2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert
Après les émeutes de février 1848 qui entraînent la fin de la monarchie de Juillet avec l'abdication de Louis-Philippe, la République est proclamée le 24. Un gouvernement provisoire est formé et l'élection d'une Assemblé constituante est prévue pour le mois d'avril. Elle a lieu le 23, dimanche de Pâques, avec l'élection de neuf cents députés dont cinq cents environ sont favorables à la République et au suffrage universel, hostiles à la réaction monarchique. Le scrutin est triomphal pour le poète Alphonse de Lamartine. Sont aussi élus Victor Hugo, Louis Blanc, Ledru-Rollin ; sont battus Blanqui, Raspail, Thiers. Il y eut 7 800 000 votants sur 9 400 000 inscrits.
Gustave Flaubert assiste à Paris à la Révolution de février 1848. En mars, il écrit : "Je ne sais si la forme nouvelle du gouvernement et l'état social qui en résultera sera favorable à l'Art. C'est une question. On ne pourra pas être plus bourgeois ni plus nul. Quant à plus bête, est-ce possible?" Un mois plus tard, un nouveau drame affecte Flaubert. L'écrivain Alfred Le Poittevin, son meilleur ami de jeunesse, décède à l'age de 31 ans dans la nuit du 3 avril, après qu'il l'eût veillé pendant deux nuits.
Reprenons maintenant, comme dans l'article précédent, le cours d'histoire de la classe de Première (année 1977-1978) :
L'Assemblée constituante :
Les élections : succès des républicains modérés. Elections rapides. Opposition des radicaux et des socialistes.
Mode de scrutin : scrutin de liste à un tour.
Le climat : grand enthousiasme surtout dans les petites villes. On replante un arbre de la Liberté sur la place des petits villages.
Les résultats : assemblée nombreuse. Les modérés obtiennent plus que la majorité des 2/3.
Mise en place des premières institutions : une Assemblée élue = constitution
L'Assemblée élue procède à l'élection d'un président. Ce président remplit le rôle de chef de l'Etat en attendant que la constitution soit en place. Election d'un bureau exécutif = fonction de gouvernement. Le G.P.R. disparaît.
Conflits entre modérés et la gauche : Le 15 mai (10 jours après l'élection), la gauche organise une marche. Les modérés laissent faire mais rappel de la Garde nationale. Elle intervient avec mesure. Les manifestants rentrent chez eux. Dans la nuit, les principaux chefs de la gauche sont arrêtés chez eux : Barbès, Raspail, Blanqui. Les clubs de gauche sont fermés et la police s'empare des fichiers. La gauche est réduite à l'impuissance.
Fermeture des ateliers nationaux : 110 000 personnes = 110 000 chômeurs. Ces ateliers ont joué un rôle de foyers d'agitation. Ateliers fermés = les provinciaux doivent rentrer chez eux ; les jeunes aux armées pendant 5 ans ; les autres vont travailler en province. Ce décret provoque les journées sanglantes du 23 au 26 juin.
Le 23, dans tout le nord-est de Paris : barricades.
Le 24, l'Assemblée vote l'état de siège = suppression provisoire des libertés publiques.
L'Assemblée vote les pleins pouvoirs à un général républicain : Cavaignac (dictature légale temporaire).
Pendant 3 jours, la bataille va faire rage dans le nord-est de Paris : 2500 morts.
Après les journées sanglantes, nombreuses arrestations ; condamnations diverses ; bannissement en Algérie : ils sont assignés à résidence.
La Constitution de 1848 a été vite rédigée : 5 mois. Le travail a été fait en commissions peu nombreuses où les juristes font autorité par leur savoir comme Alexis de Tocqueville qui a étudié la constitution des Etats-Unis et qui est un convaincu du régime présidentiel. Le président, chef de l'Etat, sera élu au suffrage universel direct.
Quittons maintenant le cours d'histoire de Première pour nous plonger dans les principaux articles de la Constitution du 4 novembre 1848. A l'Assemblée, la discussion article par article a lieu du 4 septembre au 27 octobre. Une discussion finale a lieu du 2 au 4 novembre. La question du monocamérisme est âprement discutée : Thiers y est opposé ; Lamartine y est favorable. Des amendements qui réclament la séparation de l'Eglise et de l'Etat sont rejetés. Plusieurs députés dont Victor Hugo demandent l'abolition de la peine de mort ; elle ne sera abolie qu'en matière politique. L'esclavage ne pourra exister sur aucune terre française.
Le préambule précise que "la République française est démocratique, une et indivisible (II) ; Elle a pour principe la Liberté, l'Egalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l'Ordre public (IV). Elle respecte les nationalités étrangères, comme elle entend faire respecter la sienne ; n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquête, et n'emploie jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple (V)."
Article 20 : Le peuple français délègue le pouvoir législatif à une Assemblée unique.
Art. 24 : Le suffrage est direct et universel. Le scrutin est secret.
Art. 31 : L'Assemblée nationale est élue pour trois ans, et se renouvelle intégralement.
Art. 33 : Les représentants sont toujours rééligibles.
Art. 34 : Les membres de l'Assemblée nationale sont les représentants, non du département qui les nomme, mais de la France entière.
Art. 38 : Chaque représentant du peuple reçoit une indemnité, à laquelle il ne peut renoncer.
Art. 45 : Le président de la République est élu pour quatre ans, et n'est rééligible qu'après un intervalle de quatre années.
Art. 49 : Il a le droit de faire présenter des projets de loi à l'Assemblée nationale par des ministres. - Il surveille et assure l'exécution des lois.
Art. 64 : Le président de la République nomme et révoque les ministres.
Art. 66 : Le nombre des ministres et leurs attributions sont fixés par le pouvoir législatif.
Art. 70 : Il y a un vice-président de la République nommé par l'Assemblée nationale, sur la présentation de trois candidats faite par le président dans le mois qui suit son élection. - En cas d'empêchement du président, le vice-président le remplace. - Si la présidence devient vacante, par décès, démission du président, ou autrement, il est procédé, dans le mois, à l'élection d'un président.
La Constitution de 1848 combine système monocamérisme avec système présidentiel à l'américaine mais elle ne précise pas si le régime est présidentiel ou parlementaire.
L'élection présidentielle est programmée pour le 10 décembre 1848. Les résultats sont connus le 20. Avec une participation de 75%,
Louis-Napoléon Bonaparte recueille plus de 5 millions de voix ;
Cavaignac, un peu moins de un million 1/2 ;
Ledru-Rollin, 370 000 voix ;
Raspail, 37 000 voix ;
Lamartine , 17 940.
Sources :
La Révolution 1770-1880 par François Furet (Hachette, 1988)
Les constitutions de la France depuis 1789, présentation par Jacques Godechot (Garnier-Flammarion, 1979)