2021 devrait être, saurait être, pourrait être, une année de commémorations ou de célébrations (à vous de choisir le juste mot) d'événements survenus au cours du 19ème siècle, il y a 150 et 200 ans. En cette année de pandémie encore, le mois de mars 2021 qui n'en est qu'à ses ides vaut bien le précédent qui eut un goût acide. En cette année de pandémie, d'urgence sanitaire, de restrictions de déplacements, de port du masque obligatoire, de vaccinations à tour de bras, la question est : Faut-il commémorer ou célébrer ? Faut-il encenser ou brûler ? Faut-il adorer ou déboulonner ?
Le 19ème siècle fut obnubilé par les "Plonplon", hommes providentiels. Au 19ème siècle, les "Plonplon", on les vendait à la paire. L'un fut grand, l'autre petit. L'un arriva au pouvoir par un coup d'Etat, l'autre aussi. L'un était républicain, l'autre fut président de la République. L'un détestait les Anglais, l'autre mourut en Angleterre. L'un guerroya à Austerlitz, l'autre se pavana à Biarritz. L'un vendit la Louisiane, l'autre pensa pouvoir acheter le Mexique. L'un naquit sur une île, l'autre en Ile-de-France. Tous deux moururent sur une île... en exil. L'un revint sur la Belle Poule, l'autre resta dans le pays des petits gars de Liverpool. "Plonplon" par-ci, "Plonplon" par-là, depuis quelques semaines, on ne parle que des "Plonplon" mais on ne parle pas de ceux qui méritent aussi, en cette année 2021, leur heure de remémoration, j'ai cité Flaubert et Baudelaire, tous deux nés en 1821. Et comme, en France, tout finit par des chansons, j'ajouterai à ce duo de choc, la cantatrice Pauline Viardot.
En cette année 2021, de Nogent-sur-Seine (Aube) à Croisset (Seine-Maritime), on ne manquera pas de commémorer, de célébrer, de commenter, de critiquer, de louer, de désapprouver l'oeuvre et la vie de Gustave Flaubert pour le bicentenaire de sa naissance.
Alors que la France s'apprête à changer de Gouvernement - Villèle remplaçant Richelieu -, voit le jour à Rouen, le 12 décembre avant la pointe du jour, au coin de la rue du Contrat Social et de la rue de Lecat, Gustave, fils d'un chirurgien à l'Hôtel-Dieu et de Anne Fleuriot, fille de médecin. Il ne le sait pas encore, mais il a un frère qui a déjà huit ans et aura, trois ans après, une soeur, Caroline, dont il sera très proche. 1821 : Napoléon Ier est mort il y a sept mois, Louis XVIII règne depuis six ans sur une France ramenée à ses frontières de 1790, Delacroix peint La Barque du Dante, Victor Hugo publie ses premiers poèmes, la Grèce se bat pour son indépendance, Baudelaire voit la jour à Paris, Pauline Viardot aussi, Felix Ziem à Beaune (Côte-d'Or). Lycéen turbulent, Gustave a pour camarade de classe Louis Bouilhet (futur auteur dramatique), passe son bac en candidat libre et grâce à l'aide financière de ses parents, parcourt le Pays basque, les Pyrénées et la Corse, un "Grand Tour" à l'instar des jeunes aristocrates anglais mais entre Bayonne et Ajaccio seulement. Il voyagera beaucoup par la suite, en Normandie et en Bretagne en 1847 puis en Méditerranée orientale, sur les pas de Chateaubriand, Constantinople, Smyrne, Beyrouth, Jérusalem, la mer Morte, Le Caire, les Pyramides. En cette année de pandémie encore, alors que les voyages sont déconseillés, difficiles et contrôlés, il est bon de voyager virtuellement Par les champs et par les grèves. A suivre...
"Plonplon" : Surnom donné à Napoléon dit "le Prince Jérôme" (1822-1891), neveu de Napoléon Ier, cousin de Napoléon III.