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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 10:58

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La gare de Perpignan, point de départ de notre voyage de 44 kms sur la nouvelle Ligne à Grande Vitesse à destination de Figueres, est le Centre du Monde depuis que Salvador Dali y a eu une vision exacte de la constitution de l'univers. Sa 'visite officielle' du mois d'août 1965, avec son arrivée en wagon à bestiaux,  lors d'un jour mémorable où, suivi de sa cour, d'une cobla et de Gala, il s'est rendu dans la propriété de Firmin Bauby, artiste et ami des arts, en a fait un lieu  à nul autre pareil et célèbre dans le monde entier. La place devant la gare a été baptisée place Salavador Dali; c'était la moindre des choses quand on sait que le Maître a immortalisé ce chef d'oeuvre de l'art industriel dans un tableau exposé à Cologne.

 

La municipalité pensait construire la gare TGV à l'extérieur de la ville, loin du centre. Mais par la suite, elle a fait le pari d'agrandir la gare actuelle et d' aménager un centre commercial, des hôtels et des bureaux, dans un complexe appelé "El Centre del Mon".

 

Le train est arrivé pour la première fois au centre ville de Perpignan en 1859; la gare était alors en bois. La première gare en dur a été construite quelques années plus tard. Très vite, un monde de la gare va naître avec l'afflux des voyageurs. Les pouvoirs publics vont devoir surveiller et contrôler les mouvements autour et dans la gare et multiplier les règlements. La gare attire publicitaires et marchands. Un bazar ouvre dans la gare de Perpignan en 1832. C'est un lieu où on trouve des objets usuels, des articles de voyage et de toilette, bref tout ce que le voyageur a oublié pour effectuer son périple. La concession de ces bazars est soumise à des règles strictes comme : "Toutes les marchandises présentées à la vente devront être de première qualité et ne jamais être vendues plus de 15% au-dessus du prix de fabrique." La cour de la gare est elle aussi soumise à une règlementation stricte : "La mendicité et toute sollicitude importune pour l'indication d'hôtels, pour le transport des bagages, pour offres de service... sont interdites dans les cours des gares et stations et en général dans toute les dépendances du chemin de fer. Ceux qui troublent l'ordre par des cris, des injures, des rixes ou par des attroupements gênant la circulation seront poursuivis conformément aux lois."   

La gare de Perpignan a vu passer des voyageurs célèbres et inconnus. Matisse et Derain y sont passés en 1905, en route pour Collioure, et dans des circonstances moins radieuses, des soldats en sont partis pour le front en 1914 puis en 1939. En 1959, André Hunebelle et son équipe arrivent à la gare de Perpignan pour tourner dans les Pyrénées-Orientales un film, avec Jean Marais et Bourvil, qui fera date dans l'histoire du cinéma : "Le Bossu". 

"La gare était celle d'une ville du Midi de moyenne importance, construite en briques roses sur lesquelles se détachait l'appareil de pierre des portes d'accès aux quais, de la salle d'attente, du buffet et des bureaux." Claude Simon, L'Acacia.

"Sous la grosse horloge, un horaire indique les correspondances pour Prades, Saint-Paul-de-Fenouillet, Argelès, Banyuls, Cerbère, Port Bou. Il porte aussi la date : 26 mai 1943." Armand Lanoux, Le Berger des Abeilles.

 

Aujourd'hui, c'est une gare d'où partent des trains pour Montpellier, Paris, Villefranche-de-Conflent, Bourg-Madame, et bientôt, ce dimanche 19 décembre 2010, pour Figueres par la voie rapide qui sera prolongée vers Barcelone en 2012. 

        

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 15:58

002-copie-3 

Ce dimanche, le 19 décembre 2010, sera inaugurée la LGV, ligne à grande vitesse entre Perpignan et Figueres.

Longue de 44.400 kilomètres, dont un tunnel au Perthus de 8.200 kilomètres - dont le percement s'est achevé en novembre 2007 -, cette ligne reliera les deux villes en 23 minutes.

Le train inaugural partira de Perpignan à 12 heures 24 et arrivera à destination à 12 heures 47.

Le nouveau quartier de la gare de Perpignan ( El Centre del Mon - Centre du Monde, voir photo ci-contre ) a en partie ouvert la semaine dernière; à terme, il comprendra, 55 boutiques, 2 hôtels et des bureaux.

 

Nous nous intéresserons cette semaine à Figueres, chef-lieu de l'Alt Emporda, ville de 35 000 habitants, au passé artistique et culturel riche notamment grâce à Salvador Dali.

 

Salvador Dali visitant la National Gallery of Art de Washington DC a été empêché par des gardiens de s'approcher d'une de ses oeuvres, La Cène, pour des raisons de sécurité ( sic ). Le capitaine Peter Moore, dans son livre intitulé " Flagrant Dali", conclue : " Voilà comment des hommes de main américains se sont rendus responsables de l'échec d'une révélation divine, grâce à laquelle la ville de Washington DC aurait pu devenir aussi célèbre que Perpignan et sa gare qui était, d'après l'imagination très fertile de Dali lors de l'année 1963, le centre du Monde."

 

François Darnaudet, dans son polar "Le dernier Talgo à Port-Bou" écrit : "A quelques mètres près, j'étais à cet endroit que Dali avait surnommé 'le Centrrre du Monde' ! Aux Beaux-Arts, nous avions étudié cet épisode folklorique de la vie du peintre catalan. En se penchant à la fenêtre du compartiment d'un train qui entrait en gare de Perpignan, l'hyperbolique Salvador eut la révélation qu'il atteignait un point nodal de l'univers. Son tableau de 1963 intitulé La Gare de Perpignan représentait un homme et un wagon flottant au-dessus des diagonales d'un rectangle. L'intersection de ces diagonales servait de centre de symétrie à une réinterprétation de l'Angélus de Millet."

 

Dans son "Journal d'un génie", le Maître catalan écrit le 19 septembre 1963 : "C'est toujours à la gare de Perpignan, au moment où Gala fait enregistrer les tableaux qui nous suivent en train, que me viennent les idées les plus géniales de ma vie. (...) Eh bien, ce 19 septembre, j'ai eu à la gare de Perpignan une espèce d'extase cosmogonique plus forte que les précédentes. J'ai eu une vision exacte de la constitution de l'univers. L'univers qui est l'une des choses les plus limitées qui existe serait, toutes proportions gardées, semblable par sa structure à la gare de Perpignan, à la seule différence près que là où se trouve le guichet, il y aurait dans l'univers cette sculpture énigmatique dont la reproduction gravée m'intriguait depuis plusieurs jours." 

Et Salvador Dali d'ajouter :

" C'est à partir des idées de la gare de Perpignan que :

Tout en cherchant le 'quantum d'action'

La pinturelle, la pinture re le, la pinture re le la...

Tout en cherchant le 'quantum d'action'

Combien d'expériences il peinturlura là

La pinturelle, la pinture re le, la pinture re le la."

   

Le tableau "La Gare de Perpignan" se trouve au musée Ludwig de Cologne ( Allemagne ).  

 

 

  

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 19:45

Dans le cadre de l'exposition sur le Dévôt-Christ revisité à Notre-Dame des Anges à Perpignan, ouverte au public jusqu'au 18 décembre, son commissaire, M. Jean-Bernard Mathon, donnait samedi une conférence sur la difficile question de savoir si le Dévôt-Christ est catalan.

 

Avant d'inaugurer l'exposition où une copie du Dévôt-Christ est montrée au milieu des tableaux de Jean Kiras, "les restaurateurs l'ont autopsié, scanné, prélevé, lui ont fait subir tous les examens scientifiques possibles, pour tenter de répondre à ces questions : D'où vient-il ? Qui l'a fait ? Pourquoi l'a -t-on transformé au cours du temps ? Des réponses sont apportées, de nouvelles hypothèses avancées. Sa restauration permet une meilleure lisibilité." écrit M. Jean-Bernard Mathon dans le dossier sur l'exposition que les visiteurs peuvent se procurer gratuitement.

 

Le Dévôt-Christ est-il catalan ? Le titre que M. Jean-Bernard Mathon, directeur du Centre de Conservation et de Restauration du Patrimoine 66, Conservateur des Antiquités et Objets d'Art des Pyrénées-Orientales, a donné à sa conférence, est un clin d'oeil voire une provocation.

Cette conférence apportait sur le Dévôt-Christ plus d'aspects historiographiques que stylistiques.

On a considéré le Dévôt-Christ comme une oeuvre du 16ème siècle jusqu'en 1938.

Joseph Coma dit qu'il existait à Saint-Jean une confrérie du Dévôt-Christ et que l'image du Dévôt-Christ a été sculptée en 1529. Dans les archives, des documents font référence à des processions contre la sécheresse et contre la peste entre 1578 et 1631, durant lesquelles on sortait le Dévôt-Christ.

La conscience patrimoniale est exacerbée dans la deuxième moitié du 19ème siècle et le Dévôt-Christ est déclaré Monument historique en 1892 et on le classe comme une oeuvre du 16ème siècle. En 1934, le Dévôt-Christ est exposé à la Sainte-Chapelle de Paris, dans le cadre d'une exposition sur la Passion du Christ dans l'Art français.

En 1938, Frederick Deknatel, historien d'art Américain ( il a fait une thèse sur les sculptures gothiques en Espagne ), fait un rapprochement entre le Dévôt-Christ et le Christ de Sainte-Marie-du-Capitole à Cologne ( Allemagne ), et il critique les écrits de Cosma.

Marcel Durliat ( décédé en 2006 ), professeur à l'Université de Toulouse, rédige un article en 1953 où il fait référence à une découverte de reliques, il critique lui aussi les écrits de Coma et confirme les hypothèses de Deknatel.

Angela Franco-Mata, Conservatrice dans un musée de Madrid, rédige dans les années 80 des articles sur le Dévôt-Christ.

 

En 1529, le Dévôt-Christ subit une restauration. La croix en Y est transformée en croix latine; la hampe est en tilleul, la traverse est en aulne, traverse qui était avant 1529 une des branches du Y. La polychromie d'origine est modifiée : La tête du Christ avait un aspect plus douloureux et sanguinolant; elle est repeinte pour masquer les tâches de sang pour des effets de mode et pour rendre le Christ plus "moderne".

Une deuxième restauration est effectiuée en 1826 : On ouvre la partie arrière pour accéder aux reliques.

 

Le Dévôt-Christ est-il rhénan ? Le Christ du Capitole de Cologne dont parle Deknatel exprime la souffrance sanguinolante. Si les corps des deux statues sont comparables, de même style, les têtes sont complètement différentes. Le Dévôt-Christ n'est plus un Christ mort que souffrant sur la croix. Le Christ rhénan est en noyer et en chène alors que le Dévôt-Christ de Perpignan est en tilleul et en aulne.

 

Le Dévôt-Christ devient plus un objet patrimonial qu'un objet de dévotion. Un grand nombre de copies et de reliques ont été réalisées et c'est bien une copie qui est présentée depuis 1989 lors de la procession de la Sanch le Vendredi Saint à Perpignan. La dévotion s'applique bien sur une copie.

 

Avant l'ouverture de l'exposition "Le Dévôt-Christ revisité", l'intervention sur la statue a été l'étude et le décrasssage; l'huile et la cire l'avait rendu brunâtre au cours du temps; la polychromie retrouvée est lacunaire. Lorsqu'on fait une restauration, on ne doit pas trahir l'histoire de l'oeuvre, on ne fait pas de la rénovation, dit en conclusion M. J.-B. Mathon qui ne répond pas à la question qui est le thème de son exposé car il ne peut y répondre, à part le fait que le Dévôt-Christ ne serait pas rhénan, des epxerts allemands ayant affirmé que le tilleul n'existait pas dans la région de Cologne.

 

L'origine du Dévôt-Christ reste donc un mystère même si M. Mathon pense qu'il a été fait par deux personnes, un sculpteur et un polychromiste.

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11 décembre 2010 6 11 /12 /décembre /2010 20:36

 

 

 

Mon amie Anastasia était avec son neveu Constant. Elle portait une robe longue avec des manches bouffantes et un grenat en pendentif dont l'éclat était avivé par le jeu des flammes du feu de cheminée proche de nous. Le serveur nous apporta la carte des plats et des vins. Au menu, il y avait de la salade au poulet cajun, salad with Cajun spiced chicken dans le texte. Nous commandâmes tous le même plat.

Anastasia avait été une grande chanteuse de jazz. Dans tous les cabarets de la Nouvelle-Orléans où elle était passée, dont le Krazy Korner dans le Vieux Carré ou Quartier Français, elle avait brûlé les planches, fait pleurer plus d'un admirateur et avait enthousiasmé des néophytes qui l'applaudissaient à tout rompre. Comme elle habitait à Western Elm avenue, on l'avait surnommée la Dame d'Elm. Son frère Constantin l'accompagnait alors au piano.

-Tu fumes !

-Quand je suis heureux, je fume.

-Tu sais Luc, mon pauvre Constantin ne méritait pas ce sort. On lui a fait des misères. Il est mort comme il a vécu, sur scène.

Nos plats arrivèrent et le sommelier remplit nos verres.

-Maintenant, c'est Constant qui me suit partout avec sa contrebasse. Mais les temps ne sont plus les mêmes. Le public est exigeant et ma voix s'affaiblit. Des organisateurs de spectacles me disent c'est bien ce que vous faîtes, je vous prendrai dans un an...deux ans...Et le temps passe.

Constant nous regardait sans rien dire.

-Et toi, que deviens-tu ?

-Oh moi, j'ai pris une chambre dans un hôtel dans le quartier avec une fenêtre au dessus du Café du Monde.

-Le Café du Monde ! On y sert de bons beignets et le café y est si "perfioumé". Avec Constantin j'y allais après le spectacle tard dans la nuit, déjà presque l'aube. Nous parlions jazz avec nos voisins de table. Ils étaient intarissables sur le revival et le be bop. Quand tu penses que maintenant les élèves de troisième année ne savent même pas qui est Chet Baker. Ce soir nous irons écouter du bon jazz. Oh dear, cette salade est delicious, et ce vin ! Les Américains aiment beaucoup le vin et ici il y en a de très bons. Qu'est-ce que c'est ?

-La cuvée des "Bons temps rouler".

-Tu sais love que je n'ai jamais été dans le pays cajun. Là bas, c'est différent, c'est une autre Amérique. Ma vie est ici.

Je voulus savoir si elle avait chanté à New York.

-Oui mais pas au Cotton Club, je n'étais pas assez capable de...Dans des petites salles. A la Nouvelle-Orléans, j'étais chez moi mais ailleurs je suis une inconnue. Ces types autour de nous doivent se demander qui peut bien être cette bonne femme avec sa robe extravagante qui mange une salade cajun à six mille miles de son village.

Anastasia était fatiguée et voulait se reposer. Après un crumble aux mûres et un dernier verre de vin, nous nous quittâmes avec promesse de nous revoir le soir même et son neveu la raccompagna à son hôtel. J'avais décidé de me promener au hasard dans la ville et de visiter un musée avant le souper. Mais mon amie avait du regagner son "village" comme elle disait et je ne revis jamais cette Dame d'Elm qui avait transcender les foules avec sa voix de velours qu'écoutaient aussi certains peintres quand ils peignaient dans leur atelier pour trouver l'inspiration et la fluidité des lignes de leurs tableaux.

Je partis donc seul vers un ailleurs et de nouvelles découvertes à travers cette ville dont j'avais tant rêvé depuis mes quinze ans, une sorte de terre promise ou d'Eldorado où la rigueur du temps me paraîtrait lointaine...

 

 

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 12:32

013.JPGHier, 09/12/2010, était organisée à partir de 19 heures, au cinéma Méga Castillet de Perpignan, une séance de dédicace du dvd du film de Laurent Vinas-Raymond, avec Omar Sharif et Emilie Dequenne, "J'ai oublié de te dire...".

 

L' histoire, dont le tournage a débuté le 22 septembre 2008, a été entièrement filmée dans le département des Pyrénées-Orientales, d'abord au lac des Bouillouses, puis à Thuir, Toulouges et Collioure.

Sa sortie sur les écrans a eu lieu le 28 avril 2010.

Ce film avec Omar Sahrif ( "Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran", "Le Docteur Jivago" ), Emilie Duquenne, Anne Canovas et Cali ( dans son propre rôle ) raconte la rencontre entre une jeune fille sans avenir avec un ancien champion cycliste atteint de la maladie d'Alzheimer.

Avant la séance de dédicace, dans la grande salle du complexe, a été projetée le "making of" du dvd qui est en vente depuis quelques semaines, et deux musiciens ont joué des morceaux de la bande originale du film signée Joanna Bruzdowicz, à la flute et au violoncelle. Le réalisateur, Laurent Vinas-Raymond, a remercié les personnes qui avaient accueilli dans leurs mas et dans leurs exploitations agricoles l'équipe du tournage, et Hermeline Malherbe, présidente du Conseil Général des Pyrénées-Orientales a en quelques mots précisé le rôle que la dite institution a joué pour la réalisation de ce film.

 

Un dvd collector avec le film, le "making of" et des bonus, sera mis en vente dès la semaine prochaine. 

 

 

Photo, Laurent Vinas-Raymond et Anne Canovas dédicacent le dvd de leur film.

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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 09:28

009-copie-1.JPG Le Museum d'histoire naturelle de Perpignan accueille jusqu'au mois de mai 2011, une exposition sur le thème " Le grenat de Perpignan, une gemme de caractère".

Aménagé dans un ancien hôtel particulier du 17ème siècle, le Museum d'histoire naturelle de Perpignan, présente une collection d'animaux rares ou disparus des Pyrénées-Orientales ainsi que des oiseaux migrateurs, des mollusques, des minéraux. Dans la salle Companyo, du nom du fondateur du Museum en 1840, on peut y voir des objets ethnologiques océaniens ( dont de nombreux provenant de Nouvelle-Calédonie ) et des animaux exotiques dont un crocodile du Siam d'une longueur de quatre mètres. La visite se termine par la salle de la momie égyptienne, un prêtre de la 21ème dynastie, cadeau de Ibrahim Pacha venu faire une cure thermale à Vernet-les-Bains.

Le Museum ( photo ci-dessus ) offre aussi aux visiteurs et aux étudiants, une bibliothèque pour les recherches scientifiques et la popularisation de la culture.

 

L'exposition "Le grenat de Perpignan, une gemme de caractère" présente des bijoux et en explique la fabrication.

Les grenats sont une gemme dont la gamme de couleurs ambrasse une large palette avec toutes les nuances du rouge.

Ils sont montés en joaillerie et les rouges et les violacés sont les couleurs courantes employées dans le Roussillon.

Le Canigou ( 2 784 mètres ) est constitué en grande partie de minerais de fer et son sous-sol recèle de nombreux grenats. Autrefois extrait des montagnes des Pyrénées-Orientales, le grenat provient maintenant de pays comme le Mozambique, le Kénya, la Tanzanie, Madagascar, le Sri Lanka, l'Inde. En Europe, on extrait le grenat de Bohème en République Tchèque.

 

La confrérie du Grenat de Perpignan, défend le savoir-faire local en matière de fabrication des bijoux et entend sauvegarder la fabrication dite en  "taille de Perpignan".

Les bijoux en grenat de Perpignan sont sertis de façon à ce que la pierre soit à fond plat et facettée sur le dessus. Issu d'une méthode de travail très ancienne, seule la bijouterie catalane continue de pratiquer ce type de montage disparu partout ailleurs en Europe. Aujourd'hui, les tailleries d'Idar-Obenstein en Rhénanie-Palatinat approvisionnent les bijoutiers catalans en pierre dite "de Perpignan".

 

La fabrication du bijou se décompose de la façon suivante :

 

1) Le tirage de l'or à la filière : Issu de l'extraction minière ou de la récupération des métaux, l'or est exclusivement employé pour la fabrication des bijoux en grenat de Perpignan. Fondu et travaillé en fines plaques ou en fils de différentes épaisseurs, l'or est d'abord passé au banc à étirer ou au laminoir. Le tirage de l'or demandait parfois la force de plusieurs hommes. Outre la fabrication des bijoux, le tirage de l'or entrait dans celle des fils d'or des broderies d'église et des brocards.

2) Estampage et sertissure de l'or : L'estampage consiste à imprimer manuellement une forme en creux sur une plaque d'or à l'aide d'une matrice. Les fils d'or sont tréfilés dans un laminoir à sertissure qui va imprimer le filet ou rail sur lequel la pierre pourra venir de poser. Chaque pierre est contournée par la sertissure qui est soudée au fond afin de réaliser le chaton. Le principe de l'estampage manuel est omniprésent dans la fabrication des fonds de chaton ainsi que dans les éléments qui constituent la croix badine(*).

3) Le paillon et le serti du grenat : Afin d'améliorer la luminosité et l'éclat du grenat, un paillon, feuille d'argent de teinte rouge, est découpé puis mis au fond du chaton, pour réfléchir la lumière et aviver la pierre. Ce procédé ancien est lié à la technique du serti clos qui consiste à entourer la pierre d'une bâte de métal qui l'enchâsse complétement. La partie est réalisée à la lime puis le métal est rabattu.

 

(*) Remise au goût du jour à la fin du 19ème siècle, la croix badine est ainsi nommée à cause de son tremblement exercé par une charnière dissimulée.

 

Dans les dernières années du 19ème siècle, le régionalisme en Roussillon joue un grand rôle dans la création artistique; c'est la Belle-Epoque.

Le bijou devient un emblème de la catalanité et un signe d'appartenance à la culture catalane à tel point qu'après la guerre de 1870, les bijoutiers délaissent le montage des autres pierres pour choisir exclusivement le grenat.. Le bijou en grenat de Perpignan supplantera même la traditionnelle coiffe de dentelle après la guerre de 14-18.

C'est bien le sentiment régional qui lui confère encore aujourd'hui sa charge identitaire. Quelle famille catalane n'a pas porté un bijiou en grenat qui se transmet de génération en génération ?

Impliquée dans ce régionalisme, l'Eglise catholique a porté haut son intérêt pour le grenat et les évêques portent dans les années 20 une croix ornée de grenats.

C'est l'époque où de nombreux bijoutiers comme Augustin Colomer se spécialisent dans la fabrication du bijou en grenat. Installé rue Llucia, il est aussi à l'origine de la fondation de la Chambre Syndicale des Maîtres-artisans et de la Mutuelle artisanale en 1927 et de la Chambre des Métiers en 1930. Il participe à l'Exposition universelle de 1937 et y présente des chefs d'oeuvre dont un Castillet comportant 324 grenats.

Après 1945, le bijoutier Georges Lavaill fabrique ses bijoux entre respect de la tradition et utilisation des techniques modernes. Il deviendra le fondeur attitré de Salvador Dali en s'installant à Barcelone. La fin des années 80 voit la création de la confrérie du Grenat de Perpignan qui oeuvre à garantir les m"thodes authentiques et artisanales. Elle défile en cortège chaque année pour la Saint-Eloi dans les rues de Perpignan.   

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 13:59

 

   

 

 

Le grenat est une pierre précieuse de couleur rouge vineux. La confrérie du "Grenat de Perpignan" est une association de bijoutiers des Pyrénées-Orientales visant à sauvegarder le montage traditionnel du joyau catalan.

La fête du grenat de Perpignan débute au moment de la Saint-Eloi. Fêté chaque 1er décembre, Saint-Eloi naquit près de Limoges. Il eut très tôt des prédispositions pour travailler les métaux. Le roi Clotaire II ayant entendu parler de lui, le fit venir à sa cour et lui commanda un trône d'or orné de pierreries.

L'amitié de Saint-Eloi avec le roi Dagobert, successeur de Clotaire II, est bien connue. Dagobert lui offrit des terres sur lesquelles il bâtit un monastère.

Fils de Clotaire II, Dagobert devint l'unique roi des Francs à la mort de Clotaire en 629 et surtout à la mort de son frère Caribert à qui il avait dû laisser le gouvernement d'une partie de l'Aquitaine et du Languedoc. Il dut composer avec les exigences de l'aristocratie et donner pour roi aux Austrasiens son fils Sigebert. Afin d'éviter que celui-ci ne s'approprie la totalité du royaume, Dagobert attribua de son vivant à son second fils, Clovis II ( 635-657 ), la Bourgogne et la Neustrie.

 

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Saint-Eloi, évêque de Noyon, est le patron des orfèvres et des forgerons.

 

L'artisanat du grenat trouve ses racines en Roussillon au 18ème siècle. Il est alors extrait des mines de Castabonne, de Belesta et du Col de la Bataille. La taille du grenat, dont la forme brute est agencée en facettes, a donné lieu à un savoir-faire artisanal unique en son genre. C'est la taille dite "de Perpignan", systématiquement employée qui est le dénominateur commun de la bijouterie roussillonnaise.

 

Le Museum d'histoire naturelle de Perpignan présente jusqu'en mai 2011 une expostion sur le thème "Le grenat de Perpignan, une gemme de caractère". Outre des bijoux dont la croix badine, des portraits de femmes portant des bijoux en grenats, l'expostion retrace l'histoire et les étapes de la fabrication des bijoux.

 

Photo, cortège de la confrérie du Grenat de Perpignan rue de la Main de Fer, le 5 décembre 2010.

 

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 09:22

Samedi dernier, dans le cadre du cycle de conférences sur le Dévôt-Christ, Mme Laetitia CANAL, professeure d'histoire-géographie au lycée Arago de Perpignan, est venue parler en marge de l'exposition "Le Dévôt-Christ revisité"  à Note-Dame-des-Anges, sur le thème "La crucifixion dans l'art moderne et contemporain".

 

"Dans une chapelle qui s'appuie contre la Cathédrale Saint-Jean se dresse un magnifique Christ de bois - dit Dévôt Christ - qui est une création du génie. La matière s'efface pour ne plus laisser place qu'à l'esprit; ce visage exsangue, la peau collant à l'os, peau brûlée, tannée par des siècles de torture, peau de cadavre, belle et dure comme un cuir de Cordoue, échappe à la réalité; l'ascetisme espagnol ne s'est jamais plus fortement exprimé; on ne peut rêver art plus dépouillé ni plus surréelle image de la mort. Une légende veut que le visage de ce Christ s'incine insensiblement vers la poitrine et que le moment où menton et thorax se toucheront marque l'heure de la fin du monde. Du Moyen Age à ces années 1910, j'imagine que le mouvement de la tête devait être bien lent - lent comme la vie de la ville, comme le glissement de l'ombre du pin, comme le déroulement de ces existences sans histoire; j'imagine aussi que depuis trente ans il a dû accélérer sa vitesse de chute - quel étroit sillon entre tête et poitrine doit apparaître aujourd'hui dans nos temps de fin du monde ?" Victor Crastre, "Naissance du Cubisme, Céret 1910-1920" 

 

La crucifixion est un thème qui revient souvent dans l'art ( peinture, sculpture... ) depuis le 2ème siècle. A Rome a été trouvée une représentation de la crucifixion éxécutée vraisemblablement par un polytheiste qui se moque de la religion chrétienne, Jésus étant représenté sous la forme d'un âne. A partir de 420, la crucifixion devient un élément central de l'iconographie chrétienne. Le Christ est alors représenté nu mais à partir du 12ème siècle, il est représenté avec un pagne ou complètement vêtu pour des raisons de pudeur. Le Christ est représenté en gloire ou souffrant comme le Dévôt-Christ de Perpignan et devient une oeuvre centrale du choeur des églises.

La crucifixion de Mathias Grunewald ( 16ème siècle ) du retable d'Issenheim ( musée de Colmar ) représente la souffrance des malades atteints de la maladie des ardents autant que celle du Christ.

Le Gréco, Zurbaran, Velasquez, Rembrandt, Goya ont au moins une fois peint une crucifixion. Le propos dépasse le simple thème de la religion; il s'agit de représenter la souffrance de l'homme.

L'art moderne a réinventé la crucifixion. Dans les oeuvres du 20ème siècle, le corps est assimilé à la croix elle même. Des artistes travaillent pour l'Eglise en y ajoutant leur propre touche. Foujita décore une chapelle à Reims; son style s'inspire de la Renaissance et de l'art oriental. Matisse dans la Chapelle du Rosaire à Vence ( 1947-1951 ) peint une version stylisée simplifiée de la crucifixion. Sa Vierge à l'Enfant fait référence aussi bien à la naissance de Jésus qu'à sa mort.

Il y a aussi des crucifixions personnelles qui sont hors commandes de l'Eglise. Dans la crucifixion de Paul Gauguin, "Le Christ Jaune", l'interprétation est classique ( on y voit la croix, les clous, le pagne... ) mais c'est aussi une représentation iconoclaste car elle est représentée dans un paysage breton avec des femmes du pays bigouden et il y a en arrière plan des personnages qui sont détachés de l'événement. Martin Vives, peintre Catalan, peint une procession où la crucifixion n'est pas l'élément central du tableau. Otto Dix représente la Ière guerre mondiale sous la forme d'un retable qui montre des scènes de batailles et où il remet en cause sa foi. Marc Chagall reprend le thème de la crucifixion pour stigmatiser les malheurs du peuple juif. Picasso peint une crucifixion où certains personnages rappellent ceux de son Guernica (*). Chez Francis Bacon, le thème de la crucifixion se répète souvent. Dès 1944, avec "Trois études de personnages au pied d'une crucifixion" dont l'horreur est insoutenable et en 1962 dans "Trois études pour une crucifixion", oeuvres qui rappellent son passé douloureux.064.JPG

 

L'exposition "Le Dévôt-Christ revisité" est visible à Perpignan, dans la chapelle N-D des Anges jusqu'au 15 décembre et ce samedi 11 à 17 heures, une ultime conférence sera donnée par M. Jean-Bernard MATHON, conservateur des antiquités et objets d'art des Pyrénées-Orientales, sur le thème "Le Dévôt-Christ est-il Catalan ? ".

 

 

(*) "Picasso, peintre de crucifixions. Ses toiles qui résultent de crises de rage contre la peinture (linge déchiré, clous, corde, fiel), où le peintre se crucifie, crucifie la peinture, crache dessus, donne le coup de lance, et se trouve maté, obligé fatalement à ce que tout ce massacre finisse par une guitare.

Mon rêve, en musique, serait d'entendre la musique des guitares de Picasso." Jean cocteau, "Opium" (1929)  

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5 décembre 2010 7 05 /12 /décembre /2010 16:07

007-copie-1.JPGIIème fête du Grenat de Perpignan

 

 

Ce matin, dès 10 heures et demie, de la promenade des Platanes à la place de la Loge, la Confrérie du Grenat de Perpignan s'est rendue en cortège à l'église Saint-Matthieu en musique et sous les applaudissements de nombreux spectateurs venus admirer les costumes, les habits, les parures qu'avaient revêtu pour l'occasion des personnes qui participaient aussi au concours de la plus belle toilette 1910 ( année de la Fête du Félibrige et de l'inauguration de l'allée des Platanes ) et dont les récompenses ( des bijoux en grenat ) ont été remises devant l'hôtel de ville.

En l'église Saint-Matthieu, au cours d'une cérémonie simple et chaleureuse, ont été intronisés les nouveaux membres de la Confrérie du Grenat de Perpignan dont Mme Eliane COMELADE, spécialiste de la cuisine Catalane, de l''hygiène de l'alimentation, auteure de nombreux ouvrages dont "La Cuisisne Catalane" et qui dirige aussi les Ateliers de Cuisine Catalane à Ille-sur-Têt.

Mme Eliane COMELADE a rappelé que comme pour les dames de son âge, le grenat avait marqué les différentes étapes de sa vie et qu'à huit ans, les jeunes filles recevaient en cadeau des boucles d'oreilles en grenat.

La tradition catalane a été honorée par un contrepas de Prats-de-Mollo dansé devant l'autel de l'église Saint-Matthieu et par une sardane sur la place de la Loge avant un vin d'honneur servi devant le restaurant la Casa Sansa, entre Loge et Castillet.

En attendant la III003-copie-1.JPGème fête du Grenat, l'exposition  "Le grenat de Perpignan, une gemme de caractère" est visible au Museum de Perpignan jusqu'au 8 mai 2011 du lundi au vendredi.

 

 Photo de droite,

 contrepas de Prats-de-Mollo005.JPG dansé à l'église St-Matthieu

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mme Eliane COMELADE ( au centre ) a bien mérité de la Confrérie du Grenat de Perpignan

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4 décembre 2010 6 04 /12 /décembre /2010 09:58

001.JPG Mes pas me conduisirent dans la carrer dels Merxants puis dans celle dels tres reis. Qui étaient ces rois qui avaient le privilège de porter le nom d'une rue ? Les Rois Mages, qui dans le désert, à la faveur d'une bonne étoile, étaient allés à la rencontre du Messie ? Les Rois de Majorque qui avaient gouverner sur l'éphémère royaume éponyme ? Les bijoutiers qui donnèrent au grenat ses lettres de noblesse ? Je ne sais si quelqu'un ou quelqu'une aurait pu me répondre. Je n'étais pas certain d'être ici pour apprendre quelque chose sur la ville mais seulement pour flâner. Je regardais les façades; entre deux fenêtres, là un blason, là un bas-relief. Au fond d'un passage voûté, je remarquai une galerie de peinture; j'en ouvris la porte et y entrai. La galerie avait été aménagée dans une chapelle désaffectée. " C'est de la peinture au couteau et les toiles représentent des couchers de soleil sur Paulilles." Le commentaire était bref mais introduisait bien ce que j'allais y voir. Des couleurs vives et chaudes soigneusement empâtées sur un support que le peintre voulait torturer comme pour se prouver qu'il ne saurait plus rien exprimer après, que ce qu'il peignait serait sa dernière oeuvre. Peindre le spectacle de la nature qui se renouvelle sans cesse et se dire, que même après son trépas, rien ne changera ou tout sera bouleversé. Le peintre, Yannick Joncet - c'est le nom que je lus au bas des tableaux -, était absent, parti en laissant une fausse adresse comme un pied de nez à l'éternité.

Les tableaux étaient dans des formats giganteques, ce qui aurait justifié une mise en cimaise dans une salle plus vaste avec un plafond plus haut. Une personne qui avait visité la galerie avant moi avait griffoné cette remarque sur le livre d'or laissé à l'appréciation des visiteurs, sur une table où avaient été posés quelques ouvrages dont un, "La Résurrection de Nicolas de Stael" retint mon attention.

 

Sa peinture était si contemporaine que j'avais du mal à croire que l'artiste avait disparu un demi siècle auparavant.Un homme avait esquissé, avait détaillé, avait approfondi son travail, s'était battu, puis ne voyant plus, n'en pouvant plus, s'était courbé, était tombé et la violence du choc sur le pavé avait secoué le monde de l'Art. C'est incroyable le nombre de tableaux qu'il avait peints dans les mois, mêmes les semaines qui avaient précédé sa mort. Cette frénésie, ce bouillonnement puis ce doute avaient élevé ses oeuvres au paroxysme de la plénitude et du calme. Il dominait alors et les étudiants, dont Joncet était, ne pouvaient pas ne pas être influencé par lui.

 

La ville comptait beaucoup de galeries. Je cheminais dans une ville où les peintres, attirés par les paysages proches, entre mer et montagne, étaient venus nombreux. Certains, venus du Nord avec les balbutiements des premiers trains à vapeur qui emmenaient des voyageurs tout étonnés de parcourir tant de kilomètres en une vingtaine d'heures, avaient peint le port, son phare, ses rues qui dégringolaient vers le rivage; d'autres avaient préféré la topographie vallonée des environs, les verts pâturages, la transhumance des troupeaux.

La bourgeoisie locale, quant à elle, s'était fait protraiturer et les tableaux étaient montrés dans un musée où je n'allai pas.

 

Après la rencontre avec le peintre des couchers de soleil aux mille illuminations, il était temps de rejoindre une amie qui m'avait donné rendez vous dans un restaurant entre la vieille et la nouvelle cathédrale. Pour y arriver, j'empruntai quelques rues bordées de maisons en encorbellement. Mon amie était déjà arrivée et m'attendait sur le parvis de la cathédrale dont les cloches sonnaient la demie de une heure...

 

Photo, coucher de soleil sur Perpignan en novembre 2010  

    

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