Espagne : Le président du Gouvernement Pedro Sanchez dit qu'à la fin de l'été 2021, 70% des Espagnols (nombre d'habitants en Espagne : 47 330 000) auront été vaccinés contre la Covid-19. Il dit aussi que l'état d'urgence sanitaire ne sera pas prolongé au-delà du 9 mai.
Hier 324 a rendu hommage à Charles Baudelaire pour le bicentenaire de sa naissance. Sur le plateau de la chaîne de la télévision catalane, deux invités, deux livres : Petits poemes en prosa, textes de Baudelaire traduits en catalan par Joaquim Sala-Sanahuja et Les flors del mal, poèmes traduits par Pere Rovira. Où l'on rappelle que Baudelaire était un flâneur anonyme (un lien avec Gaudi se promenant dans la ville est évoqué). Dans Les foules (texte traduit en catalan sous le titre Les multiduds), Baudelaire écrit : "Multitude, solitude : termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée."
"Feuilleté chez Charavay*, qui les vend après-demain, une liasse de lettres de Flaubert. Sa franchise et sa bonhomie me reposent. Parmi beaucoup de billets insignifiants, quelques pages brusquement le montrent à nu, admirable. L'écriture est beaucoup moins belle que celle de Baudelaire, dont je vois aussi quelques feuillets." A. Gide (1)
2021 : bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert
De retour à Quiberon, Gustave Flaubert et son ami Maxime Du Camp déjeunent de nouveau à l'hôtel Penthièvre. Ils y rencontrent deux représentants de commerce, l'un "un assez beau mâle de quelque vingt ans, blond, haut en couleur" (2), le genre insouciant qui aime amuser la galerie ; l'autre, plus âgé, qui fut sans doute un boute-en-train dans sa jeunesse mais que les affres du négoce (une année bonne et l'autre non) ont rendu réservé et moins disert que son collègue. Après un énième café, pousse-café et une dernière partie de billard (ou un jeu de société qui lui ressemble), les deux commis voyageurs se proposent de les emmener à Plouharnel. Le soir, les deux amis dorment chez le maire du village après un repas bien arrosé en compagnie des deux représentants qui, l'alcool aidant, se lancent dans des confidences très intimes. L'hôte du lieu vient les rejoindre au dessert pour trinquer. La conversation restera au ras des pâquerettes, Flaubert s'en accommode, "le lendemain était un dimanche", et après tout "il est parfois très doux de causer avec des imbéciles". (2)
Les jours suivants, les deux amis marchent au hasard, d'ouest en est, du sud au nord, par des détours et par des contours, sans boussole, au gré du vent qui les pousse et des gens qui les font monter sur leurs carrioles pour un bout de chemin. Auray, Vannes, Hennebont, Lorient, Ploërmel, Josselin, Quimperlé, Fouesnant, Bénodet, Audierne, Douarnenez, Brest. "Lorient. - Nullité complète ; rues basses et alignées", écrira Maxime Du Camp (2) "Lorsqu'on n'est pas ingénieur, constructeur ou forgeron, Brest ne vous amuse pas considérablement", écrira Flaubert. (2) Heureux touristes que furent Flaubert et Du Camp qui ont vu Brest et Lorient au 19ème siècle. S'ils savaient ! Durant la Seconde guerre mondiale, Brest sera de multiples fois bombardé et environ deux mille immeubles y seront détruits ou endommagés ; idem pour Lorient.
Les deux amis ne passèrent pas par Pont-Aven. En 1847, le village n'avait pas la réputation qu'il acquerra par la suite grâce aux peintres qui l'ont fait connaître dans le monde entier. Il y a une trentaine d'années, tandis que je passais quelques jours entre Vannes et Douarnenez, je visitai le petit village de Pont-Aven et son Musée municipal créé quelques années plus tôt. Je vous livre ci-dessous un large extrait du texte qui figurait sur le prospectus (maintenant on dit un flyer) disponible sur un présentoir à l'entrée du musée :
"Le Musée municipal de Pont-Aven a été créé en 1985 (...) Il comporte une aile contemporaine (...) réservée aux expositions temporaires et une aile ancienne qui abrite une évocation historique de Pont-Aven, à la fin du XIXè siècle ainsi que le fonds permanent. Au 1er étage du Musée, un Centre de Documentation consacré aux peintres de la Bretagne, de 1860 à 1940, est ouvert au public, toute l'année.
(...) Une colonie de peintres se forma, en Bretagne, entre 1886 et 1896, regroupant, autour de Gauguin, plus d'une vingtaine d'artistes de diverses nationalités, désireux d'inventer de nouvelles formes d'expression plastique. (...) L'arrivée de Gauguin, à Pont-Aven, en 1886, cristallisa les énergies et les talents et donna naissance à une avant-garde artistique réunissant Emile Bernard, Paul Sérusier... (...) Ce groupe passa à la postérité, sous le nom d'Ecole de Pont-Aven, expression de solidarité collective venue de l'intérieur du groupe : la peinture y acquit, selon l'expression de Gauguin, "le droit de tout oser" et la Bretagne y trouva ses peintres les plus parfaits."
En 1985, le Musée présenta au public une exposition "Aquarelles, pastels, dessins et objets de l'Ecole de Pont-Aven" ; en 1986, "Cent ans, Gauguin à Pont-Aven" ; en 1989, "Cinq années d'acquisitions au Musée de Pont-Aven" ; en 1990, "Peintres finlandais en Bretagne".
Venu pour la première fois à Pont-Aven en juillet 1886, Paul Gauguin y reviendra en 1888 (été et automne) avant d'aller rejoindre Van Gogh à Arles. Son pastel sur papier, La Bretonne, vue de dos (Collection Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse) montre une femme qui tourne le dos, tête de profil, montrant ainsi au spectateur ses beaux habits et sa coiffe, vêtements bretons souvent décrits par Flaubert sur lesquels nous reviendront dans un prochain chapitre.
* Librairie Charavay, fondée en 1830.
(1) Journal, André Gide (Editions Gallimard, 1951)
(2) Voyage en Bretagne Par les champs et par les grèves par Gustave Flaubert (Editions Complexe, 1989)