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10 mai 2021 1 10 /05 /mai /2021 15:09

 

 

Hier, dimanche 9 mai 2021, c'était le première fois depuis six mois que les restaurants catalans servaient au dîner. Les restaurants peuvent ouvrir jusqu'à 23 heures. Le couvre-feu n'a plus cours. (Source : chaîne catalane 324, le 9 mai 2021)

 

Est décédé hier à Madrid le poète José Manuel Caballero Bonald à l'âge de 94 ans. Il avait reçu le Prix Cervantès en 2012.

 

 

Le mercredi 19 mai, en France, les terrasses des bars et restaurants rouvriront avec seulement la moitié de leur capacité d'accueil autorisée et avec 6 personnes maximum par table. Rouvriront aussi les commerces avec une jauge de 1 client pour 8 m². Les lieux de culture comme les musées, les cinémas, les salles de spectacles rouvriront aussi ainsi que les établissements sportifs.

Un couvre-feu sera toujours en vigueur qui commencera chaque soir à 21 heures au lieu de 19 heures actuellement. 

 

 

 

 

 

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3 mai 2021 1 03 /05 /mai /2021 10:52

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

Le lendemain et les deux soirs suivants, Louis Bouilhet et Maxime Du Camp lisent chacun à leur tour et à haute voix La Tentation de saint Antoine que leur ami Gustave Flaubert a laborieusement rédigé durant dix-huit mois. Mais les amis trouvent le temps long s'ennuient, baillent, ont hâte d'entendre sonner onze heures à la pendule du salon pour pouvoir - enfin ! - regagner leurs chambres. Les chandelles rapetissent dans les bougeoirs, le feu s'endort dans l'âtre, les carafes sont vides et après que ses amis l'eussent quitté pour les bras de Morphée, le maître de céans s'agace de l'incompréhension de ses invités pour son oeuvre. Flaubert penché sur le grimoire se verse un dernier verre puis se laisse choir dans l'un des fauteuils de son cabinet de travail. Il n'est pas fatigué. Il a la nuit devant lui. A quoi bon dormir quand on sait que le soleil poindra dans quelques heures au-dessus de la Seine toute proche ? Cette Seine sur les bords de laquelle les amis n'ont pas le temps de se promener car il faut à tout prix demeurer derrière les volets clos de cette grande maison de Croisset et lire à haute voix, chapitre après chapitre, cette satanée Tentation de saint Antoine. La villégiature selon Flaubert : rester cloîtré sous l'autorité du maître de céans qui après avoir servi un frugal souper, après avoir allumé foyer et chandelles, impose les moments durant lesquels il faut lire à haute voix les lignes laborieusement écrites durant les dix-huit longs derniers mois. Flaubert dort peu. Il aime deviser ou écrire du soleil couchant jusques au bout des étoiles. Du Camp en sait quelque chose. Il se rappelle la nuit passée à l'auberge de Combourg en juillet 1847 - durant ce "pauvre bon petit voyage de Bretagne" il y a deux ans déjà ! - au cours de laquelle son compagnon de route n'avait cessé de parler de Chateaubriand, de Réné, d'Atala. Du Camp, de paupières lasses, avait fini par dire : "Dormons !" Flaubert avait répondu : "Causons !"

 

Flaubert est bougon, replace rageusement autour de la table de travail les chaises en noyer massif mouluré, au dossier ajouré, que ses amis ont placées en désordre dans tous les coins de la pièce ainsi que la travailleuse, aux pieds sinueux réunis par une tablette d'entrejambe, sur laquelle ils posaient souvent l'épais et lourd manuscrit qu'il lisaient debout quand leurs jambes endolories les amenaient à se lever pour déchiffrer et déclamer le texte laborieusement écrit. Flaubert regarde le plafond. Il sait qu'au-dessus des poutres de chêne dorment déjà, allongés sous l'édredon, ses amis qu'il imagine rêvant, ronflant peut-être. Une heure sonne à la pendule. Flaubert monte dans sa chambre à pas feutrés, chandelier à la main. Il n'eut pas voulu que le craquement des marches pût réveiller les invités, ces pauvres béotiens ingrats déjà endormis sous l'édredon dont la douce chaleur a amolli le corps après avoir affadi l'esprit. Il s'approche du meuble-toilette, s'asperge le visage avec l'eau restée au fond de la cuvette puis se jette sur son lit. Sous le poids, le parquet a émis un léger mécontentement. La chandelle est encore haute, pleine de vigueur. Pas question de perdre du temps en sommeil inutile. Il ouvre un livre. "Je lis maintenant le soir, dans mon lit, l'histoire de Charles XII du sieur de Voltaire. C'est corsé ! Voilà de la narration au moins." (1) Charles XII, le "héros du Nord" qui voulait faire de la mer Baltique une mer suédoise, qui avait battu les Russes en 1700 à Narva à 9 contre 60 (mille), qui avait fait élire Stanislas Leczinski (futur beau-père de Louis XV) roi de Pologne, qui après avoir été battu à Poltava en 1709 s'était réfugié chez les Ottomans où après une captivité de cinq années, il reprenait la lutte contre les Russes, les Polonais, les Danois, les Prussiens, les Bavarois avant d'être tué en 1718 devant Frederikshald. La bravoure du roi, "l'indépendance de son jugement, étaient les qualités les plus propres à lui attirer la sympathie de son historien" (2), Voltaire, qui avait fait imprimer clandestinement son ouvrage à Rouen en 1731. Flaubert ouvrit le livre au chapitre - "morceau admirable" selon Montesquieu - consacré à la Belle retraite du général de Schulenbourg, "général très habile (...) qui fut depuis général des Vénitiens, et à qui la république a érigé une statue dans Corfou, pour avoir défendu contre les Turcs ce rempart de l'Italie. Il n'y a que les républiques qui rendent de tels honneurs ; les rois ne donnent que des récompenses". (2) Le soleil est déjà haut derrière les arbres qui cachent aux fenêtres de Croisset la rive gauche de la Seine, quand Flaubert descend rejoindre ses amis attablés à la table du petit déjeuner. Leurs bagages sont prêts. Tout à l'heure, par le train de midi, ils regagneront Paris, laissant leur ami à sa "Tentation" et à sa susceptibilité, Maxime Du Camp ayant jugé le manuscrit impubliable et Louis Bouilhet ayant conseillé à son ami de se consacrer dorénavant à des sujets de la vie bourgeoise à la Balzac. "L'histoire de saint Antoine m'a porté un coup grave, je ne le cache pas", écrira Flaubert à Bouilhet depuis l'Egypte en mars 1850. A son retour d'Orient en juin 1851, Flaubert qui se lancera dans un drame normand de son époque (Mme Bovary), n'aura de cesse d'avoir "peur de tomber dans le Paul de Kock ou de faire du Balzac chateaubrianisé". (1) Mais dans quelques jours, Flaubert prendra la route de Marseille puis au-delà celle de l'Egypte et de la Palestine pour une mission "officielle" que lui ont confiée les ministères de l'Instruction publique et du Commerce. 

            

 

 

(1) Flaubert, Correspondance : choix et présentation de Bernard Masson (Editions Gallimard, 1998)

(2) Voltaire, Oeuvres choisies par Louis Flandrin (Librairie A. Hatier, 1946)

 

                   

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26 avril 2021 1 26 /04 /avril /2021 11:32

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

Après seize chapitres de généralités sur Flaubert, n'est-il pas temps de développer certains thèmes ? : 

 

Flaubert et l'art

Flaubert et la musique

Flaubert et l'humour

Flaubert et sa mère

Flaubert et la solitude

Flaubert et la tentation (l'obsession) de saint Antoine

 

 

Flaubert, seul dans sa maison de Croisset près de Rouen, est dans les préparatifs d'un voyage qui, durant dix-huit mois (d'octobre 1849 à juin 1851) doit le mener dans le désert d'Egypte, là où précisément, Antoine que l'on dit être le père du monachisme chrétien, s'est retiré au 4ème siècle après J.-C. Natif d'Egypte, Antoine qui souhaite partager son temps entre la lecture de la Bible et la prière, vend ses biens puis marche vers une tombe d'époque pharaonique ou une grotte, afin d'y vivre en ermite, retiré des hommes et de leurs tourments charnels et existentiels. Le désert, loin du Nil, à l'écart des terres cultivées, est un milieu inhospitalier : chaleur et manque d'eau sont le lot quotidien des anachorètes (religieux qui vivent dans la solitude) qui connaissent des conditions de vie on ne peut plus difficiles. Bien que retirés du monde et de sa superficialité, nous connaissons beaucoup d'entre eux grâce à des textes qui ont été diffusés bien au-delà des terres égyptiennes. Parmi ces écrits, ceux d'Athanase, patriarche d'Alexandrie, qui jusqu'à Rome, ont contribué à faire connaître l'existence monacale d'Antoine. Sa vie, dans la solitude, le recueillement et le silence a inspiré de nombreux peintres comme Breughel dont la Tentation de saint Antoine, tableau que Flaubert a vu dans un palais génois, obsédera l'écrivain un quart de siècle durant, jusqu'à la parution définitive en 1874 d'un opuscule dédié à son ami l'écrivain Alfred Le Poittevin (décédé en 1848 à l'âge de 32 ans) qui, au grand dam de l'auteur, n'aura pas le succès escompté auprès du public et des élites. Un vrai travail de bénédictin pourtant !

 

Flaubert, penché sur l'écritoire, met la dernière main à un texte consacré à saint Antoine, qui a quitté sa ville et ses amis pour aller mener une vie monacale dans le désert d'Egypte à l'est de Thèbes, près de la mer Rouge. Entre jeûne et méditation sous un soleil de plomb, Antoine fabrique paniers, nattes et vêtements qu'il proposera à des caravaniers de passage pour une bouchée de pain et quelques gorgées d'eau. La réverbération de l'intense lumière sur les alentours sablonneux jusqu'à l'infini  provoque en lui des hallucinations qui l'obligent à repousser les attaques du démon qui prend tour à tour l'apparence d'une bête féroce ou d'une silhouette sensuelle, afin d'éloigner de sa pensée toute tentation de gloire, de célébrité, de richesse, de luxure. Flaubert trempe une dernière fois sa plume dans l'encrier. Cette fois, ça y est, l'oeuvre est accomplie. Ses amis Maxime Du Camp et Louis Bouilhet sont venus à Croisset pour lire à voix haute le chef d'oeuvre et en dire tout le bien qu'ils pensent de ce texte qui sera le premier, qu'enfin ! il publiera. Un grand auteur est né, il le sait ; ses amis ne seront pas déçus. Le soir tombe sur Croisset et les bords de Seine que l'on aperçoit de moins en moins à travers les fenêtres du cabinet de travail de l'écrivain. Le fond de l'air est froid - comme sa mère, sa pauvre vieille a l'habitude de dire - en cette soirée de septembre et Flaubert ajoute une bûche aux quelques branchages qui rougeoient dans l'âtre. Les amis, un verre à la main, plaisantent en prenant place dans les fauteuils confortables posés en demi-cercle devant la cheminée. L'auteur leur présente une pile de feuillets manuscrits sous le crépitement des flammèches, seul bruit audible à présent dans la pièce, paroles et rires ayant fait place au silence. La lecture peut commencer.

 

"C'est dans la Thébaïde, au haut d'une montagne, sur une plate-forme arrondie en demi-lune (...) La cabane de l'ermite occupe le fond. Elle est faite de boue et de roseaux, à toit plat, sans porte (...) A l'autre bout de la plate-forme, un vieux palmier tordu se penche sur l'abîme, car la montagne est taillée à pic, et le Nil semble faire un lac au bas de la falaise. (...) Je me suis réfugié à Colzim* (...) Quelques-uns s'assemblèrent autour de moi pour devenir anachorètes." On réclame de nouveau de ce vin de Champagne que le maître de céans avait si généreusement servi au dîner. A moins que ce ne fût du Sauternes ! Dix heures sonnent à la pendule du salon quand les amis reprennent la lecture. "Alors une grande ombre (...) C'est le Diable, accoudé contre le toit de la cabane et portant sous ses deux ailes (...) les Sept Péchés Capitaux." D'avoir trop jeûné, Antoine voit apparaître une table sur laquelle il y a de bonnes choses à manger ; mais il donne un coup de pied à la table et celle-ci disparaît, annihilant ainsi le péché de Gourmandise. Puis il voit une pièce d'or, puis "une femme assise sur un banc de pierre. Enfin [elle] se met à dire : J'étais dans la dernière chambre des bains, et je m'endormais au bourdonnement des rues". Il est onze heures. Les invités baillent à s'en décrocher la mâchoire. Je vais prendre congé, dit l'un. Permettez bon saint Antoine que je me retire dans mes douillets appartements, dit l'autre. Flaubert reste seul dans son cabinet de travail, devant le feu qui s'endort, près de cette pendule qui sonne le milieu de la nuit. Qu'ont pensé ses amis de son saint Antoine ? Gardent-ils leur jugement jusqu'à ce que la dernière ligne soit lue ? Demain sera un jour nouveau, ils seront reposés de la fatigue du voyage, ils seront tout prêts à entendre les mots de saint Antoine anachorète. 

         

 

* Aujourd'hui mont Saint-Antoine près de la mer Rouge en Egypte. 

 

 

                                 

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24 avril 2021 6 24 /04 /avril /2021 15:57

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

Le 10 décembre 1848 a lieu l'élection présidentielle selon les règles établies par la Constitution républicaine du 4 novembre 1848 qui stipule dans son article 43 que "Le peuple français délègue le Pouvoir exécutif à un citoyen qui reçoit le titre de président de la République" pour une durée de quatre ans. L'élection voit la victoire de Louis-Napoléon Bonaparte avec 5 millions 1/2 de voix contre 1 873 086 suffrages à ces quatre adversaires. Le taux de participation étant de 75%. Dix jours plus tard, il est officiellement proclamé élu. L'élection présidentielle est suivie, en mai 1849, d'élections législatives, selon l'article 24 de la Constitution, "au suffrage direct et universel". Le taux de participation est de 60%. L'Assemblée se partage entre des républicains qui n'ont obtenu qu'une faible majorité et des monarchistes, les uns et les autres partagés en courants socialistes, radicaux, républicains modérés, bonapartistes, orléanistes, légitimistes.

Rappelons que Louis-Napoléon Bonaparte, né à Paris en 1808, est le fils Louis Bonaparte, frère de Napoléon Ier, et de Hortense de Beauharnais, fille de Marie-Josèphe Tascher de la Pagerie, épouse de l'Empereur. Louis-Napoléon Bonaparte est donc le neveu de Napoléon Ier.   

 

Reprenons ci-dessous le cours d'histoire de Première (déjà cité dans des articles précédents) :

 

L'élection de Louis-Napoléon Bonaparte :

Les raisons du succès : le nom.

Importance du courant nationaliste.

Vide politique : aucun homme de grande valeur.

La droite royaliste ne va pas présenter de candidat.

Les socialistes votent pour Louis-Napoléon Bonaparte.

Au centre, les républicains présentent Cavaignac.

 

L'Assemblée législative :

En 1848, on admet la candidature multiple. Un candidat peut se présenter dans plusieurs circonscriptions.

Défaite des modérés : 80 sièges/750

500 royalistes (majorité des 2/3) = 1/2 légitimistes ; 1/2 orléanistes

 

Les émeutes de juin 1849 et les restrictions de liberté : Les "Montagnards" (environ 200 élus), mécontents des élections, provoquent des émeutes pour l'anniversaire de celles de 1848. Ces émeutes tournent court. Beaucoup d'arrestations. Bannissements en Algérie. Conséquences = le Parlement qui a l'initiative des lois va procéder au vote de lois de l'ordre : diminution de la liberté de la presse ; interdiction des grèves ; restriction du suffrage universel (un électeur doit résider depuis trois ans au même endroit). 

Louis-Napoléon Bonaparte prend ses distance vis-à-vis de l'Assemblée. Il soigne sa popularité en effectuant de nombreux déplacements en province.

 

Laissons là le cours d'histoire de Première en précisant que les députés de la "Montagne" les plus connus s'appellent Lamennais, Raspail, Victor Schoelcher, Victor Hugo. 

 

En juillet 1849, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République, entame une tournée en province. Il est souvent accueilli aux cris de "Vive Napoléon !" et "Vive l'Empereur !". Pendant ce temps, Gustave Flaubert prépare un long voyage en Orient qui, durant dix-huit mois, le mènera en Egypte, à Beyrouth, à Jérusalem, à Nazareth, à Constantinople, avec un retour par la Grèce (Rhodes, Athènes, Corfou) et l'Italie (Pompéi, Rome, Florence, Venise). Ce voyage, Flaubert en rêvait depuis plusieurs années. Pour ne rien laisser au hasard, il travaille sa grammaire grecque, relit Plutarque, Hérodote, Quinte-Curce (historien romain). C'est à la fin du mois d'octobre 1849 qu'il quitte Paris pour les rivages méditerranéens avec son ami Maxime Du Camp.    

 

  

    

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23 avril 2021 5 23 /04 /avril /2021 14:05

 

 

Aujourd'hui, vendredi 23 avril 2021, fête de Sant Jordi, Dia del Llibre i de la Rosa, Journée du livre et de la rose.

 

En Catalogne : A partir de ce lundi 26 avril, fin du confinement localisé et libre circulation autorisée ; les bars et restaurants des centres commerciaux pourront rouvrir jusqu'à 17 heures. (Source : chaîne tv 324, le 22 avril 2021)

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

A quelques pas des remparts de Saint-Malo, c'est sur la pointe occidentale de l'îlot du Grand-Bé que Chateaubriand a voulu édifier son tombeau, "pour n'entendre que le vent et les flots". En 1847, Gustave Flaubert écrit : "Ce point blanc taillé dans le rocher est la place qu'il a destinée à son cadavre. Nous y allâmes un soir, à marée basse. (...) Nous avons tourné autour du tombeau, (...) nous l'avons regardé comme s'il eût contenu son hôte, nous nous sommes assis par terre à ses côtés." (1) Au moment où Flaubert écrit ces lignes, le tombeau est vide. François-René de Chateaubriand n'y sera inhumé qu'après son décès survenu le 4 juillet 1848. "Les hommes de ma génération, écrira plus tard Maxime Du Camp, ont eu pour lui un culte que les jeunes gens d'aujourd'hui ne peuvent comprendre, ni se figurer." (1) Le retour en Normandie après leur voyage commun à travers la Bretagne par les champs et par les grèves passe par Combourg (Ille-et-Vilaine). Flaubert se dit "écrasé par le château" où Chateaubriand et sa soeur Lucile eurent une enfance mélancolique à partir de 1777. Chateaubriand a 9 ans. Après avoir traversé moult salles, Flaubert et Du Camp entrent dans une pièce du second étage donnant sur la cour intérieure. "C'était là sa chambre. Elle a vue vers l'ouest, du côté des soleils couchants." (1) Encore tout émerveillés par cette visite, le soir les mène au bord du lac proche du château où, sous un chêne, ils lisent à voix haute quelques passages de René. Ils repensent à cette petite chambre basse aux poutrelles vermoulues où les fantômes des personnages qu'il décrira dans ses romans venaient tourbillonner autour de lui comme "Atala secouant au vent des Florides les magnolias de sa chevelure". (1)

 

En 1791, sur les conseils de Malesherbes, Chateaubriand part pour l'Amérique. Son séjour, du 10 juillet au 10 décembre, le mènera à New York, Boston, Albany, les chutes du Niagara, les bords du lac Erié, Baltimore, Philadelphie, Nashville, Salem, Charleston. Philadelphie, ville fondée par William Penn en 1682, est alors la capitale des Etats-Unis d'Amérique. En 1774, elle accueillit les premiers Congrès et la déclaration d'Indépendance y fut signée le 4 juillet 1776. "Le 2 de janvier 1792, je foulai de nouveau le sol natal, écrira Chateaubriand dans Mémoires d'outre-tombe. J'amenais avec moi (...) : Chactas et Atala." Le roman intitulé Atala conte les amours tragiques de la jeune Atala et de Chactas, deux Indiens qui appartiennent à des tribus ennemies. C'est Roméo et Juliette sur les bords du "Meschacébé", le Mississippi, le "Père des eaux", boulevard des Amériques long de 4 900 kilomètres que Robert Cavelier de la Salle, natif de Rouen comme Flaubert, a descendu entre février et avril 1682 baptisant Louisiane les "nouvelles" terres parcourues. Chateaubriand racontera dans ses écrits américains les paysages grandioses qui s'offrirent à lui, "ces plaines et ces forêts, des bisons qui, parfois, traversent le fleuve à la nage. Il y a vu aussi des ours manger des raisins sauvages, des caribous par troupeaux, des perroquets, des serpents jaunes et des crocodiles qui sentent mauvais !... Clarence sourit à l'énumération de cette faune. (...) Les poètes ont une façon particulière de voir les pays et j'imagine que, pour un parisien, toute forêt dépourvue d'allées cavalières est une jungle dangereuse." (2) Flaubert exprimera sa désapprobation par cette remarque : "On s'est foutu des ours ivres de raisin d'Atala, ce qui prouvait l'ignorance des critiques".

 

En mai 1803, Chateaubriand est nommé par le Premier Consul, premier secrétaire d'ambassade à Rome au service du cardinal Fesch, ambassadeur de Bonaparte auprès du Saint-Siège. Là commence sa carrière diplomatique. Auprès de lui, dans la Ville éternelle, il fait venir Pauline de Beaumont dont il est éperdument amoureux. La dame est de santé fragile. Après une cure au Mont-Dore entre juillet et septembre 1803, elle part pour l'Italie et Chateaubriand va à sa rencontre à Florence. Ils arrivent à Rome le 15 octobre. Chateaubriand a loué pour elle, près de la place d'Espagne, une maison connue sous le nom de Villa Margherita. Mais la santé de Pauline décline jour après jour et celle-ci décède le 4 novembre. Chateaubriand fait élever à sa mémoire un mausolée dans l'une des chapelles latérales de l'église Saint-Louis-des-Français, non loin de la Piazza Navona. L'église, construite à partir de 1518 et terminée en 1589, fut consacrée cette année-là comme église nationale des Français à Rome. A Rome, il reste de Chateaubriand un buste visible sur le viale della Trinità dei Monti près de la place d'Espagne, sous le mont Pincio.

 

Chateaubriand était passionné par "la gloire, la littérature, l'histoire, la liberté, la vie publique. (...) Les premiers temps du Consulat sont (...) une période heureuse. Chateaubriand rentre à Paris, bientôt rayé de la liste des émigrés. Pourtant [en 1804], [il va] se brouiller (...) avec le nouveau maître de la France, qui n'aime pas l'indépendance de [sa] plume et le goût (...) de la liberté politique". (3) Sous la Restauration, il fera paraître Réflexions politiques (1814) puis De la monarchie selon la Charte (1816). En 1821, année de naissance de Flaubert, Chateaubriand sera ambassadeur de France à la cour de Prusse. Il se montrera sarcastique vis-à-vis du rôle joué par Voltaire auprès de Frédéric II : [Voltaire] "détruisait une société avec la philosophie qui servait à [Frédéric] à fonder un royaume", écrira Chateaubriand dans Mémoires d'outre-tombe

 

"Nous nous en allâmes fort tristes de Combourg." (1) Et Chateaubriand s'en est allé au moment où des troubles agitaient Paris (barricades et combats de rue, état de siège décrété) et qu'une Assemblée constituante rédigeait les articles de la Constitution de la IIème République, constitution de style mi-monocamériste, mi-système présidentiel inspiré des Etats-Unis. "M. de Tocqueville, beau-frère de mon frère et tuteur de mes neveux orphelins, habitait le château de Madame de Senozan. (...) Là, je voyais croître mes neveux avec leurs trois cousins de Tocqueville, entre lesquels s'élevait Alexis, auteur de la Démocratie en Amérique. Il était plus gâté à Verneuil que je ne l'avais été à Combourg. (...) Alexis de Tocqueville a parcouru l'Amérique civilisée, dont j'ai parcouru les forêts." (Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe)    

              

                 

 

(1) Voyage en Bretagne Par les champs et par les grèves par Gustave Flaubert (Editions Complexe, 1989)

(2) Louisiane par Maurice Denuzière (Editions Jean-Claude Lattès, 1977)

(3) La Révolution 1770-1880 par François Furet (Hachette, 1988)

 

 

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21 avril 2021 3 21 /04 /avril /2021 16:31

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

Après les émeutes de février 1848 qui entraînent la fin de la monarchie de Juillet avec l'abdication de Louis-Philippe, la République est proclamée le 24. Un gouvernement provisoire est formé et l'élection d'une Assemblé constituante est prévue pour le mois d'avril. Elle a lieu le 23, dimanche de Pâques, avec l'élection de neuf cents députés dont cinq cents environ sont favorables à la République et au suffrage universel, hostiles à la réaction monarchique. Le scrutin est triomphal pour le poète Alphonse de Lamartine. Sont aussi élus Victor Hugo, Louis Blanc, Ledru-Rollin ; sont battus Blanqui, Raspail, Thiers. Il y eut 7 800 000 votants sur 9 400 000 inscrits.

 

Gustave Flaubert assiste à Paris à la Révolution de février 1848. En mars, il écrit : "Je ne sais si la forme nouvelle du gouvernement et l'état social qui en résultera sera favorable à l'Art. C'est une question. On ne pourra pas être plus bourgeois ni plus nul. Quant à plus bête, est-ce possible?" Un mois plus tard, un nouveau drame affecte Flaubert. L'écrivain Alfred Le Poittevin, son meilleur ami de jeunesse, décède à l'age de 31 ans dans la nuit du 3 avril, après qu'il l'eût veillé pendant deux nuits.

    

Reprenons maintenant, comme dans l'article précédent, le cours d'histoire de la classe de Première (année 1977-1978) :

 

L'Assemblée constituante :

 

Les élections : succès des républicains modérés. Elections rapides. Opposition des radicaux et des socialistes.

Mode de scrutin : scrutin de liste à un tour. 

Le climat : grand enthousiasme surtout dans les petites villes. On replante un arbre de la Liberté sur la place des petits villages.

Les résultats : assemblée nombreuse. Les modérés obtiennent plus que la majorité des 2/3. 

Mise en place des premières institutions : une Assemblée élue = constitution

L'Assemblée élue procède à l'élection d'un président. Ce président remplit le rôle de chef de l'Etat en attendant que la constitution soit en place. Election d'un bureau exécutif = fonction de gouvernement. Le G.P.R. disparaît.

Conflits entre modérés et la gauche : Le 15 mai (10 jours après l'élection), la gauche organise une marche. Les modérés laissent faire mais rappel de la Garde nationale. Elle intervient avec mesure. Les manifestants rentrent chez eux. Dans la nuit, les principaux chefs de la gauche sont arrêtés chez eux : Barbès, Raspail, Blanqui. Les clubs de gauche sont fermés et la police s'empare des fichiers. La gauche est réduite à l'impuissance.

Fermeture des ateliers nationaux : 110 000 personnes = 110 000 chômeurs. Ces ateliers ont joué un rôle de foyers d'agitation. Ateliers fermés = les provinciaux doivent rentrer chez eux ; les jeunes aux armées pendant 5 ans ; les autres vont travailler en province. Ce décret provoque les journées sanglantes du 23 au 26 juin.

Le 23, dans tout le nord-est de Paris : barricades.

Le 24, l'Assemblée vote l'état de siège = suppression provisoire des libertés publiques.

L'Assemblée vote les pleins pouvoirs à un général républicain : Cavaignac (dictature légale temporaire).

Pendant 3 jours, la bataille va faire rage dans le nord-est de Paris : 2500 morts.

Après les journées sanglantes, nombreuses arrestations ; condamnations diverses ; bannissement en Algérie : ils sont assignés à résidence.

 

La Constitution de 1848 a été vite rédigée : 5 mois. Le travail a été fait en commissions peu nombreuses où les juristes font autorité par leur savoir comme Alexis de Tocqueville qui a étudié la constitution des Etats-Unis et qui est un convaincu du régime présidentiel. Le président, chef de l'Etat, sera élu au suffrage universel direct.

 

Quittons maintenant le cours d'histoire de Première pour nous plonger dans les principaux articles de la Constitution du 4 novembre 1848. A l'Assemblée, la discussion article par article a lieu du 4 septembre au 27 octobre. Une discussion finale a lieu du 2 au 4 novembre. La question du monocamérisme est âprement discutée : Thiers y est opposé ; Lamartine y est favorable. Des amendements qui réclament la séparation de l'Eglise et de l'Etat sont rejetés. Plusieurs députés dont Victor Hugo demandent l'abolition de la peine de mort ; elle ne sera abolie qu'en matière politique. L'esclavage ne pourra exister sur aucune terre française. 

Le préambule précise que "la République française est démocratique, une et indivisible (II) ; Elle a pour principe la Liberté, l'Egalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l'Ordre public (IV). Elle respecte les nationalités étrangères, comme elle entend faire respecter la sienne ; n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquête, et n'emploie jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple (V)."

Article 20 : Le peuple français délègue le pouvoir législatif à une Assemblée unique.

Art. 24 : Le suffrage est direct et universel. Le scrutin est secret.

Art. 31 : L'Assemblée nationale est élue pour trois ans, et se renouvelle intégralement.

Art. 33 : Les représentants sont toujours rééligibles.

Art. 34 : Les membres de l'Assemblée nationale sont les représentants, non du département qui les nomme, mais de la France entière.

Art. 38 : Chaque représentant du peuple reçoit une indemnité, à laquelle il ne peut renoncer.

Art. 45 : Le président de la République est élu pour quatre ans, et n'est rééligible qu'après un intervalle de quatre années. 

Art. 49 : Il a le droit de faire présenter des projets de loi à l'Assemblée nationale par des ministres. - Il surveille et assure l'exécution des lois.

Art. 64 : Le président de la République nomme et révoque les ministres. 

Art. 66 : Le nombre des ministres et leurs attributions sont fixés par le pouvoir législatif.

Art. 70 : Il y a un vice-président de la République nommé par l'Assemblée nationale, sur la présentation de trois candidats faite par le président dans le mois qui suit son élection. - En cas d'empêchement du président, le vice-président le remplace. - Si la présidence devient vacante, par décès, démission du président, ou autrement, il est procédé, dans le mois, à l'élection d'un président. 

 

La Constitution de 1848 combine système monocamérisme avec système présidentiel à l'américaine mais elle ne précise pas si le régime est présidentiel ou parlementaire. 

 

L'élection présidentielle est programmée pour le 10 décembre 1848. Les résultats sont connus le 20. Avec une participation de 75%,

Louis-Napoléon Bonaparte recueille plus de 5 millions de voix ;

Cavaignac, un peu moins de un million 1/2 ;

Ledru-Rollin, 370 000 voix ;

Raspail, 37 000 voix ;

Lamartine , 17 940.

 

 

Sources :

 

La Révolution 1770-1880 par François Furet (Hachette, 1988)

Les constitutions de la France depuis 1789, présentation par Jacques Godechot (Garnier-Flammarion, 1979)  

 

 

   

 

       

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20 avril 2021 2 20 /04 /avril /2021 10:32

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

Flaubert est rentré de son escapade de trois mois en Bretagne par les champs et par les grèves. Pour lui, cela signifie back to reality. (Comment dit-on ça en breton ?) Sur le plan personnel, il renoue une relation épistolaire compliquée avec Louise Colet, écrivaine qu'il a rencontrée il y a un an chez le sculpteur James Pradier et dont il a été un temps l'amant. La relation est d'autant plus houleuse que Louise attend un enfant qui n'est ni de Flaubert, ni même de son époux. En mars 1848, il lui adresse une lettre qu'il termine par "Adieu, je vous embrasse". Il la félicite cependant pour la pièce en cinq actes et en vers qu'elle vient d'écrire, qui sera bientôt jouée et qu'il ira applaudir. Rappelons qu'à cette époque, Flaubert n'a encore rien publié. Sur le plan politique, à Paris, la révolte gronde. Louis-Philippe qui s'appuie sur le résultat en sa faveur des élections de 1846 croit le régime invulnérable. Le 22 février 1848, une manifestation est organisée par les républicains pour protester contre l'interdiction d'un banquet (voir chapitre 4). Confiant, le gouvernement ne fait pas appel aux militaires. Mais la manifestation du lendemain, se transforme en émeute. Je vous livre ci-dessous les notes que j'ai prises sous la dictée du professeur d'histoire durant mon année lycéenne 1977-1978 (classe de Première) :

 

Les Révolutions de 1848

 

Phénomène européen. L'influence de la presse est importante grâce aux progrès de l'imprimerie. Mise au point des premières rotatives.

Les conditions : Une révolution n'est pas un phénomène spontané. Une révolution ne s'annonce pas. Il faut que les circonstances s'y prêtent. Il faut que les esprits soient prêts à l'accepter. Il faut, parmi les personnes du gouvernement, beaucoup qui ne fassent rien contre la révolution. Il faut des personnalités de valeur à la tête du courant révolutionnaire. 

Une révolution a toujours des causes précises, économiques, politiques :

Causes économiques des révolutions de 1848 :

De 1845 à 1848, l'ensemble de l'Europe connaît de mauvaises récoltes.

La plus grande partie de la population est formée de paysans. 

Chômage, faillites. La réduction des heures de travail réduisent le pouvoir d'achat.

Causes politiques :

Trois grands courants : courant national, courant libéral, courant socialiste.

Courant national : Dans les régions soumises (Empire Autriche-Hongrie, péninsule italienne), le courant national pousse à l'éclatement de l'Etat. 

Courant libéral et républicain : Le courant s'est développé au 18è siècle grâce au courant philosophique qui découle de la pensée anglaise. Objectifs : obtention du suffrage universel, liberté de la presse, de réunion, d'association. Au 19è siècle, ce courant en tant que libéral et républicain est anti-religieux, anti-clérical, anti-catholique. Par rapport aux idéaux du courant libéral, il y a contradiction. Courant libéral : liberté de la presse et de croire. Cette contradiction n'est due qu'aux circonstances du 19è siècle. L'Europe libérale s'oppose à l'Europe monarchique (Eglise catholique). 

Le courant socialiste : La condition ouvrière durant la première moitié du 19è siècle. Avant 1789 : corporations. En 1791, vote contre les corporations et le droit de grève (loi de la Constituante). L'ouvrier n'a pas le droit de se défendre. Avec la révolution industrielle, la condition ouvrière est épouvantable. Les horaires sont démentiels. La moyenne de durée de vie est de 30 ans. Avant 1848, il y a déjà eu des courants socialistes : J.-J. Rousseau, "Le Contrat social" ; rêveries d'un visionnaire. 

En 1848, la pensée philosophique a évolué. Le courant romantique, sentimental et religieux a fait place au réalisme qui se veut scientifique. La pensée philosophique de l'époque est dominée par le positivisme d'Auguste Comte. Le marxisme est très minoritaire. Courant français : Proudhon. Les objectifs du courant socialiste : appropriation par l'Etat des biens de production (socialisation de l'industrie). 

Localisation du courant socialiste : Certains pays rhénans ; bassin de Liège ; pays miniers anglais ; Nord de la France ; région parisienne.

Le courant socialiste se veut scientifique, historique, "matérialiste".

 

France : les journées révolutionnaires de février 1848 :

L'occasion : Campagne des banquets. Sous la monarchie de Juillet et le ministère Guizot, pas de liberté de réunion. Les libéraux organisent des banquets. Cette campagne a un énorme succès. Pour le 22 février, il est prévu un banquet de mille couverts. Guizot l'interdit. Le journal libéral Le National  demande de manifester sur la place de la Concorde, au quartier Latin, contre cette interdiction. La manifestation n'est pas interdite et a lieu sans heurts. Seuls les bourgeois manifestent pour le départ de Guizot. Le lendemain, ils manifestent encore. Rappel de la Garde nationale, formée de volontaires bourgeois. Elle n'a pas été appelée depuis 1840. Le 23, la Garde nationale manifeste aux côtés des bourgeois. Ils ne veulent pas le renversement de la monarchie de Juillet mais la liberté de réunion. Le 23, Louis-Philippe renvoie Guizot. Le 23 au soir, c'est l'allégresse. Mais les manifestants populaires prennent le relais des bourgeois. Ils viennent du Nord-Est, de la Bastille, de Belleville. La manifestation est dangereuse car elle n'a pas de service d'ordre. Elle s'engage dans une rue parallèle aux grands boulevards et rencontre une troupe de jeunes soldats qui tirent. Dans la nuit, formation de barricades. Louis-Philippe abdique. Le lendemain, manifestation de la Bastille à l'Hôtel de Ville où les manifestants forment un Gouvernement provisoire de la République.

 

Le Gouvernement provisoire de la République de février à mai 1848

Composition : deux journaux, Le National, républicains modérés (Lamartine, Ledru-Rollin) ; La Réforme, républicains qui se veulent radicaux et quelques socialistes dont Louis Blanc. Ses faiblesses : Les membres sont très divisés entre eux ; ils manquent de compétences. Aucun d'eux n'a exercé de responsabilités.

 

Oeuvre du Gouvernement provisoire de la République :

Domaine politique : proclamation de la IIème République ; suffrage universel ; liberté de presse et de réunion mais le G.P.R. n'accorde pas la liberté d'association (qui ne sera votée qu'en 1901) ; suppression de la peine de mort ; suppression de l'esclavage colonial.

Domaine social : proclamation du droit au travail ; limitation de la journée de travail ; création des ateliers nationaux à Paris (lutter contre le chômage).

Ce sont en France les premiers essais de socialisation. 

Domaine financier et économique : échec ; les faillites se multiplient. Le gouvernement doit économiser en restreignant son train de vie. Les nouveaux venus sont dépensiers. Augmentation des impôts mais fabrication du papier monnaie = inflation. 

 

A suivre...

   

                   

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19 avril 2021 1 19 /04 /avril /2021 09:29

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

"J'aime la Bretagne. J'y trouve le sauvage, le primitif", écrit Paul Gauguin en 1888. (1) Au cours de ses séjours en Bretagne, à Pont-Aven et au Pouldu, le peintre a tout loisir de décrire ce qu'il y voit : des fermes, des champs, de jeunes bergères, des artisans, des paysannes, leurs habits, leurs coiffes. Les Paysannes bretonnes sur le tableau de Gauguin (huile sur toile datée de 1894, visible au Musée d'Orsay - Valéry Giscard d'Estaing) sont celles décrites par Flaubert quarante-sept ans plus tôt, lorsque allongé sur l'herbe, surgit devant lui "une grande jeune fille (...) seulement vêtue d'un jupon de drap rouge dont le cordon lui serrait autour de la taille sa chemise de grosse toile jaune ; elle avait à la main un roseau cassé par le haut..." (2) Les paysannes de Gauguin portent des coiffes comme sur le pastel sur papier La Bretonne, vue de dos (vers 1888, Martigny, Collection Fondation Pierre Gianadda), les coiffes et les belles tenues portées lors de fêtes ou processions étant un sujet de prédilection pour le peintre au cours de son séjour de plusieurs mois à Pont-Aven en 1888. Les coiffes que nous qualifions maintenant aux mieux de traditionnelles, au pire de folkloriques, ne sont plus portées que lors de festivités sachant attirer le plus de touristes possible. La plus connue de ces coiffes est la bigoudène (de la région de Pont-l'Abbé). Si au 19ème siècle, elle ne dépassait que de quelques centimètres au-dessus du chef, elle a pris de la hauteur, sans doute pour pouvoir y cacher un paquet de biscuits, comme on pouvait le voir dans une publicité télévisuelle il y a quelques années. Flaubert, de passage à Pont-l'Abbé, constate que "la coiffure des femmes change : (...) le chignon relevé est contenu par le bout par un bandeau rouge, sur lequel elles mettent (...) un tout petit bonnet ou calotte blanche". (2) Donc point de gratte-ciel à la new-yorkaise sur la tête des Bretonnes !

 

A Quimper, Flaubert et Du Camp souhaitent visiter la chapelle de Ty Mamm Doué édifiée dans la seconde moitié du 16ème siècle. Pour y pénétrer, il faut demander la clef au gardien. Ce dernier les accompagne jusqu'à la "Maison de la Mère de Dieu", emmenant avec lui sa petite nièce. Le jeune homme porte "une veste de drap bleu ciel et dans son dos s'agitaient les trois rubans de velours de son petit chapeau noir". (2) Ils ont des chapeaux ronds vivent les Bretons, c'est bien connu ! Les visiteurs entrent dans l'église à nef unique. Aussitôt, le jeune homme s'agenouille pour prier et en ôtant son chapeau libère ses longs cheveux blonds tordus en chignon qui se répandent sur ses épaules "comme une vraie chevelure de femme" (2). Le tableau intitulé Jeune chrétienne que Gauguin a peint en 1894 (Williamstown, Sterling and Francine Clark Art Institute, Ma.) représente-t-il la fillette qui les accompagnait ce jour-là et qui s'est agenouillée à côté de son oncle ? "Tout le monde priait, nous seuls regardions", ajoute Flaubert plus intéressé par le style et la décoration de la chapelle que par les paroles que ces fidèles adressent au Seigneur avec dévotion. Le tableau de Gauguin montre une jeune fille en prière, image quotidienne en Bretagne représentée par un peintre qui ne craignait pourtant pas de critiquer ouvertement l'Eglise.

 

Mais déjà, en 1847, l'habit régional, s'il est encore porté à la campagne, se raréfie dans les villes au profit d'une mode parisienne impersonnelle proposée dans les échoppes des tailleurs et des couturières qui ont pignon sur rue. Le citadin "se désenbretonne et arrive à s'écarter du paysan qu'il méprise de plus en plus", écrit Flaubert. Dans le domaine de la musique, les instruments celtiques doivent céder la place aux cors de l'orchestre militaire qui suit les processions et autres défilés. Les instruments du cru ne font plus danser que le peuple des villages qui "sans souci de la mesure" (rien à voir donc avec la sardane !) tournoient comme ils le peuvent au son du "souffle criard" (2) des binious. 

 

Mais bientôt Gustave Flaubert et Maxime Du Camp ont Brest en ligne de mire. Brest est une ville où il y a peu à voir selon Flaubert - je précise car je ne voudrais pas me fâcher avec son office du tourisme - hormis son arsenal, son bagne et ses bars à matelots. Mais déjà, il faut préparer le retour à domus après trois mois passés en Bretagne bretonnante, après un séjour dans une partie encore exotique de la France, à une époque où la Bretagne était ignorée par les touristes qui n'avaient pas encore lu Par les champs et par les grèves de Gustave Flaubert, récit qui leur a donné l'envie, au fil des décennies, de découvrir cette région aux mille beautés incomparables.                    

 

 

(1) Extrait du catalogue de l'exposition Gauguin, Les XX et la Libre Esthétique à la salle Saint-Georges de Liège (Belgique) du 21 octobre 1994 au 15 janvier 1995. 

(2) Voyage en Bretagne - Par les champs et par les grèves de Gustave Flaubert (Editions Complexe, 1989)

 

           

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18 avril 2021 7 18 /04 /avril /2021 14:39

 

 

Hier après-midi, au château de Windsor, ont eu lieu les funérailles du Prince Philip, Duc d'Edimbourg, époux de la reine Elisabeth II.

Le château de Windsor, dans le Berkshire, se situe sur les bords de la Tamise à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Londres. Si sa construction s'est étalée sur plusieurs siècles, le château a d'abord fait partie d'une série de forts élevés autour de Londres après l'arrivée de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, roi d'Angleterre de 1066 à 1087, pour permettre aux troupes normandes de surveiller les abords de la capitale. Les dernières grandes transformations remontent au règne de Georges IV qui a gouverné entre 1820 et 1830. Cependant, lorsqu'en 1992 le château a subi un important incendie, d'importants travaux de reconstruction eurent lieu.  C'est en 1917 que le roi Georges V décréta que la Famille Royale porterait désormais le nom de Windsor (House of Windsor).

 

De nos jours, les visiteurs entrent dans l'enceinte du château par le Portail Henry VIII, naguère la seule voie d'accès au château, qui a été construit en 1510. Sitôt cette voie d'accès passée, on a devant soi la chapelle Saint-Georges où s'est tenue, hier, la cérémonie funèbre. Cette chapelle est de style gothique perpendiculaire. Correspondant à ce que nous appelons le gothique flamboyant, ce style est né lors de la construction de la cathédrale de Gloucester au 14ème siècle. Ce style, qui s'est rapidement propagé dans toute l'Angleterre, se caractérise par des voûtes en éventail, cônes retournés dont les nervures sont de même longueur, de même espacement et d'une courbure identique. Un des exemples les plus remarquables de style perpendiculaire se trouve dans la chapelle Henry VII de l'abbaye de Westminster (Londres), construite entre 1503 et 1519, où les piliers, découpés en colonnettes, supportent des voûtes en éventail à clef pendante séparées par un réseau de nervures légères.

 

De nombreux souverains britanniques ont été inhumés à Windsor. Le premier fut Henry VI (of Windsor), assassiné à la Tour Wakefield (Tower of London) en 1471, d'abord inhumé à Chertsey mais dont les cendres ont été ensuite amenées à Windsor. Puis se furent Edward IV,souverain de la Maison d'York (The House of York), né à Rouen en 1141, mort en 1483, Henry VIII (mort en 1547), Charles I, souverain décapité en 1649 devant le palais de Whitehall (Londres), George III en 1820, George IV en 1830, William IV en 1837, Victoria en 1901, Edward VII en 1910, George V en 1936, enfin George VI, père de la reine Elisabeth II (née à Londres le 21 avril 1926), en 1952. Elisabeth II, couronnée à l'abbaye de Westminster le 2 juin 1953, avait épousé le Prince Philip, Duc d'Edimbourg, le 20 novembre 1947. 

 

              

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16 avril 2021 5 16 /04 /avril /2021 11:42

 

 

2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert

 

 

"D'avril à septembre 2019, la fréquentation des hôtels, campings et autres hébergements collectifs de tourisme (AHCT) poursuit sa progression ininterrompue depuis la saison 2016. Le nombre de nuitées atteint 20,8 millions en 2019 dans l'ensemble des hébergements. Il progresse de 4,5% par rapport à 2018, plaçant la Bretagne en 4ème position en termes d'évolution 2018-2019 parmi les régions métropolitaines." (INSEE) 

 

La Bretagne de 1847 n'est pas celle qui attire maintenant des millions de touristes (13 millions dit-on) pour ses côtes sauvages et découpées hérissées de pointes dont celle du Raz est la plus célèbre, bordées de sentiers des douaniers, de plages immenses à marée basse, pour ses parcs naturels, ses églises romanes et gothiques, ses menhirs et dolmens. A l'époque où Flaubert et Du Camp parcourent la Bretagne d'est en ouest et du sud au nord, point de campings, de villages vacances, d'écoles de voile, de centres de thalassothérapie. Flaubert marche, voit, visite, constate. Il prend des notes qui lui serviront plus tard pour la rédaction des chapitres pairs de Par les champs et par les grèves - les chapitres impairs étant de la main de son compagnon de route Maxime Du Camp -, chapitres qui ne paraîtront qu'après sa mort.

 

Le 19ème siècle a inventé la photographie, le cinématographe, le téléphone, le phonographe, le vaccin contre la rage, la dynamite, le saxophone, l'automobile, le chèque. Il a aussi inventé le tourisme. En 1838, Stendhal écrit Mémoires d'un touriste. En 1840, Théophile Gautier raconte son séjour en Andalousie dans Voyage en Espagne. En 1843, Victor Hugo écrit Voyage aux Pyrénées, journal écrit au cours d'une saison à Cauterets. Flaubert l'y avait précédé quelques années plus tôt. En 1846, Alexandre Dumas écrit Impressions de voyage - De Paris à Cadix. Les premiers guides touristiques paraissent en 1836. Les éditions Murray, Baedecker et Joanne se partagent alors le marché. D'abord consacrés à des pays d'Europe, les éditeurs se mettent à publier des guides sur le Moyen-Orient. Ces guides suivent les grands itinéraires, parlent de lieux et sites qui méritent le détour ou qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte, négligeant de nombreux autres. C'est l'époque où l'on passe l'hiver sur la Côte d'Azur et l'été à la montagne ou dans les stations thermales. Sous la monarchie de Juillet, la côte normande est à la mode. Louis-Philippe lance Trouville, tandis que son épouse, la reine Amélie donne son nom à la station thermale d'Amélie-les-Bains dans les Pyrénées-Orientales.

En se rendant en Bretagne en mai 1847, Gustave Flaubert n'obéit pas aux codes en vigueur à l'époque. Il part en mai, revient en juillet, visite une région qui intéresse peu les rentiers. Par les champs et par les grèves pourrait être un guide touristique. Le récit de voyage écrit conjointement avec Maxime Du Camp parle musées, châteaux, cathédrales, églises, menhirs, dolmens, côte sauvage, tout ce qui forme la substance des guides de tourisme actuels avec leurs couvertures aux couleurs variées. Mais Flaubert y ajoute des anecdotes personnelles - rencontres avec des personnes qui ont plus ou moins de conversation -, des jugements négatifs sur certains lieux ou sur la nourriture - détestable omelette et épouvantable lit - et avoue être saturé d'avoir trop visité d'églises - "à force d'être prodiguées, les plus aimables choses deviennent odieuses", écrira-t-il - opinions et façon de parler qu'un guide touristique respectable ne pourrait relater. Même si Flaubert ne traverse ni Pont-Aven (les peintres n'avaient pas encore investi la petite localité), ni Locronan (village authentique si prisé de nos jours par les réalisateurs), Flaubert parle de lieux et de monuments avec force détails que les guides du 21ème siècle conseillent de ne pas manquer. A propos du Morbihan, il parle longuement du site de Carnac - il fera aussi un long article à ce sujet pour une revue -, nous fait partager son amour pour Belle-Ile ; à propos du Finistère, il décrit les églises Saint-Michel (Notre-Dame de l'Assomption) et Sainte-Croix de Quimperlé ainsi que celles de Kerfeunteun et de la Mère de Dieu de Quimper, avec plus précision que ne le feraient les guides actuels. Il décrit minutieusement la Vénus de Quinipily près de Baud (Morbihan), statue toujours mentionnée dans les guides de tourisme. Ces guides qui omettent toutefois de parler de la pierre branlante de Tregunc (Finistère) "que les maris autrefois venaient ébranler pour savoir à quoi s'en tenir sur le compte de la chasteté de leurs épouses. (...) Pour nous qui sommes célibataires, elle est restée aussi inébranlable (...) que l'aurait été la grande pyramide d'Egypte". Conseiller aux touristes d'y aller pour vérifier l'infidélité de leur partenaire et ainsi gâcher des vacances qui se voulaient inoubliables, ne serait pas touristiquement correct.

 

                              

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