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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 09:28

 

 

2021 devrait être, saurait être, pourrait être, une année de commémorations ou de célébrations (à vous de choisir le juste mot) d'événements survenus au cours du 19ème siècle, il y a 150 et 200 ans. En cette année de pandémie encore, le mois de mars 2021 qui n'en est qu'à ses ides vaut bien le précédent qui eut un goût acide. En cette année de pandémie, d'urgence sanitaire, de restrictions de déplacements, de port du masque obligatoire, de vaccinations à tour de bras, la question est : Faut-il commémorer ou célébrer ? Faut-il encenser ou brûler ? Faut-il adorer ou déboulonner ? 

 

Le 19ème siècle fut obnubilé par les "Plonplon", hommes providentiels. Au 19ème siècle, les "Plonplon", on les vendait à la paire. L'un fut grand, l'autre petit. L'un arriva au pouvoir par un coup d'Etat, l'autre aussi. L'un était républicain, l'autre fut président de la République. L'un détestait les Anglais, l'autre mourut en Angleterre. L'un guerroya à Austerlitz, l'autre se pavana à Biarritz. L'un vendit la Louisiane, l'autre pensa pouvoir acheter le Mexique. L'un naquit sur une île, l'autre en Ile-de-France. Tous deux moururent sur une île... en exil. L'un revint sur la Belle Poule, l'autre resta dans le pays des petits gars de Liverpool. "Plonplon" par-ci, "Plonplon" par-là, depuis quelques semaines, on ne parle que des "Plonplon" mais on ne parle pas de ceux qui méritent aussi, en cette année 2021, leur heure de remémoration, j'ai cité Flaubert et Baudelaire, tous deux nés en 1821. Et comme, en France, tout finit par des chansons, j'ajouterai à ce duo de choc, la cantatrice Pauline Viardot.    

 

En cette année 2021, de Nogent-sur-Seine (Aube) à Croisset (Seine-Maritime), on ne manquera pas de commémorer, de célébrer, de commenter, de critiquer, de louer, de désapprouver l'oeuvre et la vie de Gustave Flaubert pour le bicentenaire de sa naissance.

Alors que la France s'apprête à changer de Gouvernement - Villèle remplaçant Richelieu -, voit le jour à Rouen, le 12 décembre avant la pointe du jour, au coin de la rue du Contrat Social et de la rue de Lecat, Gustave, fils d'un chirurgien à l'Hôtel-Dieu et de Anne Fleuriot, fille de médecin. Il ne le sait pas encore, mais il a un frère qui a déjà huit ans et aura, trois ans après, une soeur, Caroline, dont il sera très proche. 1821 : Napoléon Ier est mort il y a sept mois, Louis XVIII règne depuis six ans sur une France ramenée à ses frontières de 1790, Delacroix peint La Barque du Dante, Victor Hugo publie ses premiers poèmes, la Grèce se bat pour son indépendance, Baudelaire voit la jour à Paris, Pauline Viardot aussi, Felix Ziem à Beaune (Côte-d'Or). Lycéen turbulent, Gustave a pour camarade de classe Louis Bouilhet (futur auteur dramatique), passe son bac en candidat libre et grâce à l'aide financière de ses parents, parcourt le Pays basque, les Pyrénées et la Corse, un "Grand Tour" à l'instar des jeunes aristocrates anglais mais entre Bayonne et Ajaccio seulement. Il voyagera beaucoup par la suite, en Normandie et en Bretagne en 1847 puis en Méditerranée orientale, sur les pas de Chateaubriand, Constantinople, Smyrne, Beyrouth, Jérusalem, la mer Morte, Le Caire, les Pyramides. En cette année de pandémie encore, alors que les voyages sont déconseillés, difficiles et contrôlés, il est bon de voyager virtuellement Par les champs et par les grèves. A suivre...

 

      

         

 

"Plonplon" : Surnom donné à Napoléon dit "le Prince Jérôme" (1822-1891), neveu de Napoléon Ier, cousin de Napoléon III. 

 

   

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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 09:50

 

 

Je sors du MoMA. La nuit est déjà tombée sur New York. Quelle heure est-il ? L'heure d'aller prendre un verre quelque part. Pourquoi pas au King Cole Bar ? C'est à deux pas de là. Au coin de la 5ème Avenue et de la 55ème rue. Il commence à pleuvoir. Des gens dévalent les marches de l'escalier du subway à la station 5th Av.-53rd St. D'autres pressent le pas sans sourire sur les trottoirs luisants où se reflètent les mots des enseignes lumineuses des commerces. Sous le ciel bas et sombre, le tracas et l'inquiétude sur la figure des passants ressemblent à ceux vus sur les photos de David Heath. La façade néogothique de l'église Saint-Thomas, noircie par l'intense circulation automobile de la 5ème Avenue, n'attire pas les regards. C'est un soir de pluie. Ma dernière soirée à New York. J'arrive devant le St. Regis Marriott***** (2 East 55th Street), hôtel fondé en 1904 par John J. Astor. Devant la façade "haussmannienne" avec volutes, balustrades et oeils-de-boeuf, j'hésite, passe et repasse, me dit qu'une tenue correcte doit être exigée pour pénétrer dans le hall et accéder jusqu'au bar. J'hésite encore. Il me faudrait affronter le portier, risquer de ne pas tout comprendre de ce qu'il me dira. Je renonce. Je ne boirai pas de Bloody Mary, ne verrai pas la fresque Old King Cole de Maxfield Parrish qui orne l'établissement depuis 1932, ne croiserai pas le divin Salvador Dali.

 

Salvador Dali descendait au St. Regis lors de ses séjours new-yorkais. Il traversa l'Atlantique pour la première fois en 1934 (avec Gala qu'il venait d'épouser) même si auparavant, il avait été, à plusieurs reprises, exposé à la Julien Levy Gallery. La galerie de Madison Avenue (elle s'installera à la fin des années 1930 dans East 57th Street) avait très tôt offert ses cimaises aux peintres surréalistes. C'est Guillaume Apollinaire qui a pour la première fois employé le mot sur-réalisme dans le programme du ballet Parade donné au théâtre du Châtelet à Paris en mai 1917. Il le reprendra un mois plus tard pour sa pièce en deux actes et un prologue intitulée Les Mamelles de Tirésias, jouée le 24 juin 1917 au théâtre Renée-Maubel sur la Butte Montmartre, avec Marcel Herrand. Le mot, oublié un temps, sera repris en 1924 par un groupe d'écrivains, de poètes, de photographes et de peintres, dont le chef de file fut André Breton, pour désigner un nouveau courant artistique. Ce dernier, qui encense Dali et sa méthode paranoïaque-critique, se fâchera bientôt avec lui et l'exclura du mouvement en février 1934. Dali fera fi de cet affront et, durant la Deuxième guerre mondiale, deviendra célèbre aux States (et avide de dollars selon l'expression de Breton) grâce à Reynolds Morse qui possédera jusqu'à quatre-vingt-quatorze toiles du peintre de Figueres. Le Moma, n'est pas en reste avec l'acquisition grâce à un don anonyme de Persistance de la mémoire, huile sur toile de 24 centimètres sur 33, peinte en 1931, où le temps perd toute idée de sens dans un paysage fait de falaises du cap Creus et de mer calme et sans vagues.

 

Tandis que Dali occupe mon esprit, je marche au hasard dans West Midtown. La pluie a cessé. Je passe devant le Carnegie Hall, célèbre salle de spectacles où ont chanté Edith Piaf en janvier 1957 et Dalida en novembre 1978, descends Broadway jusqu'à Times Square en passant devant les théâtres qui proposent des comédies chantées et dansées par des élèves de l'American Musical and Dramatic Academy (AMDA) puis entre dans la West 42nd Street. Je marche encore et encore, tourne à droite puis à gauche, à gauche encore puis à droite, entre enfin dans un endroit à l'entrée accueillante et chaleureuse : le One Max Lounge. Ici nul besoin de porter cravate sobre ou veston prince de Galles pour siroter un quelconque cocktail sous la musique d'un quartet, piano, saxophone, contrebasse et batterie. Le décor n'est ni de Sargent ni de Rosenquist mais les gens sont décontractés et à l'aise dans ce sous-sol au parquet ciré, aux murs lambrissés jusqu'à mi-hauteur, photophores sur les tables, chaises en bois. Ce soir, $1 = 0,84 €. Je reprendrai la même chose ! 

Je sors du bar vers 22 heures. Ce soir comme tous les soirs, "les gratte-ciel de New York, tellement élevés que l'on ne peut en apercevoir que difficilement le faîte (...) une fois éclairés (...) font songer aux gâteaux de cire des abeilles", comme l'a écrit le marchand d'art Ambroise Vollard. Il est encore temps de grimper en haut de l'Empire State Building pour voir depuis le 86ème étage, tout Manhattan by night. Les portes de l'ascenseur se ferme. Commence alors l'ascension vers le toit du monde. 1, 2, 3... 11, 12, 14... J'apostrophe le liftier lui faisant remarquer cette anomalie. Oui, me dit-il, à New York, on est superstitieux. Il n'y a jamais de 13ème étage dans les gratte-ciel et dans les hôtels.

 

26 juin New York - Washington

New York - Washington 370 kilomètres

Autocars GREYHOUND - HORAIRES :

       New York  -  Washington DC

           10h00    -    15h15  

Gare routière de New York

625 8th Avenue

Téléphone (212) 635-0800

 

 

 

Sources :

 

New York Le Guide Vert Michelin (Michelin Travel Partner, 2019)

 

Cité de Verre (City of Glass) par Paul Auster (Acte Sud, 1987)

 

Chefs-d'oeuvre de l'Art Moderne du Museum of Modern Art, New York (SCALA/Skira, 2005)

 

Catalogue de l'exposition Albert Gleizes, le cubisme en majesté au Museu Picasso de Barcelone et au Musée des Beaux-arts de Lyon en 2001.

 

l'ABCdaire de Dali (Editions Flammarion, 2004)

 

Gala par Dominique Bona de l'Académie française (Flammarion, 1995)

 

Souvenirs d'un marchand de tableaux par Ambroise Vollard (Editions Albin Michel et Les Libraires Associés, Paris 1957)

 

New York City of many dreams par Bill Harris (Colour Library, 1983)

 

 

 

 

                               

               

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19 mars 2021 5 19 /03 /mars /2021 10:04

 

 

Retour dans la 53ème rue (11 West 53rd Street). Courte file d'attente devant les portes du Museum of Modern Art (MoMA). Entrée gratuite le vendredi de 16 heures à 20 heures. Depuis sa création il y a 92 ans, le musée a une politique d'acquisitions éclectique et novatrice qui mêle à la peinture et à la sculpture, le design, la photographie, l'architecture, la voiture (de course ou citadine) et l'électronique.

 

La visite commence par les peintures impressionnistes et post-impressionnistes. Après être passés devant des tableaux de Matisse, Derain, Klimt et Kokoschka, les visiteurs du soir ont hâte d'admirer le must, le clou, le nec plus ultra pour lequel ils ont traversé l'Atlantique ou le Pacifique, une huile sur toile de 2,44 mètres sur 2,33 mètres considérée comme l'Oeuvre majeure dans l'histoire de l'art moderne : Les Demoiselles d'Avignon de Picasso. Ils devront encore passer devant Femme au miroir (1932), ode à la jeune Marie-Thérèse Walter rencontrée cinq ans plus tôt et qui lui inspirera une importante série de portraits et de figures de femmes, Trois musiciens (1921), composition sous forme de puzzle qui rappelle les personnages de la commedia dell'arte et La Guitare (1912), construction faite de feuilles de métal et fils de fer, à moins que ce ne soit celle en carton, corde et fil de fer, cet instrument, cher au coeur des Espagnols, ayant souvent fait l'objet de compositions de la part du peintre natif de Malaga entre 1902 et 1920, et surtout lors de sa période cubiste. 

Les Demoiselles d'Avignon, événement remarquable dans l'histoire de l'art du 20ème siècle, provoqua à l'époque où Picasso peignit ce tableau, "un véritable cataclysme" selon les mots de Gertrude Stein. Cette oeuvre qui annonce aussi bien le cubisme que l'expressionnisme a demandé neuf mois d'effort (printemps-été 1907) à son auteur après un long travail de préparation et d'études des arts ibérique et africain, ce dernier lui ayant été initié par Matisse l'année précédente. Picasso pensait d'abord faire figurer sept personnages dont deux hommes, un étudiant de profil et un marin au centre de cette scène de "prostibulo" ou maison close que Josep Palau i Fabre, éminent spécialiste de l'oeuvre du peintre andalou qui a passé une grande partie de sa jeunesse à Barcelone dès 1895, a située au 44 de la rue d'Avignon (carrer d'Avinyo). Puis au fil des transformations - on commence par une idée et ça devient tout autre chose, selon les dires de Picasso - le marin disparut, tout comme l'étudiant remplacé par une femme nue ouvrant un rideau. Si l'influence ibérique est bien visible dans la déformation des visages (menton, yeux, oreilles), il n'est pas certain que ceux des femmes à la droite du tableau aient été inspirés par les statuettes africaines vues par Picasso au musée du Trocadéro en juin 1907. Comme l'a écrit Pierre Daix - ami du peintre -, dans un article consacré au tableau paru dans Gazette des Beaux-Arts en 1970, il n'y a pas d'art africain dans Les Demoiselles d'Avignon. A moins que ce ne soit l'influence de Gauguin dont Picasso a pu voir deux cent cinquante-six oeuvres au Salon d'automne de Paris en 1906. Seul reste des premières épreuves (en bas du tableau), le plateau de fruits à connotation sexuelle.

 

Le tableau a été peint à Paris dans un atelier de la rue Ravignan (Paris 18ème) au dernier étage d'un bâtiment construit en grande partie en bois dans les années 1860 et surnommé Le Bateau-Lavoir - ses coursives rappelaient celles d'un navire - qui ne disposait que d'un seul point d'eau pour les nombreux peintres qui y logeaient. Picasso s'installant en 1904 dans cette véritable "Villa Médicis de la peinture moderne" rejoignait ainsi quelques compatriotes comme Ricardo Canal, Monolo Hugué et Ramon Pichot. Montmartre avait encore l'aspect d'un petit village avec ses moulins, son "maquis" avec ses maisons en bois, ses guinguettes, ses jardins privés et fleuris, sa vigne, sa petite maison rose (au coin de la rue des Saules et de la rue de l'Abreuvoir) peinte par Utrillo, la Maison au toit de Chaume dite d'Henri IV, la Maison de Mimi Pinson, la maison d'Hector Berlioz (22 rue du Mont-Cenis ; démolie en 1925), bref, tout un monde qui n'existe plus mais que chantait encore, en 1969, Sacha Distel dans Paris de Mimi Pinson, chanson écrite par Gérard Gustin et Maurice Tézé. Le Bateau-Lavoir a disparu dans un incendie en 1970. Daniel, fils du compositeur Darius Milhaud qui y possédait un atelier, perdit, dans la catastrophe, vingt années de son oeuvre.       

L'atelier, sous les toits, était mal éclairé et Picasso, pour montrer ses toiles à ses nombreux visiteurs, allumait une bougie qu'il tenait à bout de bras devant chaque tableau, dixit André Salmon quand il rendit visite à Picasso avec Guillaume Apollinaire au Bateau-Lavoir en 1904. Mais en 1907, rares furent ceux qui eurent la chance de voir le tableau achevé qui s'intitulait alors "Le Bordel d'Avignon". Pour le marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler, ce fut la stupéfaction. Cependant, le tableau rebaptisé Les Demoiselles d'Avignon ne sera présenté au public qu'en juillet 1916 lors d'une exposition "L'art moderne en France" organisée par le poète et critique d'art André Salmon au Salon d'Antin. Certainement à cause de la guerre, l'événement n'aura pas le retentissement espéré. Sur les conseils d'André Breton, le couturier et collectionneur Jacques Doucet acquiert le tableau en 1922 pour la somme de 25000 francs. Mais à la mort de son heureux propriétaire, sa veuve vend le tableau à une galerie de New York qui le cède au MoMa pour, dit-on, la somme de $25000. Il sera, avec Guernica, le clou d'une grande rétrospective organisée dans le dit musée en 1939. Le tableau reviendra en France en 1953 pour une exposition Le Cubisme, 1907-1914 au Musée national d'art moderne de Paris puis de nouveau en 1988 au musée Picasso. 

 

Concernant Guernica, peint à Paris dans l'atelier de la rue des Grands-Augustins en 1937 et présenté au pavillon de la République espagnole de l'Exposition universelles de Paris, il sera exposé à New York en mai 1939 et restera au MoMa jusqu'en 1982 - après une exposition Picasso : Forty years of his art du 15 novembre 1939 au 7 janvier 1940 -, le peintre ayant demandé à ce que la toile ne rentre en Espagne qu'une fois la démocratie rétablie dans ce pays. Le tableau est maintenant visible au musée Reina Sofia à Madrid.

 

Parmi les grandes expositions organisées au MoMA depuis sa création en 1929, rappelons celle récente "De Kooning : A retrospective" du 18 septembre 2011 au 9 janvier 2012. Willem De Kooning, né aux Pays-Bas en 1904, s'installa à New York en 1927 où il partagea, à Greenwich Village, un atelier avec Arshile Gorky. Il est décédé en 1997.

   

 

                    

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11 mars 2021 4 11 /03 /mars /2021 10:05

 

 

25 juin [1985] : Temps magnifique.

Promenade sur la 5th Avenue.

 

En 1966, le chanteur Joe Dassin revenant dans sa ville natale après un long exil en Europe, enregistrait son premier album studio chez CBS (207 East 30th Street) : Joe Dassin à New York. L'enregistrement de ce disque de douze titres qui n'a eu en France qu'un succès d'estime permit au chanteur de retrouver la 5ème avenue et de faire un "pèlerinage" à Bleecker Street - berceau du Folk Song -, qu'ont chanté Joan Baez, Bob Dylan et Simon and Garfunkel. Bleecker Street (Greenwich Village) compte de nombreux clubs de jazz, blues et rock dont le Terra Blues et le Bitter End. Ce dernier, fermé actuellement pour cause de pandémie (son directeur espère y accueillir de nouveau du public dès le mois prochain) est situé au 147 Bleecker Street. Créé en 1961 par Paul Colby (décédé en 2014), il est le plus vieux Rock Club de New York. Sur son étroite scène, se sont produits Bob Dylan, Stevie Wonder, Neil Diamond, Randy Newman, Billy Joel, Norah Jones, Lady Gaga, Pete Seeger... 

Pete Seeger (1919-2014), pionnier de la musique folk, militant pour les Droits civiques, est le co-auteur de la chanson If I Had a Hammer, chanson protestataire de la fin des années 1940 qui sera reprise dans les années 1960 par Trini Lopez, chanteur d'origine mexicaine décédé en 2020. Plus tard, Seeger popularisera une chanson cubaine des années 1920, Guantanamera, reprise sur l'album de Joe Dassin cité ci-dessus, sur une adaptation en français due au parolier Jean-Michel Rivat qui a signé aussi d'autres chansons pour ce disque comme Excuse me LadyJe change un peu de vent et Comme la lune.               

 

La 5ème Avenue, qui part de Washington Square, est bordée par l'Empire State Building dont l'observatoire du 86ème étage offre une vue sur le sud de Manhattan - Greenwich Village et au-delà le New World Trade Center - et vers le nord - le toit de Macy's, plus grand magasin du monde, Bryant Park et la New York Public Library, les flèches de la cathédrale Saint-Patrick, Chrysler Building, Met Life Building (ex-Pan Am Building) et Central Park. Plus loin, on passe devant le Rockfeller Center (en face de la cathédrale Saint-Patrick) avec sa statue géante d'Atlas portant le monde, l'hôtel St. Regis où Salvador Dali avait l'habitude de descendre, la Trump Tower (1983) et la bijouterie-joaillerie Tiffany & Co immortalisée par Audrey Hepburn dans le film de Blake Edwards intitulé Breakfast at Tiffany's (1961) et dont parle Yves Simon dans sa chanson J'ai rêvé New York.

Quittant la 5ème Avenue pour prendre la West 53rd Street, on arrive devant le Museum of Modern Art, le célèbre MOMA. Créé en 1929, ce musée - alors petit bâtiment sur la 5ème Avenue - a connu depuis plusieurs rénovations et extensions dont l'une des plus récentes est celle de l'architecte japonais Yoshio Taniguchi en 2004. Le musée possède 3200 peintures et sculptures ainsi que des gravures, des dessins, des pièces liées à l'architecture, des photographies, des films, des vidéos. Les nombreux dons et legs ont permis, au fil des décennies, d'augmenter le nombre des oeuvres présentées au public. Le musée présente des peintures d'impressionnistes, de fauves, d'expressionnistes, du mouvement dada et de surréalistes. Entre le 7 décembre 1936 et le 17 janvier 1937, le MOMA proposait au public Fantastic Art, Dada, Surrealism, première exposition consacrée par ce musée au mouvement dada. La préface de son catalogue était signée André Breton. Le musée proposera par la suite d'autres expositions sur ce thème, fera l'acquisition du tableau de Dali La Persistance de la mémoire (1931) (d'abord intitulé Les Montres molles) ainsi que d'oeuvres de Miro, Ernst, Magritte. Le musée présente aussi des oeuvres du mouvement pop art dont celles de Andy Warhol et Roy Lichtenstein. Salvador Dali, dans une interview accordée à Alain Bosquet en 1966, constatait que "l'avant-garde n'est pas à Paris mais à New York. Tous les nouveaux peintres qui font du Pop Art et de l'Op Art (...) se trouvent à New York (...) et le musée d'Art Moderne en est plein". (*) Salvador Dali a souvent séjourné aux Etats-Unis, dont à New York, dans les années 1930 puis durant la Seconde guerre mondiale et encore dans les années 1960 et 1970.                       

Dans les années 1940, tandis que Paris était occupé et Londres bombardé, New York devint le refuge des peintres, des écrivains, des globe-trotters de toutes nationalités : Yves Tanguy, Fernand Léger, Marc Chagall, André Breton, André Masson, Marcel Duchamp, Max Ernst, Salvador Dali, Antoine de Saint-Exupéry. Ce dernier a habité à Central Park South. Son ami, le peintre Bernard Lamotte, installé définitivement à New York depuis 1935, logeait dans la 52ème rue Est, au-dessus du restaurant "La Grenouille" où se retrouvait toute la communauté française ainsi que quelques personnalités américaines du monde du spectacle.  

 

 

(*) Entretiens avec Salvador Dali par Alain Bosquet (Editions Pierre Belfond, 1966) 

 

 

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8 mars 2021 1 08 /03 /mars /2021 10:26

 

 

Les cinémas de New York ont rouverts ce week-end après un an de fermeture pour cause de pandémie de Covid-19. Les spectateurs sont priés de respecter les gestes barrière et de rester à 6 feet (1,80 mètre) les uns des autres. 

 

Jour 2 :

 

Rockfeller Center Area et la 5ème Avenue.

 

- Channel Gardens : Agréable lieu de détente sur la 5ème Avenue, sorte d'esplanade servant de terrasses en été à d'élégants cafés et restaurants et de patinoire en hiver, le Channel descend en pente douce vers le RCA Building (Radio Corporation of America) haut de 259 mètres et comptant 70 étages qui est entouré par la Maison française et le British Empire Building.

 

- International Building et la statue d'Atlas : Ce bâtiment de 41 étages, primitivement destiné à abriter les bureaux des consulats et représentations de pays étrangers, possède un hall évoquant la Grèce antique. Les sous-sols de ce bâtiment sont garnis de magasins : librairies, marchands d'estampes, coiffeur présentant une collection d'objets anciens se rapportant à son métier.

 

Le RCA Building (1933) après s'être appelé General Electric Building, se nomme désormais Comcast Building. Son hall est décoré d'une immense fresque signée José Maria Sert. Les sources d'inspiration de ce peintre né à Barcelone étaient Tiepolo, le Tintoret, Michel-Ange et Goya. Il s'installa à Paris à la fin du 19ème siècle, fut l'ami de Paul Claudel, de Paul Morand, de Jean Cocteau, et fit de nombreux allers-retours entre la France et l'Espagne où il répondit à des commandes pour la décoration de la cathédrale de Vic (Catalogne) en 1930 puis entre 1939 et 1945 après la destruction de son oeuvre par un incendie durant la guerre civile - c'est dans cette cathédrale qu'il a été inhumé -, et de la décoration d'une salle du musée Maricel del Mar de Sitges (au sud de Barcelone). Aux Etats-Unis, dans les années 1930, il fut choisi pour décorer la salle à manger de l'hôtel Waldorf-Astoria nouvellement construit sur Park Avenue ainsi que le hall de RCA Building pour lequel on avait d'abord pensé à Picasso. En 2012, le Petit Palais à Paris lui a consacré une exposition intitulée José Maria Sert - Le Titan à l'oeuvre (1874-1945).

 

- Eglise St-Patrick (1858-1936) : Eglise catholique de New York, Saint-Patrick est dédiée au Saint-Patron des Irlandais. De style gothique, l'architecture est imitée de la cathédrale de Cologne, notamment dans l'élévation des deux tours à flèches aiguës qui atteignent 100,58 mètres (157 mètres à Cologne).

- New York Public Library et Briant Park.

- Empire State Building : Haut de 380 mètres (448 avec l'antenne de télévision), l'Empire State Building fut inauguré en 1931. Il compte 102 étages. Ascension possible de 9h30 à minuit au 86 ème étage.

 

Consulat de France à New York : 934 5th Avenue

Téléphone (212) 535-0100

 

Office du Tourisme de France à NYC : 610 Fifth Avenue

 

Vitrines de la 47ème rue.

St-Patrick vue sur l'abside depuis Madison Avenue.

Park Avenue : Perspective depuis le PANAM Bldg.

Tiffany's 5th Avenue au coin de la 57th Street. 

Empire State Bldg 86ème étage.

 

         

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5 mars 2021 5 05 /03 /mars /2021 15:04

 

 

Par la West 23rd Street, en passant devant l'hôtel Chelsea (qui garde le souvenir des dernières heures de l'écrivain Dylan Thomas, décédé en 1953 à l'âge de 39 ans) et le Chelsea Savoy, on arrive à Madison Square, vaste parc où l'on peut faire une halte bien méritée avant la découverte de West Midtown. On se trouve alors devant le Flatiron, immeuble élégant (1902) de forme inattendue avec ses 21 étages au coin de Broadway et de la 5ème avenue. Il fallait bâtir sur un étroit coin de rue en forme de triangle ; l'architecte Daniel Burnham, formé à l'école de Chicago, l'a fait. La 5ème Avenue qui borde l'immeuble offre une perspective sur le New World Trade Center. En descendant Broadway sur quelques blocs, on arrive à Union Square, place arborée où se tient, quatre jours par semaine, un marché aux fruits et légumes, et où des artistes de rue proposent de vous portraiturer ou de vous croquer à l'ombre de quelques immeubles dont le Decker Building (33 Union Square West) dans lequel Andy Warhol ouvrit, en 1964, la Factory, atelier d'art, galerie, studio de tournage, salle de concert, discothèque où se retrouvaient toutes celles et tous ceux qui voulaient être mondialement célèbres même pour quinze minutes seulement. Il y tourna nombre de ses films. Entre 1965 et 1968, il y produisit pas moins de six cents courts-métrages, longs-métrages, bouts d'essai, etc. En 1966, Warhol a produit l'album The Velvet Underground & Nico et en a dessiné la pochette. La chanteuse allemande Nico y chante trois chansons de Lou Reed, dont Femme fatale, enregistrées en avril de la dite année, aux Scepter Studios (254 West 54th Street).

 

Au début des années 1970, un camarade de classe me fit écouter un 33 tours qu'il venait d'acheter ; un disque d'Yves Simon. On écoutait J'ai rêvé New York en boucle. On imaginait des gratte-ciel, de longues avenues pleines de monde où roulaient des voitures interminables, des types drôles, déjà célèbres ou en herbe, faire et dire des trucs que nous n'avions jamais entendus dans une chanson, une ville qui arrachait ses amarres pour prendre de la hauteur par rapport au reste du monde, devenant ainsi une étoile - cependant fragile -, où tout était possible, où le ridicule ne l'est pas, le lieu du tout automatique, du gigantisme, un lieu qui illuminait le monde. J'ai rêvé New York était notre rêve américain à nous. Nous écoutions la chanson d'Yves Simon en boucle comme nous avions écouté en boucle quelques mois auparavant My Lady d'Arbanville de Cat Stevens, Soley Soley de Middle of the Road et Mamy Blue de Joël Daydé. Un homme avait marché sur la lune. Nous marcherions un jour dans New York. A l'époque où nous écoutions cette chanson, Jackson Pollock et Mark Rothko étaient morts ; Picasso venait de mourir. Les étoiles montantes de l'art seraient bientôt Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. A Paris, les Halles étaient un trou et les architectes en vogue s'appelaient Ricardo Bofill et Renzo Piano. Le mercredi après-midi, nous allions suivre la construction de la tour Montparnasse, gage à nos yeux de modernité et d'avenir. Paris s'érigeait de tours dans le 13ème arrondissement, à Beaugrenelle, à La Défense. Ces tours dont les Parisiens dorénavant ne veulent plus. On voudrait voir la tour Montparnasse disparaître, le nouveau Palais de justice a été élevé loin de l'île de la Cité, le quartier Beaugrenelle n'est plus qu'une dalle malfamée que la statue de la Liberté toute proche n'éclaire plus de ses idéaux d'égalité et de fraternité. A l'inverse, Manhattan se pare de nouveaux immeubles de grande hauteur. Depuis mon séjour en 1985, se sont élancés vers le ciel le New York Times Building (228 mètres, par Renzo Piano, en 2007), la tour Gehry (265 mètres, en 2011), Central Park Tower (472 mètres, en 2020), le Time Warner Center (centre commercial dominé par deux tours de 229 mètres et 80 étages chacune, en 2004), la Bank of America Tower (366 mètres, en 2009), la nouvelle Hearst Tower (sur 40 étages, par Norman Foster, en 2006), le One57 (300 mètres, par Christian de Portzamparc, en 2013).           

 

24 juin matin World Trade Center 107è étage, Chinatown, City Hall Park à pied. En voiture 6ème Avenue, W. 42nd Street.

Après-midi tempête de grêle sur New York qui fait la une des journaux du lendemain.

 

Un temps à rester dans sa chambre d'hôtel et à regarder la télé. 

 

1 poste de tv qui capte 30 chaînes :

1 chaîne avec de la musique 24h/24 (Video Hits 1) 

1 chaîne de prévisions météorologiques 24h/24 (Wheather Channel)

1 chaîne de sports 24h/24

1 chaîne de Country music 24h/24 (The Nashville Network / TNN)

1 chaîne d'informations (CNN) 24h/24 : Cable News Network

1 chaîne qui donne les programmes de toutes les chaînes par câble (on Cablevision) 24h/24.

 

 

             

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4 mars 2021 4 04 /03 /mars /2021 10:07

 

 

Après avoir ouvert une galerie dans une petite impasse de Greenwich Village et un musée au 10 W. 8th Street en 1931, Gertrude Vanderbilt Whitney, fille du magnat des chemins de fer, a eu ses collections présentées au public dans un bâtiment de Madison Avenue à deux pas de Central Park, sur le "Museum Mile", portion de la 5ème Avenue qui sur 1 kilomètre 1/2 rassemble parmi les plus belles collections d'art du monde. Le Metropolitan Museum of Art (Met) a pris possession du dit bâtiment et y a ouvert le Met Brauer, tandis que les collections de Vanderbilt Whitney s'installaient dans un bâtiment flambant neuf construit en 2015 sur les plans de l'architecte italien Renzo Piano, auteur entre autres du Centre Pompidou à Paris (en collaboration avec Richard Rogers), du Centre culturel Tjibaou à Nouméa (Nouvelle-Calédonie), du nouveau Palais de justice de Paris, de la Chambre des représentants à La Valette (Malte). Les salles spacieuses parées de grandes baies vitrées avec vue sur l'Hudson river proposent des expositions temporaires et des collections permanentes riches d'oeuvres de Hopper (3000 peintures), Calder, Warhol ainsi que celles de nombreux artistes américains des 20ème et 21ème siècles, comme Earle Horter (1881-1940) avec ses paysages portuaires, ses marines, ses balcons en fer forgé de La Nouvelle-Orléans et son Chrysler Building under construction peint en 1931.

 

Des coins de rues, des façades aux stores à demi baissés, des réverbères, des calèches, des villes anonymes vues depuis des voies de chemin de fer, des personnages esseulés, voilà le style de Edward Hopper, représentation d'une Amérique scrupuleusement décortiquée et montrée avec force austérité. Après avoir séjourné de nombreuses fois à Paris où il admire Courbet et Manet, il vend son premier tableau à l'Armory Show en 1913. Ses oeuvres sont ensuite acquises par de nombreux collectionneurs dont Gertrude Vanderbilt Whitney et Duncan Philips. En 1942, il peint à l'huile une scène qui se déroule la nuit dans un bar (tableau visible à Chicago). Nighthawks montre un comptoir de café vu depuis la rue où un homme seul et un couple sont accoudés. Le serveur calot blanc sur la tête semble parler à l'homme seul. On ne voit pas la porte d'entrée du bar. La seule porte, peinte en jeune, est celle des cuisines (?). Durant le confinement qu'a connu New York en 2020 pour cause de pandémie, une parodie de ce tableau a circulé sur internet montrant le bar vide de ses quatre personnages. Le photographe Peter Turnley qui vit six mois par an à New York a présenté au festival Visa pour l'Image de Perpignan, des clichés pris dans un New York aux rues vides - le gouverneur de l'Etat ayant demandé aux habitants de rester chez eux - vides ou presque, les nombreux sans domicile fixe n'ayant eu ni la possibilité de fuir la mégalopole, ni même pas de se mettre au chaud. Avant de faire ces reportages sur New York confiné, le photographe n'aurait jamais pensé qu'ils étaient autant (*).

 

En 1979, le Whitney Museum a présenté une exposition d'oeuvres de Cy Twombly (1928-2011). Edwin Parker Twombly célèbre sous le nom de Cy Twombly, peintre, sculpteur, photographe, a été initié à l'art moderne par le peintre Pierre Daura (dont quelques tableaux sont exposés au musée Hyacinthe Rigaud de Perpignan) et a connu sa première exposition personnelle à New York en 1951. Le MOMA de New York lui a consacré une rétrospective en 1994 ainsi que le Centre Pompidou (Paris) en 2016. En 2010, il a honoré une commande passée par le musée du Louvre pour la décoration du plafond de la salle des bronzes grecs. Sur 400 m2, l'artiste a fait figurer des cercles qui représentent des boucliers antiques ainsi que sept cartouches comportant les noms des sculpteurs grecs passés à la postérité. Il a, à cette occasion, été fait Chevalier de la Légion d'honneur par le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.

 

Les années impaires, le Whitney Museum of American Art propose une biennale qui permet de découvrir les nouvelles tendances dans le domaine de la création artistique avec des installations et des vidéos. 

 

    

 

(*) Voir l'édition du journal L'Indépendant catalan du 30 août 2020. 

 

            

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3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 10:14

 

 

Le personnage de Paul Auster marche, marche et marche encore et encore par les rues et les avenues, les places, les jardins publics, s'arrêtant toutes les vingt minutes à une cabine téléphonique dans l'espoir de joindre une correspondante qui ne répondra pas. Ce marcheur pressé n'a pas le temps de contempler les façades, les points de vue, les perspectives. De quartier en quartier, il marche, c'est tout. Pourtant d'une rue à l'autre, d'un bloc à l'autre, les immeubles cossus font place à des façades peu entretenues, des trottoirs propres se parent soudain de toutes sortes d'objets plus ou moins encombrants et sous des viaducs autoroutiers et ferroviaires vivent et dorment celles et ceux que les prix des loyers ont jetés sur le pavé sans préavis.

 

La pauvreté à New York :

Un salarié sur deux ne gagne pas de quoi élever décemment une famille. 1 New-Yorkais sur 6 vit grâce aux subsides de l'Assistance Publique. 20% des assistés de la municipalité sont des Portoricains.

 

Depuis Chinatown par Lafayette Street, on longe les quartiers de TriBeCa et de SoHo puis à la station de subway Bleecker Street, on arrive à Greenwich Village dont le centre est Washington Square. Greenwich Village est un quartier mythique qui évoque la bohème, l'avant-garde, les poètes maudits, les peintres expressionnistes et les compositeurs à la recherche de l'accord parfait. Les immeubles y ont trois ou quatre étages le long de rues souvent courtes, coupées par les 6ème et 7ème Avenues : Cornelia Street, Jones Street, Gay Street. Bill Harris, dans son livre intitulé New York City of many dreams, nous apprend que toutes les maisons des 18ème et 19ème siècles, simples bâtiments en bois dont les façades doublées par de la brique, sont toutes appelées brownstones de nos jours. Le nom provient d'un type de grès exploité depuis les collines du New Jersey. Après la construction du presbytère de l'église de l'Ascension en 1840, ce matériau devint à la mode. Il y a environ 400 vraies maisons dites brownstones à Greenwich Village dont celle du 6 Saint Lukes's Place où Jimmy Walker, maire démocrate de New York entre 1926 et 1932, passa une grande partie de sa vie. C'est ce grès qui donne cette couleur chocolat aux maisons souvent précédées d'un perron qui accède à une porte de style classique. Une journée de promenade à Greenwich Village peut se terminer en apothéose au Village Vanguard (à condition d'avoir réservé et d'arriver suffisamment tôt pour être bien placé), club de jazz since 1935 situé au 178 7th Avenue, où le saxophoniste Sonny Rollins lança en novembre 1957 les Night at the Village Vanguard avec enregistrements de concerts restés dans les annales que l'on peut écouter sur microsillons et CDs. D'autres concerts enregistrés ont suivi au fil des décennies comme celui des 18 et 19 octobre 1986, du pianiste Tommy Flanagan accompagné pour l'occasion par le contrebassiste George Mraz et le batteur Al Foster. D'autres clubs de jazz comme le Blue Note (131 West 3rd Street) animent aussi les longues nuits de Greenwich Village.

Edgar Varèse, compositeur français naturalisé américain installé à New York dès 1915, a acheté en 1923 la maison de trois étages construite dans les années 1850 du 188 Sullivan Street. Quelques années auparavant, le peintre lyonnais Albert Gleizes et son épouse avaient partagé une maison avec Varèse et Picabia au cours de l'été 1917. New York eut un immense impact sur l'oeuvre de cet artiste, sans doute le premier européen d'avant-garde à avoir voulu en capter dans ses toiles le gigantisme et le dynamisme : gratte-ciel, panneaux publicitaires, circulation automobile trépidante, jazz. Le pont suspendu de Brooklyn le fascinait, Broadway et ses publicités lumineuses ne le laissaient pas indifférent et le jazz, que Paris ne connaissait pas encore mais que lui fit connaître le compositeur et chef d'orchestre Carlos Salzedo dans un club de Harlem, le fracassa avec sa "dégelée de sons et de cris rauques, aigus, tendres, qui vous entraîne dans un tourbillon insensé auquel il est impossible d'échapper". C'est l'époque où il expose dans différentes galeries dont celle du Grand Central Palace (démoli en 1964) entre avril et mai 1917, l'époque où Man Ray rencontre Duchamp qui expose durant l'Armory Show, exposition internationale d'art moderne en février 1913, son Nu descendant un escalier, l'époque où la sculptrice Gertrude Vanderbilt Whitney (qui a travaillé à Paris sous les conseils de Rodin) ouvre dans une petite impasse de Greenwich Village, MacDougal Alley, une galerie qu'elle propose à de jeunes talents pour y exposer leurs oeuvres. Un premier musée Whitney ouvrira ses portes au 10 W. 8th Street en 1931. Après avoir présenté ses collections près de Central Park, un nouveau musée Whitney a ouvert ses portes en 2015 dans le quartier de Meatpacking entre Greenwich Village et Hudson river. 

 

 

            

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2 mars 2021 2 02 /03 /mars /2021 10:11

 

 

Le personnage créé par l'écrivain Paul Auster se retrouve à Greenwich Village. On ne peut pas parler de flânerie. Quinn ne baguenaude pas. Il est tracassé par ce coup de fil qu'il doit donner à celle qui lui a demandé de surveiller les allées et venues du père de son mari qu'elle soupçonne de vouloir supprimer. Mais la ligne est sans cesse occupée. Quinn marche alors au hasard, allant de cabine téléphonique en cabine téléphonique. Il traverse Greenwich Village, puis TriBeCa, passe devant son ancien domicile du 6 Varick Street et par West Broadway se rue sur une cabine téléphonique dans le hall d'une des tours du World Trade Center, y passant là "son treizième coup de téléphone de la journée". A un comptoir installé non loin de là, il achète un sandwich qu'il avale le nez sur son petit carnet de notes. Il se contente de ce simple sandwich, n'a pas le temps de monter au 107ème étage pour manger un plat chaud au restaurant "Windows on the World", peut-être parce qu'il ne porte pas la veste et la cravate réglementaires pour pouvoir s'installer à une table au-dessus de la ville et du monde. ("Jackets and ties required for gentlemen, no jeans please", disait le dépliant qui détaillait tout ce que l'on pouvait trouver, voir et admirer dans et depuis les tours jumelles.) Il ne prend pas non plus le temps de jeter un oeil sur la tapisserie colorée de Joan Miro qui orne la mezzanine. Il en ressort rassasié - ou presque -, traverse les rues étroites du quartier financier et arrive à Bowling Green. Le petit square de quartier est vide. Ce n'est qu'en 1987 qu'y sera placé le toro du sculpteur italien Arturo Di Modica (1941-2021), ce Charging Bull effrayant en bronze massif pesant plusieurs tonnes, installé d'abord en "catimini" devant la Bourse de Wall Street entre deux rondes de police puis déplacé à force de treuils et de grues à deux pas de Battery Park. Paul Auster nous apprendra au fil des dernières pages de son roman si Quinn sera toro ou matador. 

 

Profitons de ce retour dans Lower Manhattan pour nous diriger vers l'Est, vers le quartier chinois. 

Chinatown : Petit quartier chinois au Sud de Manhattan entre Canal Street, Bowery, Baxter Street et Chatham Square. Les premiers ressortissants de Chine à s'établir après la guerre de Sécession sont des Cantonais. En 1882, il y a là une communauté importante et qui continue à s'accroître lorsque le "Chinese Exclusion Act" arrête l'immigration. Aujourd'hui, ce quartier rassemble 10 000 Chinois. 

Visite du Chinese Museum (8 Mott Street) de 10 heures à 18 heures. Consacré aux moeurs, à la religion et à la culture chinoise, on peut y voir des reconstitutions d'autels de prières et d'un marché chinois, une collection d'instruments de musique, des documents et des objets relatifs à la culture du riz, à l'encens, à l'écriture, à l'imprimerie.

2 restaurants chinois :

Hee Sung Fung, 46 Bowery

Sun Hung Luck, 104 Mott Street

Au Nom Wah Tea Parlor, 13 Doyers Street, les serveurs présentent toute sorte de plats et vous choisissez ce que bon vous semble. A la fin du repas, on paie les plats vides entassés sur la table.

 

Je ne sais si ces restaurants existent encore en 2021 ou s'ils ont changé de nom. Le petit musée chinois de Mott Street est devenu le Museum of Chinese in America (MOCA) à l'angle de Centre Street et de Grand Street. Quant à Quinn, il montera vers le Nord à la nuit tombée et tentera en vain de reprendre contact avec cette "cliente" qui ne répondra pas et qu'il ne reverra plus. 

                  

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1 mars 2021 1 01 /03 /mars /2021 15:58

 

 

Trois jours après la décision du tribunal administratif de Montpellier de faire fermer les quatre musées de Perpignan (Pyrénées-Orientales) que des arrêtés municipaux avaient fait rouvrir le 9 février, le tribunal administratif de Limoges allait dans le même sens en demandant à ce que le musée de l'Hospice Saint-Roch d'Issoudun (Indre) que le maire avait fait rouvrir par arrêté municipal en date du 12 février, soit immédiatement fermé au public. Prenant acte de cette décision, le maire d'Issoudun a, dès le lendemain 19 février, donné une conférence de presse en compagnie du directeur de l'établissement public de coopération culturelle (EPCC), et a décidé d'organiser dans ce musée municipal labellisé musée de France, des visites privées. Le préfet de l'Indre a immédiatement saisi le tribunal administratif de Limoges pour faire annuler cette nouvelle décision. Le musée de l'Hospice Saint-Roch d'Issoudun est donc de nouveau fermé. Seul le parc du dit musée est ouvert au public.

 

La revue mensuelle Connaissance des arts a lancé sur son site internet une pétition pour demander que soient rouverts urgemment musées, centres d'art, fonds régionaux d'art contemporain, châteaux, monuments historiques, foires et salons, espaces essentiels à nos vies.

 

   

Musée Hyacinthe Rigaud (Perpignan)

Musée Hyacinthe Rigaud (Perpignan)

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