémy, île voisine de Saint-Martin. En 1650, les Français s'installèrent à Grenade et les Anglais à Saint-Vincent. En 1655, les Anglais occupèrent la Jamaique qui devint un repaire de pirates. En 1657, les Hollandais prirent possession des îles de Sainte-Croix, Saint-Thomas et Saint-John (aujourd'hui Iles Vierges Américaines). mais ils en furent chassés par les Anglais quelques années plus tard. En 1666. ces îles passèrent aux mains des Danois.

Si au début du 17ème siècle, les Espagnols possédaient toute l'Amérique du Sud, toute l'Amérique Centrale et toutes les îles des Antilles, ils ne possédaient plus dès 1666, aux Antilles, que Cuba, les Bahamas, l'Est de Hispaniola (l'actuelle République Dominicaine), Puerto Rico, la Dominique, Trinidad et Tobago. Les Espagnols conservaient en outre, toute l'Amérique Centrale et toute l'Amérique du Sud, moins le Surinam (occupé en 1613 par les Anglais et conqui en 1667 par les Hollandais), le Guyana (occupé par les Hollandais en 1621) et la Guyane Française depuis 1637.

 

 

Photo, peut-être un bateau pillé par des pirates ? (musée de l'Alcazaba de Malaga) 

 

Partager cet article
Repost0
7 mars 2011 1 07 /03 /mars /2011 08:25

 

 

En français comme en castillan, quelques verbes ont le même infinitif, mais prennent au fil des temps, parfaits ou imparfaits, des chemins différents pour quelquefois mieux se retrouver. C'est le cas des verbes venir, dormir, sentir, mentir.

 

 

Commençons par le verbe venir.

 

Présent de l'indicatif :

 

je viens                    vengo

tu viens                    vienes

il vient                       viene

nous venons          venimos

vous venez              venis

ils viennent             vienen

 

Futur simple :

 

je viendrai              vendré                       

tu viendras             vendras

il viendra                vendra

nous viendrons    vendremos

vous viendrez       vendréis

ils viendront          vendran

 

 

Aujourd'hui, lundi, nous avons plus envie de dormir que d'aller travailler (trabajar en castillan).

 

Présent de l'indicatif :

 

je dors                    duermo

tu dors                    duermes

il dort                       duerme

nous dormons      dormimos

vous dormez          dormis

ils dorment            duermen

 

Passé simple :

 

je dormis               dormi

tu dormis               dormiste

il dormit                  durmio

Un peu d'attention, svp, ne vous endormez pas !

nous dormîmes    dormimos

vous dormîtes       dormisteis

ils dormirent          durmieron

 

Au futur simple, c'est plus simple :

 

je dormirai              dormiré

tu dormiras             dormiras

il dormira                 dormira

nous dormirons     dormiremos

vous dormirez        dormireis

ils dormiront           dormiran

 

Pour ce qui est du verbe sentir, et comme je vois que vous êtes impatient, le cours étant bientôt terminé, passons tout de suite au passé simple...

 

je sentis                 senti

tu sentis                 sentiste

il sentit                    sintio 

nous sentîmes     sentimos

vous sentîtes        sentisteis

ils sentirent           sintieron

 

... puis au futur simple :

 

je sentirai             sentiré

tu sentiras            sentiras

il sentira               sentira

nous sentirons   sentiremos

vous sentirez       sentireis

ils sentiront         sentiran

 

Idem pour le verbe mentir au passé simple :

 

je mentis              menti

 

Au futur simple :

 

je mentirai           mentiré

tu mentiras         mentiras

il mentira            mentira

 

Demain interrogation dont  les exercices sont à télécharger (gratuitement) mais après la traditionnelle page de publicité.

 

"Vende lo que ya no necesites de una forma facil y economica. Pon un anuncio en la seccion de clasificados ! Es la manera mas economica de vender lo que quieras. Hasta pronto"

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 mars 2011 7 06 /03 /mars /2011 08:44

 

 

Reprenons tout depuis le début. Allan avait rencontré Typha alors qu'il venait de réussir son diplôme d'ingénieur. Il était aussi sobre qu'elle était hystérique. Alors qu'il était au bureau à plancher sur le dessin d'une nouvelle éolienne performante et efficace, elle avait fouillé dans ses affaires au premier étage de la villa et avait trouvé, bien caché, le révolver qu'Allan avait reçu de son père quelques semaines avant sa mort. Allan, qui détestait les armes à feu, l'avait transporté en catimini dans ses bagages entre Perpignan et Aurillac, son père le lui ayant demandé car, disait-il, il voulait en finir avec sa maladie et en finir tout court. Le père n'avait pas eu besoin de s'en servir, le cancer ayant eu raison de lui avant même qu'il eût le temps de remplir le chargeur. Typha examinait la pièce de collection en se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir faire avec. La télé et ses émissions grotesques alimenteraient bien son imagination déjà fertile. Mais la télé ne serait que le détonateur, pas l'arme elle-même. Elle savait qu'Allan rentrerait tard ce soir-là, à 22 ou 22 heures 30, pas avant. Cette éolienne dont le prototype était une commande de la section locale du Parti Ergologique arrivé récemment au pouvoir dans le département, lui donnait la migraine et du fil à retordre. Typha, elle, ne travaillait pas et passait ses journées à se demander ce qu'elle pourrait bien faire pour tuer le temps, pratique en vogue aux Etats-Unis où là-bas on l'appelait le "gunemployment". Et pendant que son amoureux, ce bêta, travaillait pour gagner quelques milliers d'euros, elle, Typha, l'orpheline battue sans instruction, pouvait grâce à cette arme, brasser des centaines de milliers d'euros. Las Vegas, Atlantic City, elle allait écumer les casinos du coin entre ciel étoilé et côte vermeille, plages de sable fin et landes de bruyère. Allan se faisait offrir des cadeaux et se faisait inviter dans les restaurants à la mode avec vue sur tous les ports de plaisance et quand il demandait d'où venait l'argent que Typha dépensait sans compter, elle lui disait avoir hérité de sa vieille grand-mère de Rochefort, celle-qui-n'était-pas-morte-dans-la-misère. Allan la croyait, une fille si gentille, enfin, gentillette, et quand on aime on ne met pas en doute la probité de son/sa partenaire. Un jour, alors qu'ils rentraient d'une journée de promenade, restaurant de fruits de mer, marche main dans la main à Paulilles et crêpe suzette à Collioure, elle qui avait trop bu de vin cuit et de vin blanc, n'avait pas trouvé mieux que de sortir de son petit sac à main le pistolet maudit que Allan avait rangé aux oubliettes. Allan avait eu peur et avait failli perdre le contrôle de son véhicule sur cette route départementale qui les ramenait chez eux. Elle, bouche grande ouverte d'où sortait ce rire bête et gras qu'ont les adolescents quand ils se croient intéressants, lui, interloqué ayant envie de lui arracher des mains cet engin de malheur, ce bout de tôle capable de tuer.   

Partager cet article
Repost0
5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 09:24

numérisation0018 

 

Jean-David AVENEL, dans son livre intitulé " La guerre hispano-américaine de 1898 - la naissance de l'impérialisme américain" écrit que :

 

"De son côté, le nouveau président, Adams, s'inquiéta de l'influence française dans le golfe du Mexique et des projets d'acquisition de la partie de la Louisiane qui appartenait à l'Espagne depuis la signature du traité de Fontainebleau (1761). Des engagements engagements eurent lieu en 1798 entre navires français et américains. la guerre faillit être déclarée mais un traité commercial fut finalement signé le 30 septembre 1800.

La cession de la Louisiane par l'Espagne à la France (traité secret du 1er octobre 1800) porta un nouveau coup aux relations entre la France et les Etats-Unis. Son nouveau président, Jefferson élu en 1800, prôna le rapprochement avec la Grande-Bretagne : le territoire acquis par la France s'étendait de la Lousiane actuelle à la frontière canadienne en longeant à l'Est, le Mississippi, et à l'Ouest, les montagnes Rocheuses ; il interdisait toute expansion vers l'Ouest aux Etats-Unis. L'arrivée de troupes françaises à Haiti inquiéta Jefferson qui, jugeant que Bonaparte pourrait envoyer ses soldats à La Nouvelle-Orléans, écrivit à son ministre plénipotentiaire à Paris :"Nous devrons coopérer avec la marine britannique à partir du jour où la France prendra possession de la Nouvelle-Orléans" (18 avril 1802). La situation désastreuse en Haiti et la menace d'une nouvelle guerre (la France avait rompu ses relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne le 11 avril 1803) permirent d'apaiser la tension existante : Jefferson dépêcha le futur président Monroe à Paris pour négocier l'achat de la Louisiane. Elle fut acquise pour douze millions de dollars.

Cet achat mit fin au différend entre la France et les Etats-Unis. En revanche, les relations entre la Grande-Bretagne et les Etats-Unis se dégradèrent à la suite de plusieurs incidents entre des navires américains et britanniques. Jefferson proclama un embargo le 22 décembre 1807. Il fut levé le 1er mars 1809 sans avoir permis d'obtenir les réparations exigées par le président américain. madison, qui succéda à Jefferson le 4 mars 1809, proposa la signature d'un traité mais Canning, ministre anglais des Affaires étrangères, refusa. De son côté, le gouverneur général du Canada, Sir Georges Prévost, appuya la révolte des Indiens Creeks dans l'Etat de New York (juin 1812).

La guerre fut déclarée le 12 juin 1812. Elle s'acheva en décembre 1814 après deux ans d'escarmouches et de combats d'intensité variable. Aucun parti n'avait obtenu un avantage décisif malgré l'occupation de Washington par les troupes britanniques (24-26 août 1814).

Cette guerre contre l'Angleterre freina temporairement l'expansionnisme américain vers le Nord mais le traité de Gent (1815) fut analysé comme un succès et la mémoire collective oublia les nombreuses défaites militaires pour se fixer sur la victoire d'Andrew Jackson à La Nouvelle-Orléans."

 

Dans son livre "La Louisiane aujourd'hui", Michel Tauriac rappelle que "Tout de suite le jeune Etat doit faire face à l'hostilité de l'Angleterre dont les navires bloquent l'embouchure du Mississppi. En 1814, une flotte comptant 50 unités et transportant 10 000 hommes se concentre en Jamaique. Objectif : la Nouvelle-Orléans. La bataille qui va suivre forgera l'unité des Louisianais de toutes origines. Résolus à défendre leur terre contre l'envahisseur, les Créoles, les Acadiens, les Espagnols, les Allemands, les esclaves libérés et les Indiens s'engagent en masse aux côtés des Américains. Le pirate Jean Lafitte, lui-même, sollicité par les Anglais, met sa flotte et ses flibustiers à la disposition du général américain Andrew Jackson. Dans les rues, la foule massée aux balcons applaudit la milice noire, les Indiens Choctaws, les cinq compagnies du Bataillon d'Orléans et le Bayou Sara Mounted Rifleman qui partent pour le front. La 'Marseillaise' et le 'Yankee Doodle' sortent des poitrines. Le 8 janvier 1815, au matin, dans la plaine de Chalmette, les Anglais se replient en désordre, perdant 10 000 hommes." et que "C'est ici, à Chalmette, au sud de La Nouvelle-Orléans que la toute jeune Louisiane américaine a battu l'armée anglaise en 1815, mettant fin pour toujours aux vues de l'Angleterre sur cet Etat."

 

Partager cet article
Repost0
5 mars 2011 6 05 /03 /mars /2011 08:44

 

 

"Pour se venger de l'écrivain qui leur a donné la vie, les héros qu'il a créés lui cachent son porte-plume."  Max Jacob

 

 

                                                                                                    #####

 

 

 

Le cirque...

 

 

Max Jacob, comme Picasso, son maître, aimait le cirque. Il y avait en Max Jacob une sorte de pouvoir d'émerveillement qui lui était demeuré de son enfance. Tout, dans la vie, lui était théâtre et son imagination ne sut jamais faire le départ exact entre les données du réel et du rêve. Max Jacob était un habitué du cirque comme toute la bande à Picasso. Ce fut un des thèmes qu'il traita souvent dans ses gouaches, comme "Ecuyère sur un cheval blanc" et "Les Clowns" (1908), "Au Cirque" (1912), "Scène de cirque" (1934).

"1905. Les peintres ont toujours aimé le cirque et même maintenant où les cirques sont souvent remplacés par les night-clubs et les cinémas, ils se rappellent volontiers les arlequins. Tout le monde se réunissait au moins une fois par semaine au cirque Medrano, et là on se flattait beaucoup d'une intimité avec les clowns, les Japonais, les écuyères et les chevaux. Ces fréquentations faisaient de Picasso un Parisien. C'est dans ce cadre que se déclenche la période rose. Ce fut vraiment une période de production intense." Gertrude Stein, "Picasso" ( 1938) 

 

Allusion à une scène de cirque : "Verte épine ! verte épine ! la marquise est cow-boy ; les colonnes des pins ressemblent à des ruines. Tous les oiseaux du ciel (il n'y a pas de ciel) viennent comme à la mer vers son chapeau de mousquetaire. Et cela se passait en Nouvelle-Angleterre ! Un jeune homme blond, trop bien mis, en chasseur, se plaint de n'avoir pas mangé depuis seize heures. La marquise ne lui donnera pas les petits oiseaux des îles : elle le mènera dans une grotte où il puisse enlever ses bottes." Max Jacob, "Le Cornet à Dés"

 

 

et Fantômas...

 

 

"Fantômas date de 1909 époque où les Nouvelles d'Apollinaire étaient peut-être parues. Il n'admirait pas Fantômas comme un roman policier mais pour les inventions lyriques que pas un de nous n'apprécie... Il est vrai que le début du siècle fut l'époque des romans policiers, et que nous aimions ça avant l'abus qu'on en a fait." Max Jacob à René-Guy Cadou, le 9 février 1942. Max Jacob, président de la Société des Amis de Fantômas, consacra plusieurs poèmes à ce film.

 

 

Fantômas : Sur le marteau de la porte en argent bruni, sali par le temps, sali par la poussière du temps, une espèce de Bouddha ciselé au front trop haut, aux oreilles pendantes, aux allures de marin ou de gorille : c'était Fantômas. Il tirait sur deux cordes pour faire venir là-haut je ne sais quoi. Son pied glisse ; la vie en dépend ; il faut atteindre la pomme d'appel, la pomme en caoutchouc avant le rat qui va la trouer. Or, tout cela n'est que de l'argent ciselé pour un marteau de porte.

 

Encore Fantômas : Ils étaient aussi gourmets que gourmés, le monsieur et la dame. La première fois que le chef des cuisines vint, un bonnet à la main, leur dire : "Excusez-moi, est-ce que Monsieur et Madame sont contents ?" on lui répondit : "Nous vous le ferons savoir par le maître d'hôtel !" La seconde fois, ils ne répondirent pas. La troisème fois, ils songèrent à le mettre dehors, mais ils ne purent s'y résoudre, car c'était un chef unique. La quatrième fois (mon Dieu, ils habitaient aux portes de Paris, ils étaient seuls toujours, ils s'ennuyaient tant !), la quatrième fois, ils commencèrent : "La sauce aux câpres est épatante, mais le canapé de la perdrix était un peu dur." On en arriva à parler sport, politique, religion. C'est ce que voulait le chef des cuisines, qui n'était autre que Fantômas.

Max Jacob, deux poèmes extraits de "Le Cornet à Dés"

 

 

Ce dossier sur Max Jacob a pu être réalisé grâce à la lecture des ouvrages suivants : les recueils de poèmes "Le Laboratoire Central" et "Le Cornet à Dés", le catalogue de l'exposition que le musée de Montmartre a consacré à Max Jacob en 1976, l'ABCdaire de Picasso et l'ABCdaire du Cubisme.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 10:22

 

 

 

Vue en montagne d'une maison blanche à tourelles.

C'est la nuit ! il y a une fenêtre de lumière,

Il y a deux tourelles, deux tourterelles de tourelles

Derrière la fenêtre et dans la maison

Il y a l'amour, l'amour et sa lumière de feu !

Il y a l'amour a foison, à ailes, à éloquence

Au troisième étage de la maison

Au troisième étage de la maison dans une autre chambre

Chambre sans lumière, il y a un mort

Et toute la douleur de la mort

La moisson de la douleur,

Les ailes de la douleur,

L'éloquence de la douleur

Vue perspective d'une maison blanche à tourelles.

 

 

Max Jacob, "Le Laboratoire Central"

Partager cet article
Repost0
4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 08:23

003-copie-5.JPG

 

Je me souviendrai toute ma vie de l'instrument de musique qui a nom "Tenora" ; c'est long comme une clarinette et ça lutterait, affirme un musicien, avec quarante trombones. Le son en est sec comme celui de la cornemuse. J'ai entendu la "Tenora" à Figueras, ville de la Catalogne, dans un petit orchestre sur la place publique. L'orchestre était composé d'un violoncelle, d'un piston, de cuivres et d'une flûte, qui faisait de brefs et charmants soli. On dansait la sardane et avant chaque danse l'orchestre exécutait une longue introduction d'une allure grandiloquente. La déclamation de la "Tenora" était soutenue par les autres instruments bien serrés l'un contre l'autre. Ce sont les musiciens de la ville qui composent cette admirable musique ; leurs noms sont inconnus en France excepté de la Maison Pathé frères. Ces fabricants de phonographes ne reculent devant aucun sacrifice quand il s'agit, etc. Après l'introduction, le rythme de la danse commence ; ce rythme est d'une solidité telle que je ne crois pâs qu'on puisse souhaiter davantage : un rythme de polka coupé de silences brusques, de longues fioritures. Il y a dans la musique des sardanes des embrasements qui font penser à la splendeur. La sardane se danse en rond, bras en girandoles et presque immobiles, sauf dans les moments d'embrasement. Vous regarderez les pieds des danseurs qui sont tendus et qui exécutent des grimaces gracieuses. Au centre de la ronde, il y a une autre ronde et, au milieu de cette ronde, une autre ; et les mouvements de ces rondes sont les mêmes, mais ne coincident pas, parce que chaque meneur de ronde n'a pas le même sentiment de la musique. Il y avait plusieurs roses de rondes le soir sur le pavé de la place de Figueras.

 

 

Sardane ! tu es comme une rose

Et toutes ces jeunes filles sont en rose.

Il n'y a que les maisons qui ne dansent pas,

Et l'on se demande pourquoi.

 

La musique a fait pleurer nos yeux

La musique ingénue a gêné nos poitrines,

Comme elle a regonflé le cercle grave et joyeux

Chantez ! chantez ! chantez ! tenoras et clarines.

 

Le peuple serait comme les vagues de la mer

Si la mer était rose et tournait dans la nuit,

Si la nuit était rose, si rose était la mer

Et si la mer était comme les arbres verts.

 

Filles de muletiers, gens qui servez à table

Penchez-vous ! jetez-vous des regards adorables,

Et par-dessus les bras tendus en candélabres !

Songez à Dieu qui vous regarde dans les arbres.

 

Et par les yeux des boutiques et par la mer.

La tenora fendait la nuit et sa poussière

Nasillarde, comme avec des éclats de verre

La danse roucoulait noblement avec des passements de pied allègres.

 

Chaque instrument se tenait par la taille

Et la tenora dans la musique faisait une entaille.

 

Ainsi que dans une tragédie est un spectre

Qui passe rarement et passe comme un astre

La sèche tenora, trompette nasillarde

Ne bruit que rarement pour des courtes sardanes.

 

Les fillettes iront se coucher de bonne heure.

Et les hommes seront au café tout à l'heure

Car les musiciens sont payés tant par heure

Quarante pesetas pour donner du bonheur.

 

Un garçon se plaignait qu'on ne sût plus danser.

Une fille grattait la jambe à son soulier.

Vers la fin, des messieurs et des dames très bien

S'appliquaient du pied gauche et la main dans la main.

 

Dansez aussi, dame en grand deuil.

Une fille a reçu de la poussière dans l'oeil.

Elle va se cacher derrière un réverbère

Où l'attendait sa mère avec les autres mères

 

Et malgré sa douleur elle sourit encore

Aux accents séduisants de l'ardente tenore.

Les balcons se drapaient de couleurs catalanes

Pendant que tressautait la rose des sardanes.

 

Le choc du jaune et du rouge s'allie assez

Avec, ô tenora, tes gammes alliacées.

Elle m'a grisé comme une eau-de-vie.

Elle s'est éteinte comme une bougie

Son souvenir est dans ma vie.

 

On dit que l'Empereur a passé par ici

Et qu'on retrouve encor ses soldats dans les puits.

Les soldats ont dansé la sardane en vainqueurs

Couché derrière ces terrasses, ces géraniums, ces pilastres

Ils ne s'éveillaient plus un poignard dans le coeur.

La sèche tenora a passé comme un astre.

 

Adieu, sardane et tenora ! Adieu, tenoras et sardane

Demain, puisque le sort me damne

Demain puisque le czar l'ordonne

 

Demain je serai loin d'ici

Demain dans les jardins près de ces monastères

Le peuple sourira pour cacher ses prières

Et moi je te dirai merci !

 

Max Jacob, "Le Laboratoire Central" 

 

Partager cet article
Repost0
4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 07:41

006-copie-5.JPG 

Max Jacob admirait Picasso qui  fait de nombreux portraits de lui, dont un portrait dit de Max Jacob "lauré" (1928). "Ce laurier qui pare ma tête - Tu le mérites mieux que moi - Picasso, mon ami, mon maître - Roi des peintres et peintre des rois. Max Jacob."  Il peignait aussi et exposait : "...Merci de montrer un peu d'affection à ton vieux camarade de lettres toujours si abandonné...  P.S. - J'ai un vernissage de gouaches aujourd'hui à 3 heures chez Terysse, 94, boulevard Haussmann, devant le tombeau de Louis XVI. Va voir un peu mes progrès." Max Jacob à André Warnod, 25 mai 1919.

"Que Max Jacob ait été un peintre authentique, nul n'en doute ; mais la double auréole du poète et du martyr efface souvent chez l'homme de Quimper, de Montmartre, et de Saint-Benoît-sur-Loire cette fonction picturale (...) Max Jacob fut au contraire un novateur et un inventeur dans le domaine des procédés et beaucoup d'artistes tirèrent souvent parti de ce que le public appelle des amusements, mais que Picasso ami fidèle de Max appelle du génie." (Jean Bouret)

 

"Mystère du Ciel : En revenant du bal, je m'assis à la fenêtre et je contemplai le ciel : il me sembla que les nuages étaient d'immenses têtes de vieillards assis à une table et qu'on leur apportait un oiseau blanc paré de ses plumes. Un grand fleuve traversait le ciel. L'un des vieillards baissait les yeux vers moi, il allait même me parler quand l'enchantement se dissipa, laissant les pures étoiles scintillantes."

 

"Portraits peu flatteurs : Le sujet de concours donné par mon frère à ses frères, est l'image du Christ en croix. Le plus jeune s'attire ces mots : "Oh ! quelle anatomie !" Je sors des Christ cubistes avec membres tombant à terre d'une hauteur de trois mètres : "Max a étudié son anatomie hier !" me dit-on. Le goût me vient de regarder les dictionnaires illustrés : j'y vois au moins vingt sortes de croix, les unes doubles, les autres triples, les autres renversées. Le Christ en gloire sur l'une, autrement ailleurs. Il ya aussi des Pieds colossaux : pieds de pierre provenant du Christ du village d'O... Pourtant il n'y eut qu'un Christ : laquelle a-t-il choisie de ces images ?" 

 

Ci-dessus, deux poèmes de Max Jacob dans "Le Cornet à Dés"

 

 

"Voici une histoire que je conte quelquefois parce que j'imite assez bien l'accent américain. Un Américain désoeuvré à Paris entre dans une Académie de peinture pour voir des petites femmes nues (hélas !) ; gêné par les regards goguenards, il fait semblant de dessiner, puis, tout d'un coup, se met réellement à dessiner, puis reçoit l'inspection du maître de céans et, stupéfait, ses compliments : "Aoh ! je suis peintre !" Le génie choisit ses truchements de façon imprévue. Dans l'histoire de ma peinture, il n'y a ni génie, hélas ! ni petites femmes nues, ni compliments, il y a un manque absolu de tout cela. Il y a beaucoup de timidité, il y a un amour immense pour la terre et le ciel ; c'est tout ce que je peux vous dire ici. Si vous voulez une confession plus complète, consultez Max Jacob, Défense de Tartufe, à la société littéraire, 10, rue de l'Odéon, E. .V." (Extrait d'une préface écrite par Max jacob en 1920 pour son exposition chez Bernheim-Jeune)

 

 

Illustration, première vision du Christ de Max Jacob en 1909 et conversion au catholicisme 

 

 

Partager cet article
Repost0
3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 21:17

 

006-copie-4.JPGCe soir, à la bibliothèque du Centre culturel de Cabestany, a eu lieu une rencontre-débat avec Nicole Yrle autour de son dernier ouvrage, véritable épopée humaine, paru en novembre dernier sur le thème de l'usine de dynamite de Paulilles et intitulé "Les Dames de Paulilles".

 

Nicole Yrle, qui vit à Perpignan depuis dix-sept ans, a été enseignante au lycée Arago, et cultive désormais son jardin, au propre comme au figuré, et consacre une grande partie de son temps à l'écriture de romans. Car ce livre est bien un roman, ces personnages sont de fiction, même si le décor a bien existé. Car, au grand étonnement des dizaines de personnes qui se promènent sur le site magnifique réaménagé en 2008, il y a bien eu une usine de fabrication de dynamite à Paulilles. Ce site de trente-deux hectares, racheté par le Conservatoire du littoral avec l'aide du Conseil général des Pyrénées-Orientales, comptait quatre-vingts bâtiments (usines de fabrication, maison du directeur, village). Le site, une anse, avait été choisi car naturellement protégé avec un débouché sur la mer pour le débarquement des matériaux pour la fabrication de la dynamite et l'embarquement de la marchandise vers d'autres horizons, L'usine a commencé de fonctionner en 1870 même si la date officielle des débuts de son activité est 1875. Seulement neuf bâtiments ont été gardés, le village avec ses logements et son école a disparu. Quatre cents personnes y travaillaient pour fabriquer la dynamite (1) qui servait à creuser des tunnels pour des routes, des voies ferrées, mais aussi pour des besoins militaires, toujours dans la solidarité ouvrière, souvent au péril de leur vie : accidents, maladies professionnelles (saturnisme lié au plomb, maladies cardiaques dues à la respiration de vapeurs nocives). Les ouvriers ne parlent pas de la dynamite mais de la matière, par délicatesse, parce qu'ils aiment leur métier même si la vie à Paulilles est difficile malgré ses bons moments. L'auteure a rappelé que de nombreux Annamites ou Indochinois (ils ont été jusqu'à mille au cours de l'histoire de l'usine) ont travaillé ici.

Nicole Yrle a parfaitement su restituer l'atmosphère de la vie quotidienne à Paulilles devant un public conquis et pressé de se (re)plonger dans son livre.

 

"La détresse du jeune Catalan était si poignante que les trois amis se sentirent envahis par la honte. Honte que l'on commît des actes aussi inhumains presque sous leurs yeux, honte de ne rien faire eux-mêmes pour que cessât pareille indignité. Honte de rire, de s'amuser en ce jour de fête. On entendait les musiciens du Réveil banyulenc accorder leurs instruments car, sur la place du village, le bal alalit commencer. Une odeur chaude de bunyetes (2) flottait dans l'air et l'on voyait partout des pyramides dorées, saupoudrées de sucre. La veille, la balade des jeunes, promenant de mas en mas leurs cistelles (3) en chantant des goigs (4) avait rapporté une imposante quantité d'oeufs et de victuailles diverses. Depuis le matin, des femmes s'activaient pour confectionner les gourmandises. Les omelettes avaient disparu et l'on se régalait désormais du délicieux beignet."

 

Le roman de Nicole Yrle est édité aux éditions du Cap Béar.

 

(1) En 1880, on fabriquait à Paulilles 500 tonnes de dynamite ; dans les années 1960, c'était 4 000 tonnes.

(2) Galettes que l'on consomme à Pâques.

(3) Paniers d'osier à anse.

(4) Chants populaires chantés la veille du dimanche de Pâques.

 

 

 

  

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de louisiane.catalogne.over-blog.com
  • : Faire connaître la Louisiane et les Catalognes : Lieux, histoire et événements.
  • Contact

Recherche

Liens