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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 10:28

 

 

C'était aux environs de Lorient, il faisait un soleil brillant et nous nous promenions, regardant par ces jours de septembre la mer monter, monter et couvrir les bois, les paysages, les falaises. Bientôt il ne resta plus à lutter contre la mer bleue que des méandres de sentiers sous les arbres et les familles se rapprochaient. Il y avait parmi nous un enfant habillé en costume de marin. Il était triste il me prit la main : "Monsieur, me dit-il, j'ai été à Naples, savez-vous qu'à Naples, il y a beaucoup de petites rues ; dans ces rues on peut rester tout seul sans que personne vous voie : ce n'est pas qu'il y ait beaucoup de monde à Naples mais il y a tant de petites rues qu'il n'y a jamais qu'une rue par personne ! - Quel mensonge vous fait encore ce petit, me dit le père, il n'est pas allé à Naples. - Monsieur, votre fils est un poète. - C'est bien mais si c'est un littérateur je lui tordrai le cou !" Les méandres des sentiers laissé à sec par la mer lui avaient fait songer aux rues de Naples.

 

 

Max Jacob, "Le Cornet à D028-copie-1.JPGés"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photo, quelque part à Collioure

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 10:19

 

 

 

"...Je n'ai pas fait de cubisme :

 

 

1 - Parce que n'entendant parler que de cela j'étais bien aise de penser à autre chose ;

 

2 - parce que ce n'était pas mon tempérament ;

 

3 - parce que j'aurais voulu y être premier et que je n'étais pas capable de l'être ;

 

4 - parce que Picasso avait choisi comme élève non moi, mais Braque ;

 

5 - parce qu'au fond je m'y connaissait en littérature et non en peinture ;

 

6 - parce que je fais mes oeuvres avec le fond de mon ventre et que le fond de mon ventre est "opéra-comique" ;

 

7 - parce que je suis un homme de l'époque impressionniste par formation ayant quarante-six ans d'âge et que le cubisme est une surajouture de ma vie ;

 

8 - parce que le cubisme plaisait à ma pensée et non à ma main et que je suis un homme sensuel ;

 

9 - parce que le cubisme me paraît laid très souvent et que j'aime le... joli, hélas !

 

10 - parce que je suis un vieux poète virgilien ;

 

11 - je ne sais pas pourquoi ;

 

12 - au fait, j'ai fait beaucoup de dessins cubistes ;

 

13 - tout ça, c'est la faute à Picasso..."

 

 

Extrait d'une lettre de Max Jacob à René Rimbert, mars 1922

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 09:23

numerisation0001-copie-3.jpg  Paris, 1907 - Pendant que Pablo Picasso peint ses "Demoiselles d'Avignon", Max Jacob se rapproche du Bateau-Lavoir et va habiter au 7 rue Ravignan.

 

La Rue Ravignan : "On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve", disait le philosophe Héraclite. Pourtant, ce sont toujours les mêmes qui remontent ! Aux mêmes heures, ils passent gais ou tristes. Vous tous, passants de la rue Ravignan, je vous ai donné les noms des défunts de l'Histoire ! Voici Agamemnon ! voici madame hanska ! Ulysse est un laitier ! Patrocle est au bas de la rue qu'un Pharaon est près de moi. Castor et Pollux sont les dames du cinquième. Mais toi, vieux chiffonnier, toi, qui, au féerique matin, viens enlever les débris encore vivants quand j'éteins ma bonne grosse lampe, toi que je ne connais pas, mystérieux et pauvre chiffonnier, je t'ai nommé d'un nom célèbre et noble, je t'ai nommé Dostoiewsky.

 

Le marchand de tableaux et éditeur, Daniel Henry Kahnweiler voit dans le tableau de Picasso "la naissance du cubisme". Victor Crastre dit de ce marchand d'art :"Kahnweiler vient d'arriver à Paris avec le dessein arrêté d'ouvrir une galerie où il défendra les peintres qu'il aime. Il a vingt-deux ans et il est animé par une foi solide. Après quelques mois de recherches, il s'installe 28 rue Vignon. Désormais les peintres nouveaux ont une galerie et un marchand, attachés à peu près exclusivement à leur cause. Je souligne le mot marchand car Kahnweiler est plus et mieux qu'un marchand : il est l'adepte convaincu du cubisme et il est l'ami des artistes ; il est aussi l'homme qui a le mieux compris sens et essence de la peinture moderne comme en fait foi son livre admirable sur Juan Gris, si souvent cité dans cet ouvrage.

Picasso, d'abord hésitant, signa un contrat avec Kahnweiler, Braque suivit, puis Derain, Gris plus tard et aussi Manolo quand il se fut retiré à Céret. La petite galerie aux murs tendus de toile, devint un point de ralliement ; tous ceux quis'intéressaient aux nouvelles techniques fréquentaient la salle de la rue Vignon.

Pour Picasso, les jours difficiles sont finis. Le cubisme commence à s'imposer. Ce sont les étrangers surtout qui en sont les adeptes les plus enthousiastes : les Américians entraînés par Gertrude Stein, admirent et achètent..." 

Gertrude Stein dans son "Picasso" écrit en 1938 ajoute : "Les cubistes trouvèrent alors un marchand, le jeune Kahnweiler, arrivé de Londres, plein d'enthousiasme, voulant réaliser son rêve d'être marchand de tableaux. Il hésitait un peu ici et là. Définitivement il s'intéressa à Picasso.

En 1907, 1908, 1909, 1910, il fit des contrats avec les cubistes, les uns après les autres, français et espagnols, et il se dévoua à leurs intérêts. La vie devenait très gaie. Cette France souriante séduisit encore Picasso. On pouvait plaisanter et parler à la blague du plus jeune des cubistes, celui-ci existait. Picasso était gai, il travaillait énormément, comme il a toujours travaillé, mais dans une atmotsphère heureuse." 

 

Max Jacob, dans une lettre à sa mère datée de 1927, donne une explication du cubisme : "Le cubisme en peinture est l'art de travailler par lui-même en dehors de ce qu'il représente... ne procédant que par allusion à la vie réelle. Le cubisme littéraire fait de même en littérature, se sert seulement de la réalité comme d'un moyen et non comme une fin. Exemple mon Cornet à Dés et l'oeuvre de Reverdy."

 

"Cubisme et Soleils Noyés : L'eglisiglia del Amore, l'odore del Tarquino, bref, tous les monuments de Rome sur une bouteglia de vin et le registre correspondant pour démontrer qu'on en a bu copieusement, mais qu'on s'abstiendra : le godet du goulot et la goulette du goût d'eau. S'il faut s'en repentir, autant s'en abstenir. L'arc-en-ciel volatil n'est pas plus qu'une décoration volcanique à l'anglede l'étiquette. Motus ! et comparons un litre avec l'autre : el spatio del Baccio et l'Bacco nel cor." Max Jacob, "Le Cornet à Dés" 

 

Fin 1911, au Salon d'Automne, la salle VIII où sont réunis les cubistes fait scandale. Il en est de même l'année suivante, et de nouveau en 1913, avec l'affaire du "Châle espagnol" de Van Dongen. Marcel Sembat, député des Grandes-Carrières (18ème arrondissement de Paris), doit monter au créneau lors d'une séance à l'Assemblée nationale pour défendre les cubistes. En effet, un conseiller municipal du Val-de-Grâce, Pierre Lampué, déclenche en octobre 1912 une polémique qui va rapidement agiter le monde de l'art en adressant une lettre au sous-secrétaire d'Etat aux Beaux-Arts, Léon Bérard, par laquelle il demande que l'Etat ne prête plus le Grand Palais au Salon d'Automne, coupable d'exposer selon lui les horreurs cubistes. Le jury du Salon d'Automne décide dans un premier temps de faire un communiqué bref et ferme de protestation contre cette attaque, mais son président, Frantz Jourdain (1), s'interpose et propose de composer : on mettra à l'écart les plus audacieux des artistes pour ne pas choquer. Tous les artistes décriés par Lampué, dont Matisse, seraient mis dans des endroits discrets et écartés.

Relayant les protestations de Lampué, le député Jules-Louis Breton interpelle le gouvernement lors de la séance du 3 décembre 1912 et demande à l'Etat de ne pas prêter le Grand Palais ou tout autre bâtiment public pour exposer les "extravagances" de certains artistes cubistes. Marcel Sembat lui répond : "Comprendre ? Oui, mais d'abord avez-vous appris ? Pour comprendre, il faut apprendre ! Apprendre à voir ! Vous comprendrez alors que ces tableaux qui vous déplaisent peuvent avoir une influence heureuse sur le jeune artiste (...), Manet, Cézanne, Pissaro, Signac, Guauguin, Van Gogh, ils indignent autant que les cubistes ! Les artistes sont aussi visés !"

 

Max Jacob : "Quand on fait un tableau, à chaque touche, il change tout entier, il tourne comme un cylindre et c'est presque interminable. Quand il cesse de tourner, c'est qu'il est fini. Mon dernier représentait une tour de Babel en chandelles allumées."

Jean Cocteau dans "Le Mystère laïc" : "Il arrive à Picasso de peindre une jeune fille. Tiens ! lui dit-on : une cage, des pommes, un buste, une fenêtre ! C'est exact. Il avait fait une nature morte sans le savoir."

 

(1) Frantz Jourdain (1847-1935) est architecte, promoteur de l'utilisation du fer et du béton armé. Il est l'auteur d'une des façades de la Samaritaine.

 

Photo, Montmartre tel que l'ont connu Picasso, Gris, Derain, Braque, Max Jacob.    

 

  

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 15:43

 

 

LA RUE RAVIGNAN

 

                                  à Dorival

 

 

 

Importuner mon Fils à l'heure où tout repose

Pour contempler un mal dont toi-même souris ?

L'incendie est comme une rose

Ouverte sur la queue d'un paon gris.

Je vous dois tout, mes douleurs et mes joies...

J'ai tant pleuré pour être pardonné !

Cassez le tourniquet où je suis mis en cage !

Adieu, barreaux, nous partons vers le Nil ;

Nous profitions d'un Sultan en voyage

Et des villas bâties avec du fil

L'orange et le citron tapisseraient la trame

Et les galériens ont des turbans au front.

Je suis mourant, mon souffle est sur les cimes !

Des émigrants j'écoute les chansons

Port de Marseille, ohé ! la jolie ville,

Les jolies filles et les beaux amoureux !

Chacun ici est chaussé d'espadrilles :

La Tour de Pise et les marchands d'oignons.

Je te regrette, ô ma rue Ravignan !

De tes hauteurs qu'on appelle antipodes Sur les pipeaux m'ont enseigné l'amour

Douces bergères et leurs riches atours

Venues ici pour nous montrer les modes.

L'une était folle ; elle avait une bique

Avec des fleurs à ses cornes de Pan ;

L'autre pour les refrains de nos fêtes bacchiques

La vague et pure voix qu'eût rêvée Malibran.

L'impasse de Guelma a ses corrégidors

Et la rue Caulaincourt ses marchands de tableaux

Mais la rue Ravignan est celle que j'adore

Pour les coeurs enlacés de mes porte-drapeaux.

Là, taillant des dessins dans les perles que j'aime,

Mes défauts les plus grands furent ceux de mes poèmes.

 

 

Max Jacob, "Le Laboratoire Central"

 

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 15:28

 

 

QUIMPER

 

 

O mes écrits nouveaux ! je veux qu'ils outrepassent

Le ciel ! le poète fidèle à son rêve impossible !

Attelé dans les bras solides de la Muse

Il écrit sur l'azur envers du Paradis.

Gentil Quimper, le nid de mon enfance

De lierre, ormeaux, roches tout tapissé,

Vois ce, d'un tendre effort, qu'à ta force

J'offre ! un miroir de hêtres et de houx,

Hêtres et houx cachant nos jeux de courses

Par intervalle dans l'étroite vallée !

Ayant confié le cartable à la mousse

Avec les compagnons j'ai folâtré.

Mère ou servante, le dos à la feuillée

Brodait, cousait ou ravaudait les bas

Sans craindre trop la pente ravinée

Car les quiconces protégeaient nos faux pas.

Du haut en bas ce n'était que feuillage

Piécettes d'ombre et pièces de soleil

Sur une haie c'est du linge qui flotte

Troupeau gardé par la vieille au bâton

Nous, lévriers de la terre moussue

Nous poursuivions dans le couloirs de hêtres

Blancs, hérissés parfois d'éventails de rameaux

En bas, l'Odet aux ponts de fer multiples

Se gargarise interminablement.

Sur le disque éclatant de l'Odet élargi

J'aimais apercevoir entre les doigts des arbres

Les joues du grand voilier dorées par le soleil

Tandis que sous nos pieds s'élançant des broussailles

Les trois-mâts fins et lourds faisaient songer à Dieu.

J'écris nos deux clochers en lettres majuscules

Fleuries, enrubannées, pleines de cris d'oiseaux

L'escalier de la tour au milieu des coquilles

Des blancs, des nuits, des coins et des coups d'air soudains

C'était comme paraphe ! Avec des Parisiens

Nous avons effrayé vos poutres, grandes orgues !

Jésus habite en bas. C'est une tiare

Le haut, le phare que les archanges

Tiennent depuis des siècles et des siècles à deux mains

On tolère la canne et le pied des humains

Or le vallon serait un clocher à l'envers

Sans les gros marronniers et vingt-cinq ponts de fer.

 

 

Max Jacob, "Le Laboratoire Central" 

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 00:00

 

 

Le 24 février 1944, à onze heures du matin, Max Jacob était arrêté par la Gestapo au sortir de l'office qu'il venait de servir en l'église de Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret. Deux semaines plus tard, le 5 mars, il mourait au camp de Drancy.

Max Jacob, ce nom pourtant connu, fait de lui un homme mal connu. Poète, peintre, écrivain, il était "cocasse et magnifique comme le rêve" comme dit Jean Cocteau. Ami de Pablo Picasso, d'André Derain, de Guillaume Apollinaire, de Marie Laurencin, de Pierre Mac Orlan, d'Amedeo Modigliani, d'André Salmon, de Francis Poulenc, d'Erik Satie, de Georges Auric, Max Jacob, le poète en prose, qui disait que "la situation et le style sont tout", était drôle, aimait conter des anecdotes, adorait ses amis, aimait la musique, faisait des dessins qui ne se vendaient pas.

Nous passerons cette semaine avec Max Jacob pour le (re)découvrir, pour l'aimer, pour lui rendre hommage, pour ne pas l'oublier.

 

Jeanine Warnod dit de lui : "Le nom de Max Jacob est aujourd'hui de plus en plus connu, mais quI sait exactement qui il était et ce qu'il fit. Découvrir Max Jacob, c'est trouver un homme aux multiples facettes, incapable de s'insérer dans le monde extérieur, pas plus qu'il ne put s'admettre lui-même. Certaines de ses photos, quelques-uns des ses auto-portraits, révèlent l'infinie tristesse qu'il portait en lui. Et pourtant, à Montmartre, dans les bistrots ou dans l'atelier de Picasso, il faisait rire aux larmes ses amis."

Max Jacob est né à Quimper (Finistère) le 12 juillet 1876, dans une famille israélite originaire de Lorraine. Il passe son enfance sur les bords de l'Odet où son père, tailleur-brodeur, a une boutique. Le musée des Beaux Arts de cette ville conserve de nombreuses oeuvres et de nombreux souvenirs de lui.

"A huit ans, j'avais un cahier de vers. Un jour, on le découvrit et j'allai me cacher sous le tapis de la salle à manger. On m'y retrouva tout en pleurs... " "Je me souviens de ma chambre d'enfant..." Dans ce texte, le poète évoque le climat de son enfance, le domaine précieux qu'était pour lui sa chambre dans la maison de ses parents à Quimper.

En 1894, il est admis à participer au Concours général de dissertation française, puis s'inscrit à l'Ecole coloniale de Paris qu'il quitte en 1897 pour se consacrer à une carrière artistique. Pour subvenir à ses besoins, il exerce plusieurs métiers : clerc d'avoué, précepteur, magasinier. En 1901, il rencontre Picasso à l'exposition que ce dernier présente 031.JPGchez Ambroise Vollard. Leur amitié est immédiate et sera indéfectible. Ils partagent une chambre boulevard Voltaire jusqu'à ce que Picasso s'installe au Bateau-Lavoir, 13 rue Ravignan. Ce lieu conçu pour accueillir une dizaine d'ateliers pour des artistes connut des moments intenses de création et d'amitié entre poètes et peintres. Picasso y vit avec Fernande Olivier, Von Dongen, Juan Gris s'y installent.

En 1904, Max Jacob publie "le Roi Kaboul Ier et le marmiton Gauwain". "J'ai touché 30 francs pour le "Roi Kaboul". J'en ai profité pour aller dans un restaurant. Tous les plats étaient à 0 fr. 25. J'en ai eu pour 2 fr. 50. Tu t'imagines tout ce que j'ai mangé pour arriver à cette somme ! C'était la belle époque... Je rentrais seul, le soir, je mettais deux paires de chaussettes pour me réchauffer. Après il y eut Salmon, Picasso et les autres. Ce n'était plus la même chose : la misère à plusieurs ce n'est plus la misère.

En ce temps-là, Apollinaire était un petit employé de banque, il lisait ses poèmes aux uns et aux autres. Ce que l'on a raconté est faux : personne ne se doutait alors de cette gloire future... Le grand poète de la bande, aux yeux de tous, c'était André Salmon."

Au Bateau-Lavoir, en 1907, Max Jacob assiste à la création des "Demoiselles d'Avignon" qui est pour lui à l'origine du cubisme. "Picasso est le seul créateur de cette peinture qui devait révolutionner même l'aspect de la vie", dira-t-il. Cette toile monumentale (exposée au MOMA de New York), scène de maison close, dont Picasso a voulu faire un tableau pas comme les autres, peut-être le premier tableau de l'histoire de la peinture qui ne cherche pas à plaire. Picasso compose sa toile comme un puzzle, art ibérique, art africain, figures charmeuses ou inquiétantes, voluptueuses ou douloureuses. En cette même année 1907, Max Jacob se rapproche du Bateau-Lavoir et habite au 7 rue Ravignan. Il y habite de 1907 à 1911 un appentis dont il paye le loyer 35 frs 50 par trimestre. Cet endroit lépreux donne une idée de la misère dans laquelle il vit pendant ces années. "Ma chambre est au fond d'une cour et derrière des boutiques, le n° 7 de la rue Ravignan ! tu resteras la chapelle de mon souvenir éternel. J'ai pensé, étendu sur le sommier que quatre briques supportent ; et le propriétaire a percé le toit de zinc pour augmenter la lumière."

 

Photo, la carrer d'Avinyo ou rue d'Avignon (Barcelone) où habitaient les "Demoiselles"

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 21:32

 

034-copie-1

 L'exposition "Des vases pour l'éternité" qui présente, au Château Royal de Collioure, l'ensemble archéologique exceptionnel issu des fouilles de la nécropole à incinération de Negabous qui a été mise au jour lors de la construction de la rocade entre Perpignan et Saint-Estève a été inaugurée ce soir par Madame Hermeline Malherbe, présidente du Conseil général des Pyrénées-Orientales et M. Michel Moly, maire de Collioure (voir photo ci-contre). Plus de deux cents céramiques (urnes cinéraires et vases à offrandes) ont été restaurées pour être présentées au public jusqu'au mois de septembre. Ces poteries étaient souvent accompagnées des objets personnels du défunt déposés dans la fosse funéraire.

La nécropole de Negabous a livré trois cents tombes du 9ème siècle au 6ème siècle avant notre ère, soit l'âge du Bronze final et le Premier âge du Fer. Certains décors géométriques sur les vases rappellent ceux du site de Mailhac dans l'Aude.

Le Conseil général des Pyrénées-Orientales a lancé, en 2008, des études archéologiques sur le tracé de la future rocade ouest de Perpignan. Ces recherches, menées par l'INRAP ( Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) ont permis la mise au jour de deux nécropoles au lieu-dit Negabous. Les observations menées sur le terrain ont montré que le site avait été occupé durant entre les 9ème et 6ème siècles avant notre ère avant d'être de nouveau utilisé durant l'époque romaine. Durant cinq mois, l'un des plus importants chantiers de fouille archéologique jamais menés dans les Pyrénées-Orientales n'a cessé de dévoiler des vestiges.

Avant de profiter d'un buffet richement garni, les visiteurs privilégiés invités par le Conseil général à voir ces pièces riches et magnifiques, ont écouté les intervenants, Mme Hermeline Malherbe, M. Michel Moly, dire combien le département des Pyrénées-Orientales est riche de sites archéologiques et que c'est un privilège de pouvoir contempler les objets extraits de ces fouilles dans un cadre aussi prestigieux. Des écoliers seront aussi les bienvenus à ces expositions. Il a été rappelé qu'une autre exposition, visible au Château-musée de Bélesta, présente les objets trouvés dans les nécropoles de Mailhac (Aude) et est consacrée à la Protohistoire de l'Aude.

Un ouvrage (vendu au prix de 20 euros) réalisé à l'occasion de ces expositions apporte de nouveaux éléments à la connaissance de cette période particulière de l'histoire du Roussillon. Ce catalogue regroupe les contributions de plusieurs spécialistes des pratiques funéraires de la fin de l'âge des métaux, autour des découvertes de la nécropole protohistorique de Negabous.

Ces deux expositions sont ouvertes au public jusqu'au mois de septembre 2011 à Collioure et à Bélesta.  

 

 

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 07:31

 

  numerisation0009-copie-1.jpgEn Espagne, l'or rapporté des Amériques, servit à Charles Quint pour financer les nombreuses batailles qu'il mena contre ses rivaux : en 1522, les Français furent battus à la Bicoque et perdirent le Milanais. En 1524, ils furent battus à Biagrasso (mort de Bayard) et en février 1525, ils furent de nouveau battus à Pavie. François Ier se rendit le visage en sang, et fut emprisonné à la Casa de los Lujanes à Madrid. Après une année de captivité, il se résigna à signer le traité de Madrid pour recouvrer sa liberté. Ce traité cédait la Bourgogne à Charles Quint. En août 1529, François Ier et Charles Quint signèrent le traité de Cambrai qui fit du roi d'Espagne le maître de l'Italie, et l'année suivante, il se fit couronner roi d'Italie.

En 1541, Charles Quint organisa une expédition contre Alger, expédition à laquelle participa Hernan Cortes. L'expédition se solda par un échec. La destruction de la flotte espagnole livra la Méditerranée occidentale aux Français et aux Turcs.

Après les décès d'Henry VIII et de François Ier en 1547, Charles Quint dut faire face aux princes luthériens allemands, et leur infligea la défaite de Mûhlberg. Mais c'est contre le successeur de François Ier, Henri II, que la lutte s'avéra difficile. Henri II, soutenu par le pape Paul III et par les Guises, intervint en Italie, dans le duché de Parme. Lié avec des princes allemands luthériens, il fit occuper Metz, Toul et Verdun (les Trois-Evêchés), villes du Saint Empire, mais de langue française. Charles Quint voulut réagir en attaquant Metz, mais son armée, décimée par les maladies et par les intempéries, fut défaite en janvier 1553. Charles Quint se résigna à signer la Paix d'Augsbourg, qui accordait la liberté de culte aux protestants (1555), et avec Henri II, le traité de Vaucelles qui faisait de la France le maître du Piémont et des Trois-Evêchés. Charles Quint abdiqua successivement ses différentes couronnes. Ses multiples héritages se trouvèrent alors répartis entre deux branches de la Maison de Habsbourg ; la branche espagnole, représentée par son fils Philippe II gardait, outre l'Espagne (avec les Baléares et les Canaries) et son vaste empire colonial (les Antilles, le Mexique, le Guatemala, le Nicaragua, le Honduras, le Venezuela, Panama, le Pérou, le Chili et l'Argentine), Naples, Milan, la Franche-Comté, les Pays-Bas ; la branche autrichienne, représentée par son frère, Ferdinand Ier, gardait les possessions allemandes des Habsbourg et l'Empire. Philippe II fut couronné roi d'Espagne en 1556, et se montra très vite un dangereux ennemi de la France. Le traité de Vaucelles fut renié par le nouveau roi et la guerre reprit entre l'Espagne et la France. L'Angleterre (l'épouse de Philippe II, Marie Tudor, était anglaise) s'allia à l'Espagne. Le 10 août 1557, les Français furent battus à Saint-Quentin et le connétable de Montmorency, chef des armées de Henri II fut capturé. En 1559, la France et l'Espagne signèrent la paix de Cateau-Cambrésis : la France abandonnait le Piémont, la Savoie. Après la signature de ce traité, une longue paix régna entre la France et la Maison d'Autriche. Pour rendre hommage à la victoire du mois d'août 1557, Philippe II fit entreprendre la construction du palais de l'Escurial dès 1563, à une quarantaine de kilomètres de la nouvelle capitale espagnole, Madrid.

L'Espagne dut ensuite faire face à la domination turque en Méditerranée orientale. L'Empire Ottoman se composait de l'actuelle Turquie, de la Grèce, de la Bulgarie, de la Hongrie, de la Valachie, de la Bosnie, de la Moldavie, de l'Arménie, de l'Irak, de la Syrie et descendait jusqu'au Caire. L'Empire possédait aussi l'île de Chypre et la ville de Tunis. Philippe II envoya contre lui une flotte à laquelle se joignirent des navires pontificaux et vénitiens. Les Turcs furent battus à Lépante en 1571, mais cette victoire de Philippe II resta sans lendemain, car l'Empite ottoman conserva tous ses territoires.

En 1580, le Portugal se trouva sans roi et sans héritier à la couronne. Philippe II occupa ce pays pour compléter l'unité politique de la péninsule Ibérique. Cette annexion provoqua la ruine du Portugal devenu riche grâce aux matières précieuses rapportées de l'Inde et des Moluques ainsi que du Brésil.

En 1581, l'Espagne perdit les Pays-Bas qui se constituèrent en République des Provinces-Unies.

Quelques années plus tard, le roi d'Espagne dirigea contre l'Angleterre de la reine Elisabeth Ière une expédition colossale composée de 135 navires, 16 000 marins, 19 000 hommes de troupes, qualifiée d'Invincible Armada (juin 1588). L'expédition se solda par un désastre pour l'Espagne à cause du mauvais temps et à cause de la lourdeur des navires. Philippe II mourut en 1598 et laissa à son successeur Philippe IV un royaume encore immense, amis affaibli par les guerres incessantes et les constructions grandioses comme l'Escurial.

 

 

Illustration, un billet de banque du Honduras. 

 

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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 09:01

 

 

Vous avez certainement remarqué que dans mon article sur "Casanova de Madrid à Valence", j'ai écrit volontairement le substantif qui se rapporte au gros mammifère noir et cornu, toro et pas t-a-u-r-etc. orthographe trop compliquée à mon goût.

En classe de CE1, l'institutrice nous dicta un jour un texte dans lequel il y avait ce mot. Dans un élan de coeur et croyant être dans mon bon droit (ortho, en grec), j'écrivis "toro" ayant vu ce mot sur la pochette d'un disque de Jacques Brel. "Les toros s'ennuient le dimanche, quand il s'agit de mourir pour nous..." L'institutrice me donna un point en moins et je découvris avec consternation que toro s'écrivait t-a-u-r-etc. Pourtant, en castillan, toro c'est toro et mammouth c'est mamut ! En matière de réforme de l'orthographe, il y a les puristes et les autres.

Toujours en CE1, l'institutrice nous demanda de rendre pour le lendemain un exercice avec des mots en "ph". Ayant toujours refusé de comprendre comment un "p" + un "h" = fe, je ne fis pas l'exercice en question. On a beau m'expliquer depuis moult années que cela vient du grec, et comme la lettre "h" n'existe pas dans cette langue, l'association maladroite du "p" et du "h" ne peut que relever du mensonge bureaucratique. Quand je vais à Athènes, et que je passe devant une pharmacie, je lis farmakeio (avec la lettre fi) et non pharmakeio. En castillan, farmacia, comme en italien...

A l'école primaire, on nous apprend que mort prend un "t" parce qu'on dit morte, enfant aussi parce qu'on dit enfantillage. C'est vrai depuis la réforme de l'orthographe de l'Académie française en 1830. Sur le fronton de l'hôpital Necker construit avant cette date (et démoli il y a deux ans), on pouvait lire "hôpital des enfans malades" (sans "t") et pas des enfants malades. Par contre, abri s'écrit abri (sans "t") et pourtant on dit abriter !

Plus tard, en classe de Troisième, la professeure de français nous fit faire une dictée où il y avait le mot "passion" que j'écrivis "pation". Après tout, on dit bien une récréation, une addition... En rendant les copies, elle expliqua que "pation" ne pouvait que se prononcer "pathion" et non "passsssion". Pourtant si je place "usur" devant "pation" je prononce bien "usurpassion" ! J'ai beaucoup de misère avec l'orthographe écrite comme cela (et pourtant en grec, j'écris = grafo avec un fi et un oméga) ! 

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 00:00

 

 

"Je vais vous mettre en examen pour délit de fuite et outrage à agent de la force publique." Allan avait envie de lui répondre : "Vous êtes gentil !". Mais il avait peur que le policier lui réponde : "Quoi ? Je pourrais aussi vous coller sur le dos un autre chef d'inculpation. Celui de vol dans un casino ; car c'est vous qui avez braqué une arme sur la tempe du croupier pour vous emparer de la recette ?" Allan se dit qu'il aurait mieux fait de regarder des variétés à la télé ou de ne pas prendre cette fille en stop. Car c'était bien comme cela que tout avait comencé. Il n'avait que vingt-trois ans quand il avait rencontré Typha. Lui prenait de l'essence à la station service, elle faisait du stop sur le parking du centre commercial. Ils s'étaient connus, ne s'étaient pas mariés et s'étaient quittés. Elle le trouvait trop conformiste, trop matérialiste, bref, trop près de ses sous. Elle, une enfant avec sa paille fichée dans la bouche quand elle buvait du soda en regardant à la télé cette série policière au titre pseudo-comique : Fun & raille. Meutres après meutres, vols après vols, agressions après agressions, elle ne connaissait du monde que son aspect pervers et malsain. Personne n'avait vu un couple aussi mal assorti. Lui, costume et cravate, maniaque, prudent sur la route, elle minijupe, désorganisée, dépensière. Ils se battaient souvent, se comprenaient rarement. Depuis qu'ils s'étaient séparés, le voisinage avait retrouvé sa tranquillité. Allan qui avait gardé la maison, était apprécié de ses voisins. Mais connaissant ce passé turbulent, ces derniers ne seraient pas surpris de voir Allan en prison pour la disparition de sa compagne. Parce que Typha s'était bel et bien évaporée dans la nature entre Canet et Saint Cyprien. Le corps n'avait pas été retrouvé mais tout accusait Allan. Typha avait braqué le croupier du casino pour faire comme dans les films et Allan l'avait fait disparaître et avait emporté le magot dans des sacs en papier. Voulant fuir la police, il aurait entrepris un demi tour sec et désespéré mais ce serait fait prendre comme un novice. Le policier n'était pas mécontent du résultat de son enquête. Celle-ci avait été menée prestement et elle allait lui faire gagner des échelons et son équipe allait se voir félicitée par le préfet pour son ardeur au travail. Seul Allan broyait du noir au fond de sa cellule. Demain il ferait les gros titres de la presse locale. Des journalistes iraient à la rencontre des gens de sa rue et mettraient en boîte les éloges entendus du genre, c'était-un-voisin-charmant-toujours-serviable ou je-ne-comprends-pas-ce-qui-a-pu-se-passer... Si au moins on retrouvait Typha, morte ou vive, cela nous éclairerait sur le déroulement de cette affaire. Un radar, une fille qui fait du stop sur le parking d'un casino et qu'on ne retrouve pas, voilà deux indices bien minces pour enfermer quelqu'un pendant vingt ans. 

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